La guerre de l'opium
l’œil par d’innombrables conquêtes, trop heureuses de s’être fait remarquer par un personnage aussi important, Tang marqua un instant le coup. Jasmin Éthéré, décidément n’était pas faite du même bois que les autres. Mais loin de le rendre furieux, cette caractéristique la rendait encore plus désirable…
Face à une femme si belle et en même temps si rebelle, il conclut qu’il valait mieux abandonner la contrainte et opter pour la séduction.
— C’était au milieu des autres… La situation était si troublante que je n’ai même pas pu t’admirer avec la concentration nécessaire. Et puis, à vrai dire, je ne me suis pas rassasié… On ne se lasse pas d’admirer les beaux oiseaux ou les belles plantes !
Jasmin Éthéré se taisait. Tel un jeune animal sauvage et inquiet décidé à défendre chèrement sa peau face à son prédateur, elle surveillait ses moindres gestes, prête au besoin à lui sauter à la gorge si d’aventure il eût essayé de la forcer.
Elle ne céderait pas à l’homme qui lui faisait face, même si son charme indéniable, sa prestance avantageuse et ses belles manières n’avaient rien à voir avec la grossièreté des individus qui lui avaient jusque-là fait la cour.
Sous ses dehors exhibitionnistes, Jasmin cachait une immense pruderie.
Les esprits purs et innocents ne voient pas le mal et toute perversité leur est étrangère. Ce que les hommes prenaient pour une impudeur extrême était en réalité l’unique fruit de l’innocence. Lorsque leurs yeux s’accrochaient à ses seins fermes et pointus, puis descendaient vers son ventre plat et ses cuisses fuselées de gymnaste au point de ne pouvoir se détacher du point d’orgue où elles se rencontraient, lorsque leur langue passait et repassait sur leurs lèvres devant ce dos capable de se plier en deux, ils étaient loin de se douter que derrière ce corps si souple, il y avait en réalité une âme toute simple : celle d’une jeune femme d’à peine dix-neuf ans qui ne s’était encore jamais donnée à aucun homme, parce qu’elle réservait ce moment pour le grand amour.
Miraculeusement et malgré la vie qu’elle avait été obligée de mener jusque-là, Jasmin Éthéré n’avait jamais consenti à faire entrer dans sa Chambre d’Or une quelconque Hampe de Jade. De même, aucune Purissime Essence n’avait jamais inondé sa Chair de Neige ! La belle contorsionniste avait réussi à tenir en échec les innombrables assauts dont elle avait été l’objet.
Elle était encore vierge, une prouesse qui n’était pas mince, de la part d’une jeune et belle artiste de cirque dont le métier consistait à offrir son corps à la vue des hommes.
Mais regarder n’est pas toucher et Jasmin Éthéré, qui avait érigé cette maxime en dogme, mettait un point d’honneur à ne jamais y déroger. Elle avait éveillé la concupiscence de centaines de mâles. Si elle l’avait voulu, il lui eût été facile de mettre à ses pieds et de faire tourner en bourrique n’importe lequel des barbons aux poches cousues d’or qui demandaient à la voir à l’issue de ses prestations. Elle n’avait jamais laissé approcher d’elle les directeurs de cirque, menaçant d’arrêter son numéro s’ils ne la laissaient pas tranquille. Elle avait même griffé l’un d’eux jusqu’au sang un soir où il avait essayé de s’introduire dans son lit. Elle n’avait pas hésité à lui hurler qu’au premier pas de plus, elle n’hésiterait pas à le mordre comme un chien et le violeur en puissance avait obtempéré : s’il avait massacré l’insolente qui osait ainsi lui tenir tête, il aurait pu dire adieu à son spectacle.
C’est ainsi qu’en se défendant bec et ongles, elle avait réussi à tenir à l’écart tous ceux qui souhaitaient explorer ses charmes de plus près.
Avec le patron du Toi et Moi, elle n’avait même pas eu à se battre : cet homme n’était pas attiré par les femmes. C’était un « demi-lune et demi-soleil », un être à moitié Yin et à moitié Yang : seuls les garçons l’intéressaient
Il faut savoir se garder pour la bonne bouche.
Considérant que sa virginité était son unique bien, Jasmin Éthéré n’était pas prête à l’offrir au premier venu.
Toujours confronté au mutisme de la jeune femme et soucieux d’éviter de brusquer les choses, le prince appela un serviteur auquel il demanda de lui apporter de quoi préparer du thé
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