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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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méchant homme, tu sais… Et puis, nous…
    —  Où est le problème, Barbara   ? Je n’ai jamais dit que Brandon était un monstre   ! Je me borne à penser qu’il est profondément indigne de toi   ! Je suis ton seul amour   ! hurla-t-il en la poussant à l’intérieur de la chambre.
    Il essaya de la faire asseoir sur le lit mais elle n’était pas décidée à obtempérer. C’est alors qu’il aperçut la grosse Bible, posée sur la table de nuit, du côté où elle dormait. Elle était épaisse et reliée en cuir rouge, prodigieusement présente. Écrasante, même, et pesant de tout son poids sur la conscience de Barbara   ! Face à l’insolente dorure de sa tranche qui semblait lui jeter un défi, le sang de Nash ne fit qu’un tour. Cela crevait les yeux : ce livre était la cause du comportement obtus, irraisonné, et pour tout dire incompréhensible de son amante à son égard… Ces Écritures dites « saintes   », en promettant le feu de la géhenne à ceux qui ne respectaient pas les codes sociaux intangibles de la société victorienne, ces pusillanimes règles de vie où Dieu et le Christ n’étaient évidemment pour rien, servaient de guide à des millions de pauvres gens qu’elles maintenaient dans un statut d’esclaves…
    La Bible est une drogue, comme l’opium… Et peut-être même pire… songea-t-il avec un dépit extrême.
    Barbara, qu’il avait interrompue, continua sur sa lancée :
    —  Mon frère aîné, William Wilson, a repris la ferme de la famille. Si Brandon lui réclamait son dû, il serait obligé de la vendre   ! Ce serait trop horrible. William a huit enfants… Tu te rends compte, Nash, huit enfants   !
    Elle gémissait.
    Nash Stocklett, qui n’avait que faire de ce William et de ses huit enfants, faillit lui proposer d’effacer la dette, laquelle représentait, à tout casser, moins du quart de son bonus, mais il se ravisa.
    L’idée de rendre service à ce bougre de Brandon, qui lui devait déjà de l’argent et lui avait volé la femme de sa vie, lui était insupportable. Il estimait au contraire n’avoir aucun cadeau à lui faire.
    À moins que Barbara n’acceptât, une bonne fois pour toutes, de le quitter.
    —  Si je comprends bien, Barbara, tu es en train de me dire que tu n’es pas libre de tes faits et gestes à cause de cette dette de ton frère… lui lança-t-il en la défiant du regard.
    —  Il y a autre chose, Nash… lâcha-t-elle d’une voix mourante.
    —  Eh bien quoi   ! Parle   !
    —  Le révérend Paxton, auquel je me suis confessée, m’a intimé l’ordre de cesser toute relation avec toi.
    Elle l’avait donc fait   !
    Stocklett avait déjà entendu Barbara citer le nom du père Paxton, le curé de la paroisse anglicane où elle allait à l’office tous les dimanches et qui était visiblement devenu son directeur de conscience. L’idée qu’il suffisait de faire part à un prêtre de ses actes pour se les faire pardonner et être quitte lui parut encore plus absurde qu’à l’ordinaire.
    Il vit dans ses yeux la lueur de l’effroi. Elle paniquait. Paxton l’avait bel et bien envoûtée   !
    —  J’ai une famille, Nash. Je ne suis pas comme toi. Je n’ai pas pu supporter plus longtemps de continuer à vivre dans le péché. Il faut que nous tournions la page. Si tu le souhaites, nous pourrons rester amis. Je t’inviterai aux anniversaires des enfants.
    Quoique prononcée avec résignation et tristesse, la phrase était un terrible coup de poignard.
    —  Ton révérend Paxton, je suis sûr qu’il a autant de maîtresses que de doigts à chaque main   ! Comme chacun sait, les curés sont très sollicités par les femmes, et surtout par les plus croyantes   !
    —  Tu devrais avoir honte de parler en ces termes d’un homme de bien   !
    Incapable de se retenir davantage, pour la première fois, Nash leva la main sur Barbara mais elle réussit à s’esquiver, ce qui lui fit heurter l’unique chaise bancale sur laquelle elle posait ses vêtements lorsqu’elle se couchait.
    —  Nash   ! Entre nous, tout est fini   ! D’ailleurs, Brandon et les enfants vont rentrer d’une minute à l’autre. Le commissariat est à deux pas.
    Devant les rideaux qui semblaient onduler de plus belle, elle serrait les poings, furieuse, vieillie de dix ans par la colère qui, en figeant son visage, y avait brusquement fait surgir des rides jusque-là invisibles.
    —  Dans ce cas, je m’en vais… hurla-t-il, bien

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