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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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ses vêtements.
    —  Tu ne veux plus de moi   ? murmura-t-il, accablé.
    —  Je t’en veux   !
    Elle réussit à se faufiler mais il l’attrapa par le bras et la plaqua contre la tenture.
    —  Mais de quoi donc, Barbara   ? Que t’ai-je donc fait de mal   ?
    —  Tu es culotté de mettre dans la tête de Brandon cette histoire de vente de pianos en Chine… Que cherches-tu, au juste   ? finit-elle par articuler après l’avoir une nouvelle fois fermement repoussé.
    —  Je crois au contraire que c’est une très bonne idée… lui rétorqua-t-il, blessé, anéanti, le dégoût de soi à la bouche.
    Que Barbara prît ainsi la défense de Brandon lui était insupportable.
    —  J’espère que Brandon va très vite ramener mon petit Joe à la maison… lâcha-t-elle, soudain songeuse.
    —  Si Brandon part en Chine, tu resteras ici, à Londres, n’est-ce pas, Barbara   ?
    —  Brandon m’a fait deux enfants, Nash. Ils sont encore très jeunes. L’un deux requiert une attention de tous les instants. Ma vie est avec le père de mes enfants. Je crois avoir été claire avec toi à ce sujet…
    Son visage était si fermé qu’il lui semblait ne plus voir la femme qu’il avait tant aimée.
    —  Mais tu déteste les voyages et le bateau.
    —  Peu importe   !
    —  Tu pourrais rester ici avec moi. Nous élèverions ensemble tes enfants. Après tout, je m’en sens aussi capable que ton Brandon   ! Regarde un peu la façon dont il gère ses affaires   ! soupira-t-il, faisant feu de tout bois.
    —  C’est impossible, Nash   ! s’écria Barbara, hors d’elle.
    —  Tu vois ton petit Joe en Chine   ?
    —  Qu’es-tu en train d’insinuer   ? Joe est un enfant normalement constitué. Même s’il accuse un certain retard qui est d’ailleurs en train de se résorber… Dans quelques années, il aura le même niveau mental que les autres enfants de son âge.
    —  Joe a besoin de médecins, de remèdes… de calme   !
    —  J’ai entendu dire que la médecine chinoise était l’une des plus évoluées du monde   !
    Il n’en revenait pas : elle ne l’avait jamais défié ainsi.
    —  Balivernes   ! hurla-t-il.
    —  Nash   ?
    Oui   ?
    —  Jure-moi que tu ne cherches pas à envoyer Brandon à l’autre bout du monde en espérant que sa petite femme tombera ainsi dans tes bras, parce que, si c’est le cas, tu risques de produire l’inverse de l’effet recherché   !
    Horriblement blessé par cette diatribe qui visait juste, l’intraitable chef comptable de Jardine & Matheson, capable de faire plier ses plus gros clients accusant un retard d’un jour par rapport à leur échéance, baissa piteusement la tête. Tout lui semblait hostile désormais dans cette chambre qui n’était pas celle de ses amours, mais de celles d’un autre avec la femme qu’il continuait à aimer de toutes ses forces : les lourds rideaux bleu marine encadrant la fenêtre entrouverte, qui ondulaient, peu rassurants, comme si un fantôme se fût caché derrière ; le valet muet, témoin des pâles amours du couple légitime qui dormait dans les lieux, au sommet duquel était fichée une casquette de Brandon ; la méchante commode en sapin, aux tiroirs à moitié éventrés et sur laquelle trônait un bouquet de fleurs fanées oubliées là dans leur vase en opaline jaune canari, accablantes, grisâtres et d’une affligeante tristesse, aussi tristes, en fait, que les conditions d’existence de cette malheureuse Barbara… Enfin le lit du couple et sa courtepointe glacée de violet pâle, luisante comme un plan d’eau sous la pleine lune, auxquels la lueur frisante d’une suspension à pétrole donnait une importance qui le gênait…
    Il détourna le regard.
    —  J’ai compris : tu ne m’aimes plus.
    —  C’est toi qui me pousses à bout   !
    —  Dans ce cas, excuse-moi   ! Tu es la femme de ma vie, Barbara… Si tes parents n’avaient pas eu la mauvaise idée de déménager, nous serions mariés depuis vingt ans et je t’aurais fait trois ou quatre enfants   ! Le destin aura été injuste.
    —  Nash… gémit-elle, soudain implorante.
    —  Quoi encore   ?
    —  Je ne t’ai pas tout dit au sujet de Brandon   !
    —  Eh bien, dis-moi tout   !
    —  Lorsque je l’ai épousé, il a prêté de l’argent à mes parents… La ferme familiale allait être saisie… Brandon n’a toujours pas été remboursé par mon père. Il s’est montré généreux. Ce n’est pas un

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