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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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Madame, vous êtes en Chine… et ce terrible événement est intervenu à Londres… à cinq mois et demi de bateau d’ici   !
    —  M. Stocklett vous a-t-il dit comment il l’avait su   ?
    —  Non, madame Clearstone. Croyez bien qu’il m’en coûte énormément, madame Clearstone, et que je suis sincèrement désolé de devoir vous apprendre une aussi triste nouvelle…
    Laura, pressentant que Bowles venait d’annoncer à sa mère quelque chose de terrible, se rapprocha de celle-ci et lui agrippa les mains.
    —  Qu’y a-t-il, maman   ? Quelque chose de grave est arrivé   ?
    Barbara, sidérée par la douleur, était incapable de lui répondre.
    C’est alors que Laura eut le pressentiment que son père était mort.
    —  Papa   ? hurla-t-elle.
    —  Oui   !
    —  Il est mort   ?
    —  Il est mort   ! répéta sa mère, hébétée et entre deux sanglots.
    Profondément choquée, la jeune fille se précipita dans sa chambre où elle se jeta sur son lit, sous les yeux effarés de Joe qui l’y avait suivie.
    —  Papa est parti   ! bredouilla Laura à l’attention de son frère qui se mit à hurler de peur.
    L’enfant attardé semblait voir compris. Hagard, il alla se recroqueviller contre un mur, tel un petit animal blessé.
    A peine Laura s’était-elle approchée de lui que le visage de John Bowles apparut dans l’encadrement de la porte. Dans la pénombre de la pièce éclairée par une seule bougie, les yeux verts du dessinateur de presse étaient presque phosphorescents. Que venait donc faire dans sa chambre cet homme dont le casque de cheveux blonds, raides comme des baguettes, s’accordait parfaitement à son visage aux traits réguliers   ? Elle se rapprocha de lui, prête à lui signifier qu’il avait un comportement peu correct. Sur sa peau constellée de minuscules taches de rousseur, des gouttes de sueur commençaient à perler et il avait l’air angoissé.
    —  Pouvez-vous venir, s’il vous plaît, mademoiselle   ? Votre maman vient de faire un malaise… lui souffla-t-il, avant qu’elle n’ait eu le temps d’ouvrir la bouche.
    Elle se précipita.
    Barbara Clearstone gisait à même le sol de terre battue de la cuisine. Roberts et Bambridge étaient déjà là. Le pasteur était penché au-dessus du corps de sa mère sans se rendre compte que son assistante n’arrivait pas à cacher la satisfaction que lui inspirait le spectacle de sa rivale allongée par terre.
    —  Ce doit être un simple coup de chaud. Ici, ça arrive souvent. Mme Clearstone a grand tort de ne pas porter de chapeau   ! constata l’Américain en se relevant.
    —  Ne faudrait-il pas appeler un médecin au plus vite   ? suggéra Bowles.
    —  Un médecin, facile à dire   ! Le seul médecin occidental est celui du consulat britannique. Il habite à l’autre bout de la ville et, à l’heure qu’il est, il doit faire sa partie de scrabble avec le consul Elliott… marmonna Roberts en lançant à Mélanie un regard empreint de contrariété.
    Lorsque quelque chose n’allait pas, il appelait toujours Bambridge à la rescousse.
    —  Et si j’allais chercher le médecin qui habite au bout de la rue   ? proposa alors celle-ci à contrecœur.
    Quelques minutes plus tard, elle revint en compagnie d’un homme au visage poupin chaussé de lunettes rondes. Il tenait à la main l’une de ces statuettes en ivoire représentant une femme nue et qui permettaient aux médecins d’établir leur diagnostic sans être obligés de déshabiller les patientes, ainsi qu’un exemplaire - quasiment en miettes tellement il avait été manipulé - du Huangdi Neijing , ou Classique Interne de l’Empereur Jaune , le premier traité de médecine censé avoir été écrit par l’empereur mythique bienfaiteur.
    —  Il suffît de lui montrer sur la figurine l’endroit où vous avez mal, madame Clearstone, expliqua Issachar Roberts à Barbara, qui se demandait pourquoi on lui mettait sous le nez ce drôle d’objet en ivoire.
    Devant son absence de réaction, le pasteur réitéra son commentaire et elle finit par désigner la tête au praticien qui se mit à théoriser avec emphase :
    —  La tête est ronde, à l’image du ciel, par opposition au pied, qui est carré, et à l’image de la terre. Le ciel a quatre saisons, cinq éléments, neuf trouées et trois cent soixante-six jours… Symétriquement, l’homme possède quatre membres, cinq viscères, neuf orifices et trois cent soixante-six

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