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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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Clearstone. Enchantée, monsieur Bowles. Maman   !… c’est pour toi   ! s’écria la jeune fille, qui ne pouvait pas se rendre compte, puisqu’elle le précédait, que le visiteur la dévorait du regard.
    Le rideau de perles multicolores aux couleurs acidulées qui fermait l’ouverture vers la véranda se fendit dans un délicat cliquetis et la silhouette longiligne de Barbara Clearstone ne tarda pas à apparaître, les bras tout ruisselants de l’eau de la vaisselle du dîner.
    —  Mon nom est Bowles. John Bowles. Je suis anglais. Dessinateur de presse. Je travaille pour The Illustrated London News . Vous êtes bien Mme Clearstone, n’est-ce pas   ?
    —  Oui   ! Cela s’entend, que vous êtes anglais… Que puis-je pour vous, monsieur Bowles   ? lui demanda Barbara en s’essuyant les mains à son long tablier de ménage.
    Sans plus attendre, le dessinateur sortit un pli de sa poche et le tendit à l’intéressée d’un geste brusque, comme s’il avait hâte de se débarrasser d’une corvée.
    —  Je dois vous remettre ceci, madame Clearstone. De la part de M. Stocklett. J’arrive de Londres, j’ai débarqué ici il y a trois jours, après une ultime escale à Hongkong ; cela n’a pas été très facile de vous trouver, étant donné que je ne parle pas le chinois.
    Les mains tremblantes de Barbara Clearstone ouvrirent la lettre que Stocklett venait de lui remettre. Sa lecture achevée, elle la relut une seconde fois, comme si elle voulait être sûre de l’avoir bien comprise.
    Puis, sans plus attendre, elle se tourna vers Laura.
    —  Laura, avant notre départ pour Canton, M. Stocklett ne t’avait-il pas confié une enveloppe pour moi   ?
    —  Oui, maman   !
    —  Pourquoi ne l’ai-je jamais reçue   ? lâcha Barbara d’une voix rauque.
    —  Quand je suis revenue à la maison, papa m’a demandé de la lui remettre en me disant qu’il te la donnerait. Ai-je mal fait, maman, de la remettre à papa   ?
    —  Pas du tout, ma chérie   ! Absolument pas   ! murmura l’épouse de Brandon.
    Bien qu’elle fût ulcérée de découvrir que son mari était allé jusqu’à intercepter son courrier, elle s’efforçait de cacher sa colère car, soucieuse des convenances, elle ne voulait pas prendre ce Bowles à témoin.
    A la première occasion, elle comptait bien, d’ailleurs, reprocher vertement son geste à Brandon.
    A maints égards, la lettre de Nash était édifiante. Elle ne faisait aucune allusion au contenu de celle qu’elle n’avait jamais reçue et s’étonnait de ne jamais avoir eu de réponse à ce courrier. Persuadé qu’elle avait lu sa lettre, Nash cherchait en fait à savoir la raison de son silence. Elle se perdait en conjectures. Qu’y avait-il dans la missive interceptée par Brandon   ? Proposait-il d’effacer les dettes du couple   ? Mais, dans cas, pourquoi Brandon n’avait-il pas saisi la balle au bond   ?
    Prise d’un léger vertige, elle vacilla et alla s’asseoir.
    —  M. Stocklett vous a-t-il dit autre chose   ? ajouta-t-elle d’une voix lasse à l’attention du dessinateur de presse.
    —  Vous voulez dire des tas de choses, madame Clearstone… M. Stocklett était mon voisin de palier. Souvent, nous discutions… le soir… autour d’un verre. J’ai cru comprendre qu’il tient bigrement à vous, madame Clearstone.
    —  Je n’ai plus aucune nouvelle de mon mari… souffla-t-elle. M. Stocklett vous en a-t-il donné   ?
    —  Oui   ! Vous n’êtes donc pas au courant, madame Clearstone   ? lança Bowles, extrêmement gêné, qui connaissait d’avance la réponse mais avait trouvé là le moyen de préparer son interlocutrice à la terrible nouvelle qu’il s’apprêtait à lui annoncer.
    —  Au courant de quoi   ? Précisez votre question   ! s’écria-t-elle en venant le rejoindre.
    Bowles l’entraîna à part dans un coin de la pièce avant de lui chuchoter, d’une voix étranglée et en prenant soin que Laura n’entendît rien :
    —  Votre mari s’est suicidé quelques semaines après son retour en Angleterre, madame Clearstone…
    Le cœur alourdi comme d’une nausée, Barbara se mordit profondément la main avant d’exploser :
    —  Vraiment   ? Mais ce n’est pas possible… Comment le savez-vous   ?
    —  C’est M. Stocklett qui m’en a informé et m’a prié de vous en faire part, madame Clearstone   !
    —  Mais je n’ai pas été prévenue… murmura-t-elle, au bord de la syncope.
    — 

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