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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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décidé à partir en claquant la porte.
    Des cris dans l’escalier l’empêchèrent de poursuivre. Brandon tenait son fils par l’oreille et lui reprochait son équipée en des termes vifs.
    —  Tu vas lui faire mal, Brandon   ! gémit la mère du garçon.
    —  Ce petit chenapan ne l’emportera pas en paradis   ! S’il continue sur cette voie, il finira à coup sûr comme un vulgaire malfrat des rues   !
    —  Il ne recommencera pas   ! Il est si jeune… Pas vrai, mon chéri, que tu ne recommenceras pas   ?
    Joe, choqué à l’extrême, vagissait et bavait comme un enfant de quatre ans. Alors qu’il était rarissime qu’il proférât le moindre son, des onomatopées incompréhensibles sortaient de sa bouche. Après s’être jeté dans les bras secourables de sa mère, il s’accrocha à son cou, puis, tel un animal fouisseur, enfonça son nez dans sa poitrine avant de s’y pelotonner en prenant son pouce.
    —  Mon gros bébé… Joe est mon gros bébé… murmura-t-elle.
    —  Tu ne vois pas qu’il est en train de te manipuler   ! Joe fera toujours ce qu’il veut de toi   ! J’en ai plus qu’assez   ! hurla Brandon à Barbara, qui défendait son petit comme une lionne.
    Quant à Laura, son regard anxieux allait de l’un à l’autre.
    Ses parents n’en étaient pas à leur première dispute sur la façon dont il fallait traiter cet insurmontable objet de discorde qui minait leur couple et devenait entre eux une muraille de Chine. Brandon, insensible au retard mental de son fils auquel il eût presque reproché d’être débile, était plutôt partisan de la manière forte, tandis que Barbara s’y opposait toujours résolument. Certains soirs, quand il arrivait à la maison éméché après un séjour un peu trop prolongé dans un pub et qu’il voulait donner une correction à Joe parce qu’il s’était souillé, il leur arrivait d’en venir aux mains. Alors, sous le regard éploré de Laura qui observait la scène depuis la porte de sa chambre, les assiettes et les verres de la table de la salle à manger volaient au plafond et s’écrasaient sur les murs. Une fois Brandon couché, sa femme se précipitait sur le balai pour ramasser les débris qui jonchaient le sol et effacer le plus vite possible les traces honteuses de leurs querelles, pendant que Laura consolait son jeune frère en jouant à la poupée avec lui.
    Avec toute l’énergie dont une mère est capable pour protéger son fils, Barbara, d’un coup de jambe, repoussa violemment son époux qui essayait de le lui arracher pour lui administrer la correction promise. Brandon valdingua en hurlant. Sa tête alla cogner contre le chambranle de la porte de leur chambre.
    —  Tu m’as fait mal   !
    —  C’est toi qui ne te contrôles pas   ! Cet enfant n’est pas responsable. Il a toujours eu un peu la tête dans les étoiles…
    Nash se sentait de trop. Accablé par la rupture que lui avait signifiée Barbara, il était plus mal à l’aise et se voyait d’autant moins remettre sur le tapis le problème de retard de loyer et continuer à pousser les feux sur cette histoire de vente de pianos dans l’Empire du Milieu. Quant à Barbara, figée dans son masque de douleur, et contre laquelle son fils était à présent endormi, elle paraissait avoir totalement oublié sa présence.
    La mort dans l’âme, le chef comptable enfila sa redingote.
    —  Bon, je vous laisse… lança-t-il à Clearstone qui se frottait la tête avec un linge humide qu’il était allé chercher à la cuisine.
    —  Votre histoire de vente de pianos en Chine, monsieur Stocklett, elle n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd… Oubliez, je vous prie, ma dernière proposition, qui n’était pas très réaliste.
    —  Une proposition   ? Mais quelle proposition   ?
    —  Vous n’avez donc pas lu ma lettre… celle que je vous ai fait porter par Laura   ?
    —  Mais si, bien sûr… bredouilla Stocklett, gêné, qui s’était arrêté à la lecture des premières lignes.
    —  Tout ce que je souhaite, c’est rembourser mes créanciers, croyez-moi   ! La Chine me paraît en effet être la solution à mes problèmes…
    Brandon, l’air euphorique, souriant aux anges, regardait Nash avec reconnaissance, comme s’il était un messager céleste.
    —  Vous parlez de vos créanciers au pluriel. Si je comprends bien, je ne suis pas le seul…
    —  Je dois également une somme non négligeable à mon fournisseur de

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