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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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mûre étendait du linge.
    Tang, en proie à une irrépressible nostalgie, lui demanda si elle le reconnaissait :
    —  Bien sûr, prince Tang, que je vous reconnais   ! Vous n’avez pas changé   !
    —  Toi non plus.
    —  Vous êtes trop gentil, prince Tang   !
    —  Dis-moi un peu, ô Calebasse Lisse, Sérénité Accomplie est-il là   ?
    L’amah lui adressa un sourire édenté et sans plus attendre tourna la tête vers une véranda qui semblait tenir par miracle tellement ses piliers étaient vermoulus. Tang y aperçut son cousin, assis dans un fauteuil d’osier. Il paraissait dormir. S’en étant approché doucement, le noble Han lui effleura l’épaule.
    —  Tang   ! Quelle surprise   ! Quelle joie de te voir ici depuis tout ce temps   ! Mais dis-moi un peu, en quel honneur es-tu venu ici   ? s’écria Sérénité Accomplie qui avait ouvert les yeux instantanément
    —  Je viens te demander de l’aide…
    —  Quel genre d’aide un prince de la famille Tang viendrait-il quérir auprès d’un petit cousin issu d’une famille sans le sou et déchue   ? rétorqua son hôte sans plaisanter avant de faire passer Tang au salon.
    Il est des signes infimes qui ne trompent pas : ce sont des riens, mais de ces riens qui sont tout.
    Ainsi, les pâles traces de peinture, comme lavée par les ans, qui recouvraient les murs effrités de la pièce, mais aussi les coussins en lambeaux de ce qui avait été, jadis, un élégant canapé en bois de rose dont les pieds avaient été méchamment rafistolés et sur lequel Sérénité Accomplie le fit asseoir en disaient long sur la décrépitude de son niveau de vie. L’atmosphère de la pièce où il aimait prendre le thé était à l’avenant : empreinte d’une splendeur passée dont il ne restait plus que des traces infimes. La poussière et le manque d’entretien avaient fait pâlir les dorures de ses armoires et de ses tables massives fabriquées pour des lieux bien plus vastes. Quant aux tapis de haute laine trouée par les mites qui en recouvraient le sol, ils étaient effilochés comme de vieux chiffons.
    —  Dans peu de temps, je serai traqué par la police secrète impériale… si ce n’est déjà le cas   !
    —  Tu veux rire ou quoi   ?
    —  J’ai fui Pékin avec cette jeune femme… souffla-t-il en désignant Jasmin Éthéré restée dans la cour où elle avait entrepris d’aider la vieille amah à étendre son linge.
    —  Je te comprends… Elle est d’une beauté stupéfiante. Tu en as de la chance. Je suis sûr qu’elle te fera de beaux enfants   ! Dire que je n’ai toujours pas réussi à trouver l’âme sœur. Mais où est donc le mal   ?
    —  Je crains de ne pas avoir été clair, mon bien cher cousin… Je suis un fugitif. S’ils me prennent, j’y laisserai ma tête   !
    —  Tu as volé cette fille à quelqu’un d’important   ? D’ordinaire, une femme ne donne pas lieu à de tels tracas, ce n’est pas comme si elle appartenait au Gynécée Impérial   !
    —  Précisément… lâcha Tang après s’être raclé la gorge et avant d’expliquer par le menu à son cousin les raisons de sa présence à Canton.
    —  Je comprends mieux ta situation… Mais au fait, comment comptes-tu retrouver l’enfant si tu ne peux pas faire appel à la police   ? s’enquit ce dernier après l’avoir écouté sans broncher.
    —  On verra bien   ! J’irai à sa recherche… Je me suis fixé pour but de sauver La Pierre de Lune. Je dois réparer mes bévues. Un innocent est déjà mort en la personne de ce pauvre calligraphe auquel cet enfant avait été confié. Si tu savais ce que je regrette d’avoir fait allégeance au pouvoir mandchou… J’aurais dû suivre l’exemple de tes aïeux, Sérénité Accomplie. Au fait, j’ai hâte de saluer tes parents, comment vont-ils   ?
    Un voile de tristesse se répandit sur le visage de son cousin.
    —  Ils sont partis il y a deux ans vers les îles Immortelles à quelques semaines d’intervalle. Ils étaient si unis qu’ils ne pouvaient se passer l’un de l’autre. Maman s’est évaporée la première et papa n’a pas tardé à suivre…
    —  Je suis triste pour toi… Tu as donc repris le commerce d’antiquités de ton père   ? fit Tang, sincèrement attristé par la nouvelle.
    —  Je m’y essaie, mais pas avec autant de succès que lui… Grâce à ses relations et à son entregent, papa avait amassé un stock considérable de meubles, de

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