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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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par miracle son corps se retrouva sur le palier.
    —  Comment fais-tu pour forcer ton dos à ce point   ? lâcha, médusé, le prisonnier en constatant la prouesse de Jasmin Ethéré.
    —  Question de pratique   ! lâcha-t-elle en se dépliant, ce qui lui fit retrouver ses formes originelles.
    Elle n’avait plus qu’à se ruer vers la fente et à s’emparer du passe salvateur, ce qui ne prit que quelques secondes.
    —  Le Dieu de la Chance est avec nous   ! s’écria, béat d’admiration et fou de joie, Mesure de l’Incomparable, à l’instant précis où, en un tournemain, Jasmin Éthéré ouvrait la porte de sa cellule.
    —  Maintenant, plus tôt on sera dehors et mieux ce sera   ! lâcha-t-elle, concentrée sur son but.
    —  Allons par là   !
    Le Taiping haletant, tel un fauve prêt à bondir, désignait un couloir situé à l’opposé de celui par lequel la jeune femme était arrivée.
    —  En es-tu sûr   ?
    —  Il doit y avoir au bout une ouverture qui donne sur l’extérieur. Le gardien qui m’apporte de la nourriture arrive toujours par ce côté-là. Alors, j’entends grincer des gonds et je vois apparaître un rai de lumière.
    Il ne croyait pas si bien dire : au bout du couloir, ils tombèrent sur une porte branlante dont les planches étaient si vermoulues qu’ils n’eurent aucun mal à la pousser. Un air chaud et humide imprégné de l’odeur de vase de la Rivière des Perles s’engouffra dans leurs narines. Ils étaient dehors. Sous leurs yeux, le grand fleuve charriait les détritus que les habitants de Canton y déversaient.
    —  Bravo, Mesure de l’Incomparable   ! lança Jasmin Éthéré qui n’en revenait pas, tellement tout était allé si vite.
    —  C’est toi qu’il faut féliciter. Sans ta capacité à tordre ton corps comme un vulgaire morceau de tissu, nous n’en serions pas là   !
    Des jurons fusèrent, accompagnés de claquements secs. Des policiers se disputaient sur le ponton par lequel la jeune femme avait débarqué.
    —  Ils jouent au mah-jong… chuchota son compagnon.
    —  Ne restons pas ici… souffla-t-elle, apeurée.
    —  D’autant que d’autres flics se ramènent… L’herbe qui entre dans la bouche d’une vache n’en a plus pour longtemps {31} … ajouta-t-il en avisant une autre escouade de brassards rouges qui se rapprochait dangereusement de l’issue qu’ils avaient, dans leur hâte, laissée entrebâillée.
    —  Je ne me sens pas une âme d’herbe et n’ai strictement aucune envie d’être avalée par une vache   !
    Le jeune adepte de Hong Xiujuan réprima un sourire. Ce n’était ni le lieu ni le moment de se laisser aller à de l’humour.
    —  Si nous ne voulons pas être pris, le mieux est de nous glisser dans l’eau en faisant le moins de bruit possible et de nous mettre à nager…
    —  Nager   ? Mais je n’ai jamais appris… gémit la jeune femme.
    Mesure de l’Incomparable l’entraîna au bord de l’eau.
    —  Accroche-toi à ce tronc d’arbre et laisse-toi faire. C’est moi qui conduirai les opérations… murmura-t-il en poussant dans la Rivière des Perles un des poteaux échoués sur la berge, à quelques mètres de là.
    En prenant garde de ne pas provoquer la moindre vague ou le plus infime clapotis, Jasmin Éthéré suivit son compagnon à contrecœur dans les eaux tièdes et boueuses. Dès qu’elle y entra, leur odeur nauséabonde la prit à la gorge. Mesure de l’Incomparable fit doucement glisser la poutre vers elle. Elle s’y accrocha tant bien que mal. Puis il plongea sous l’eau et, au bout de quelques instants qui parurent des siècles à la contorsionniste, celle-ci se retrouva en plein milieu du fleuve, cernée par suffisamment de bateaux de pêche pour que Mesure de l’Incomparable puisse remonter soudain à la surface et reprendre sa respiration sans trop se faire remarquer.
    —  Sauvés   ! lâcha-t-elle, soulagée et à bout de souffle, avant de boire la tasse.
    —  N’ouvre jamais la bouche quand tu es dans l’eau   ! hurla le Taiping tout en évitant de justesse, d’un furieux battement de jambes, l’étrave d’une jonque de haute mer qu’ils n’avaient pas vue foncer sur eux à toute vitesse.
    Les grosses vagues formées dans le sillage du navire faillirent les submerger tandis que Jasmin Éthéré, obligée de recracher l’eau qu’elle avait avalée, manquait de lâcher prise. Ses mains engourdies par l’effort avaient du mal à s’accrocher

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