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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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d’Isabella.
    — Madame, mon ami vient de me raconter ce
que vous lui avez dit. Veuillez m’en refaire un récit très précis… Pouvez-vous
nous laisser seuls un moment ? demanda-t-il aussi aux autres comédiens.
    Francesco Andreini voulut protester mais
Flavio le prit par le bras en lui murmurant quelques mots à l’oreille.
    Seul avec Olivier et le prévôt, Isabella
recommença son récit, mais cette fois d’un ton très froid. Poulain l’interrompit
plusieurs fois pour lui demander des précisions, et elle répondit évasivement
car, assura-t-elle, Gabriella ne lui avait pas donné de détails. Elle se
souvenait pourtant que son amie lui avait dit que la duchesse rejoindrait d’abord
son frère pour avoir des soldats.
    — Tu entends, Olivier ? Cela signifie
qu’ils n’ont pas beaucoup d’avance !
    Il se tourna vers Isabella pour lui reprocher
sévèrement :
    — Vous auriez dû me parler de tout ça
plus tôt, madame.
    — Je n’avais aucune preuve, monsieur le
Prévôt, et je ne suis qu’une comédienne, répliqua-t-elle avec froideur… Qui est
cette Cassandre ? reprit-elle d’un ton sec.
    — Je vous l’ai dit, madame, répondit
Olivier, celle que j’aime et que je souhaite ardemment épouser.
    — Si vous l’aimiez, vous seriez près d’elle !
lâcha-t-elle avec méchanceté.
    — Je pars la rejoindre, madame. C’était
pour me rapprocher d’elle que j’étais venu ici, se justifia-t-il, surpris.
    Elle digéra la réponse, s’efforçant de cacher
sa jalousie sous un masque inexpressif. Depuis la fin de son évanouissement, elle
était dominée par une passion des plus violentes. Bien qu’elle mesurât l’égarement
de son esprit, elle se jura d’empêcher Olivier de rejoindre cette femme. Pour
cela, il fallait qu’elle en sache davantage…
    — Pourquoi veut-on l’enlever ? s’enquit-elle.
    — C’est la fille du surintendant du roi
de Navarre, madame. M. de Mornay est le premier de ses ministres, répondit
Nicolas.
    À cet instant, on frappa et Flavio entra dans
la chambre, les yeux fulminant de colère.
    — Ludovic a fui ! aboya-t-il.
    — Qui est Ludovic ? demanda Poulain.
    — Ludovic Armani, un comédien de la
troupe, lui répondit Olivier, il était avec nous tout à l’heure.
    — Ludovic est un félon ! gronda
Flavio. Je pars avec Francesco pour le rattraper.
    — Attendez ! dit Poulain. Je ne sais
pas ce que vous avez en tête, mais vous allez d’abord m’expliquer ce que vous
voulez à ce Ludovic.
    Francesco, qui venait d’entrer à son tour, résuma
ce qui s’était passé à Mantoue, puis Isabella expliqua les raisons de la visite
de Gabriella à Chenonceaux.
    — Mais pourquoi ce Ludovic aurait-il monté
une entreprise si tortueuse ? demanda Poulain, passablement incrédule
après avoir écouté l’invraisemblable récit.
    Olivier restait absent de la discussion, brûlant
de vider les lieux.
    — Je crois que Ludovic voulait nous
contraindre à nous rendre à Paris, expliqua lentement Isabella. Je n’en ai pas
la preuve, mais je pense qu’il était aux ordres de la reine.
    — Mais dans quel dessein ?
    — Que les Gelosi suivent la Cour, et que
nous fassions une exceptionnelle représentation pour le roi de Navarre.
    À ces derniers mots, Olivier devint attentif.
    — La reine souhaitait que le roi de
Navarre s’entretienne avec moi après cette représentation, que j’obtienne sa
confiance, ajouta Isabella, d’un ton neutre.
    — Tu ne m’en as jamais rien dit ! lui
reprocha Francesco, en levant les sourcils.
    — C’était inutile. Je n’aurais jamais
rien fait que tu puisses me reprocher, mon ami, affirma-t-elle, avec un sourire
sans joie. Je ne sais rien d’autre, mais je devine qu’il y a là derrière
quelque obscure entreprise qui nous dépasse.
    — J’en suis certain, madame, lui répondit
Poulain, après un instant de réflexion. Je crains que beaucoup de gens ici en
veuillent à monseigneur de Navarre.
    Il se tourna vers Flavio.
    — Il serait sage que vous quittiez la
cour, au lieu de poursuivre ce Ludovic qui se fera prendre ailleurs un jour ou
l’autre. Suivez mon conseil, rentrez à Paris.
    — Je ferai ce que j’ai à faire, monsieur
le Prévôt, répliqua sèchement Flavio.
    Nicolas se rembrunit, puis haussa les épaules.
Il ne se considérait déjà plus comme le prévôt de l’hôtel. Si les Gelosi s’entretuaient,
cela ne le regardait plus. Désormais, seul comptait le roi de

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