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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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gestionnaire prudent, autant M. Matheson était, du moins dans sa jeunesse, un aventurier amateur de risque… L’eau et le feu, en quelque sorte… La réussite tient toujours du mélange entre les contraires… gloussa Niggles.
    —  Je comprends…
    —  Et ce n’est pas tout   ! Lorsque ces messieurs commencèrent à vendre de l’opium à Canton, toutes les marchandises importées devaient obligatoirement passer par l’intermédiaire de onze « cohong AW   » dûment patentés par l’administration impériale chinoise. Ces puissants et richissimes marchands disposaient d’un monopole commercial absolu…
    —  Je vois. Ils étaient en quelque sorte des intermédiaires obligés avec les « barbares étrangers   »…
    Le vibrionnant Anglais, tout à son désir de séduire son bel interlocuteur, avait décidé d’en faire des tonnes.
    —  Avant de pouvoir décharger leurs caisses d’opium, MM. Jardine et Matheson acceptèrent de rester plusieurs mois parqués comme des chiens dans l’îlot de Lingding, une minuscule réserve située à environ 80 km au nord de Canton. À quelques encablures de l’enclave de Lingding, James Matheson avait constaté avec surprise que son bateau, à peine l’ancre jetée, était cerné par une nuée de « crabes rapides   ». Ce sont des petits bateaux à fond plat et à rames dotés d’une vingtaine de rameurs, ce qui les rend très véloces. Heureusement pour Jardine, le capitaine du plus imposant des « crabes rapides   » baragouinait l’anglais et le portugais… ce qui facilita la négociation. C’est ainsi qu’en moins de deux heures il lui vendit sa cargaison d’opium pour un excellent prix.
    —  Incroyable   ! s’exclama Antoine, sincèrement admiratif.
    —  Sans compter que Lingding était une vraie prison où étaient cantonnés les marchands étrangers. Même leurs femmes y étaient interdites de séjour… Pour assouvir leurs besoins, comment dire, « intimes   », les marchands étrangers avaient recours à des prostituées locales payées à prix d’or. Inutile de préciser que cet argent allait directement dans la poche des « cohong   »…
    —  Aujourd’hui, ces marchands étrangers vont et viennent comme ils veulent   !
    —  Cette liberté, cher monsieur, fut chère à acquérir et ne nous tomba pas toute cuite dans la bouche…
    —  Vous semblez dire que le combat fut rude…
    —  MM. Jardine et Matheson mouillèrent la chemise   ! Ils furent les premiers à considérer que la finance était aussi importante que le commerce.
    —  Je veux bien le croire.
    —  Si nos intermédiaires chinois souhaitent utiliser leurs liquidités à l’étranger, nous acceptons de les leur échanger contre des traites payables à Londres ou à Calcutta. Cela évite à l’argent de voyager par bateau.
    —  Astucieux, en effet…
    —  Vous n’imaginez pas les économies que nous leur permettons de faire   ! Sans compter les risques que la piraterie japonaise fait encourir aux navires qui transportent des espèces… Chacun y trouve son compte. Le mot d’ordre chez Jardine & Matheson, c’est « gagnant-gagnant   »   ! s’exclama l’Anglais.
    Il se prenait tellement au jeu qu’il avait omis de préciser que sa compagnie prélevait au passage de très juteuses commissions auprès des compradores , mais il était prêt à tout, y compris à l’épate la plus éhontée, pour séduire ce beau Français   ! Il était d’ailleurs persuadé d’être arrivé à ses fins lorsque celui-ci, conquis par le tableau idyllique que son interlocuteur venait de brosser des activités de sa firme, finit par lui demander :
    —  Quelle est la date de votre prochain voyage à Canton, monsieur Niggles   ?
    —  J’ai prévu d’y aller le mois prochain. Si vous saviez ce que je suis heureux que vous participiez à ce voyage   ! s’écria l’Anglais, qui faisait comme si le Français avait déjà accepté sa proposition.
    C’est alors que Freitas remit son grain de sel, histoire de verrouiller ce début d’accord entre les deux hommes.
    — - Désolé, mais je ne pourrai pas être des vôtres   ! Croyez bien que je le regrette, car je ne doute pas que vous y trouverez de très bonnes occasions, mais j’ai tant à faire ici… soupira le jésuite qui avait l’air sincèrement déçu.
    —  Vous y connaissez-vous un peu en matière d’antiquités chinoises, mon cher Vuibert   ? demanda Niggles, sans prêter plus

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