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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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chambre à l’autre bout du couloir mais vos cris y étaient perceptibles. Cet homme vous a pris pour l’un des garçons que le Colibri est capable d’offrir à ses clients invertis… lui avait expliqué Leduc en détachant les liens qui l’empêchaient de bouger.
    —  Quel méchant endroit   !
    —  Mon pauvre ami, si j’avais su qu’Assun allait débarquer au Colibri ce soir, assurément je vous aurais emmené ailleurs   ! A Alexandrie, on a l’embarras du choix   !
    —  Qui est donc cet Assun   ? s’était écrié Antoine avec un air de dégoût.
    —  L’un des innombrables neveux de Méhemet Ali, le vice-roi d’Égypte. Un jeune homme très riche, forcément, et qui n’aime pas attendre   ! Quand il vient ici, il exige toujours que princesse Sonia l’accueille dans son lit… Il est aussi gros qu’elle.
    —  Ici, gros et riche, j’ai remarqué que ça allait ensemble   !
    Antoine avait retrouvé un semblant d’humour, ce qui avait rassuré son compère.
    —  À Alexandrie, princesse Sonia est considérée comme la reine des courtisanes mauresques. Sa langue est des plus réputées…
    —  Je veux bien le croire…
    Les trois jours suivants avaient été beaucoup plus calmes et le quatrième, Antoine avait quitté Alexandrie pour rejoindre Le Caire par la route.
    Du Caire, où il n’avait passé que quarante-huit heures, il avait juste eu le temps d’admirer les pyramides car il craignait de rater le départ de son bateau à Suez, qu’on atteignait en trois jours, à dos de chameau ou de mule, par la piste caravanière.
    C’était en effet du port de Suez, où le canal n’avait pas encore été creusé, qu’on embarquait sur ces fameux bateaux surnommés par les Anglais « malles des Indes   » car l’essentiel de leurs passagers était constitué de soldats britanniques de l’armée des Indes souvent accompagnés par leur épouses. Ces navires descendaient la mer Rouge jusqu’à Aden au Yémen puis gagnaient Bombay, où les militaires et leurs femmes débarquaient. De là, les navires allaient vers Goa, la colonie portugaise de la côte occidentale de l’Inde, et les plus téméraires voguaient vers Colombo, le plus grand port de Ceylan, d’où repartaient les navires - carrément inconscients   ! - dont la destination finale était Hongkong et la Chine, qu’ils atteignaient par le détroit de Malacca, après avoir traversé le golfe du Bengale réputé pour ses terribles tempêtes et ses tsunamis meurtriers.
    C’était le cas du Panther , sur lequel Antoine Vuibert avait navigué, un vieux et courageux rafiot qui reliait deux fois par an Suez à Hongkong et que son équipage avait malicieusement rebaptisé « Vieille Malle Rapiécée   ».
    Le capitaine, un solide gaillard de nationalité portugaise du nom de Soares et qui baragouinait une bonne dizaine de langues, en était à son quinzième voyage. Il était à l’image de son bateau : expérimenté et inusable, malgré un aspect calamiteux. Il faut dire que ce navigateur avait été à bonne école. Cela faisait près de trois siècles que ses compatriotes s’employaient à faire mentir l’adage selon lequel un petit pays ne saurait accomplir de grandes choses, en taillant à grands coups d’étrave les routes maritimes entre des comptoirs qu’ils avaient dispersés, comme par un malin plaisir, sur toute la surface du globe, pour finir, un beau jour de 1571, à Nagasaki où les marins portugais avaient fiché une immense croix dans le sol du Japon.
    Entre Goa et l’empire du Soleil Levant avait ainsi été tracée une route qui était devenue l’équivalent maritime de la route de la Soie, et avait d’ailleurs fini par la supplanter…
    Par cette voie maritime passaient, d’est en ouest, le thé, la soie et les porcelaines exportés par la Chine, et, dans l’autre sens, l’opium…
    Soares était donc un marin expérimenté et même un véritable dompteur habitué à traiter avec ces fauves que sont les vents et les tempêtes maritimes. Les comportements parfois inattendus et les pièges de la mer Rouge, de l’océan Indien et de la mer de Chine n’avaient plus aucun secret pour lui. Il connaissait mieux que personne le long itinéraire qui permettait aux hommes et aux marchandises de passer sans trop d’encombre de l’Occident à l’Asie, si bien que, malgré sa vétusté, sa « Vieille Malle Rapiécée   » tenait vaillamment bon pendant les coups de mer et les tempêtes que les bateaux

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