La guerre de l'opium
à faire chez M. Roberts !
Bowles, surpris par la violence de cette jeune fille d’apparence si douce, ne put faire autrement que de battre en retraite.
Revenue dans sa chambre après avoir passé ses nerfs sur le dessinateur de presse, Laura s’y enferma à double tour avant de se jeter sur sa couche et d’enfoncer sa tête dans l’oreiller pour y verser toutes les larmes de son corps. Elle se voyait en prison, enfermée dans les entrailles d’une cave inaccessible, un véritable tombeau où on l’avait enterrée vivante et où La Pierre de Lune ne la retrouverait jamais. C’est alors qu’un rêve incroyable posséda son haïssable cellule, enjambant son corps à moitié endormi, dérobant son visage pâle et exsangue dans une contemplation plus lointaine, enseveli dans la pénombre humide qui figeait comme dans le gel les images de son enfance, le temps encore si proche où elle avait encore son père et sa mère.
Elle leur donnait la main et marchait avec eux le long d’une plage. Joe n’était pas là. La mer était déchaînée et les vagues se fracassaient sur le rivage selon un rythme inéluctable et terrible. Soudain, elle vit une mouette s’envoler, dessiner des arabesques dans le ciel puis se poser sur le sable, à quelques pas. Elle prit son élan pour essayer de l’attraper mais, dès qu’elle s’en approcha, l’oiseau décolla et se reposa un peu plus loin. Et le manège continua avec l’oiseau espiègle pendant un temps, jusqu’à ce qu’elle finisse par se retourner, ce qui lui permit de constater que ses parents n’étaient plus là.
Ils avaient disparu. Le sable n’avait même pas retenu les traces de leurs pas qui avaient été effacées par les vagues.
Alors, elle eut la certitude qu’ils avaient été emportés par la mer.
Quelques instants plus tard, elle sentit qu’on lui prenait la main.
C’était Joe qui venait de dévaler une dune et qui lui souriait, baveux et grognant comme jamais…
Elle frissonna, ouvrit les yeux et s’assit dans le noir.
C’est alors qu’elle prit conscience de l’évidence : entre son frère handicapé et l’enfant qu’elle portait dans ses entrailles, elle avait désormais deux êtres entièrement à sa charge.
Pour en savoir plus
A : Avant d’être transformé en lamaserie en 1744, le Yonghe Gong ou temple des Lamas fut la résidence du futur empereur Yong Zheng, qui régna de 1723 à 1735. C’est aujourd’hui encore l’un des monuments de Pékin les plus visités.
B : Les Trois Grands Empereurs : C’est ainsi que l’on surnomme les trois empereurs mandchous qui se succédèrent aux XVII et XVIIIe siècles, Kangxi (1654-1722), Yongzheng (1677-1736) et Qianlong (1711-1799).
C : Guerre de l’opium : La « deuxième guerre de l’opium » fut officiellement déclenchée par la Russie, l’Angleterre, les États-Unis et la France dont les plénipotentiaires réunis à Shanghai fin mars 1858 sommèrent le régime mandchou d’ouvrir ses ports au commerce européen et d’accorder aux Européens le droit de circuler librement sur tout le territoire chinois.
D : Traité de Tianjin : Les cinquante-six articles humiliants du traité de Tianjin furent signés le 26 juin 1858 par lord Elgin, plénipotentiaire britannique, et le 27 juin 1858 par le baron Gros, plénipotentiaire français.
E : Cousin-Montauban : À la suite de ce fait d’armes au pont de Bali Qiao, et par décret de l’empereur Napoléon III en date du 16 mars 1863, le général Cousin-Montauban, commandant en chef des troupes françaises en Chine, fut nommé « comte de Palikao ».
F : Chien pékinois : En 1864, l’un des capitaines du général Grant offrira à la reine Victoria le premier pékinois arrivé en Grande-Bretagne.
G : Thomas Wade fut l’auteur d’une méthode de transcription alphabétique des caractères chinois qui porte son nom.
H : Avec les pierres de ces colliers, Cousin-Montauban fera fabriquer un rosaire qu’il offrira à l’impératrice Eugénie.
I : Ce supplice fut inventé par les Mongols sous la dynastie des Yuan (XIII-XIVe siècles). Il consistait à découper lentement le corps du condamné en morceaux, ce qui pouvait durer des heures, et était communément pratiqué en Chine à l’époque de la guerre de l’opium.
J : L’homme de bien : Expression confucéenne désignant l’objectif moral que doit atteindre chaque individu.
K : Le style de « chancellerie
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