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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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avec un long regard d’adoration
qui surprit ses amies. Mais auparavant, laissez-moi vous répéter des paroles
que Gabriella a surprises. Elle est restée quelques jours à Chenonceaux, ne
sortant pas pour ne pas être reconnue, je vous dirai tout à l’heure pourquoi. Elle
logeait dans une ferme éloignée où vivaient aussi quatre spadassins, reclus
autant qu’elle.
    Se souvenant de ce que Nicolas lui avait
rapporté, Olivier devint brusquement très attentif.
    — Quelle était cette ferme ?
    — La Baiserie.
    Un frisson glacial le parcourut.
    — Continuez, madame, fit-il en maîtrisant
le ton de sa voix.
    — Un soir, une duchesse est venue en
coche rencontrer les spadassins. Elle leur a annoncé qu’ils partaient pour
Montauban enlever une femme.
    — Quoi ! Quelle femme ? Son nom !
s’écria Olivier dans un râle, certain que ces hommes étaient ceux dont son ami
lui avait parlé quelques jours plus tôt.
    Il n’avait aucun doute : le manchot était
Le Vert avec qui Cassandre s’était battue quand on avait attaqué sa maison, et
il était allé à Montauban pour se venger !
    — La duchesse a parlé de son frère, le
duc de Mayenne, dit Isabella, décontenancée par l’attitude d’Olivier. Il s’agissait
sans doute de Mme de Montpensier. Celle qu’elle voulait enlever s’appelait
Cassandre de Mornay.
    — Sang du Christ !
    Il se leva brusquement, pâle comme un mort.
    — Vous connaissez cette Cassandre ? s’inquiéta
la comédienne.
    — C’est la femme que j’aime, madame !
    Sans attendre davantage, il saisit son manteau
et partit comme un fou, sans s’expliquer ni saluer.
    Il courut ainsi jusqu’au château, le cœur
battant et l’esprit en désordre.
    La sœur de Guise allait enlever Cassandre !
Celle qu’il aimait allait tomber entre les mains de Le Vert… Et tout ça s’était
passé il y a douze jours ! C’était déjà trop tard !
    Toujours courant, il ne put se retenir de
sangloter.
    C’est le visage plein de larmes qu’il arriva
au donjon. Les gardes sur la barbacane, surpris de le voir en cet état, le
laissèrent pourtant passer, puisqu’ils le connaissaient et qu’ils savaient qu’il
travaillait pour le prévôt. Il courut au logis du gouverneur où on lui indiqua
où était Nicolas. Celui-ci, dans une salle du premier étage, réglait les
derniers problèmes de logement avec deux maréchaux des logis.
    — Olivier ? Qu’as-tu ? s’inquiéta-t-il
en voyant son ami dans cet état.
    — Cassandre ! On va l’enlever !
C’est peut-être déjà fait !
    Nicolas fit signe aux maréchaux de s’éloigner
et prit son ami par le bras.
    — Calme-toi : Que se passe-t-il ?
    En mélangeant tout, dans un récit haché, Olivier
raconta à peu près ce qu’Isabella avait dit. Malgré la confusion de l’histoire,
Poulain comprit tout. Il avait désormais une explication à la présence de Le
Vert et à la visite que lui avait faite la duchesse de Montpensier. Il devinait
à quel point Cassandre pouvait être un otage puissant quand Navarre viendrait à
la Cour.
    — Je pars, Nicolas, je suis venu te le
dire. Je vais à Montauban…
    — Tu es fou ! Traverser la France en
cette saison, en pleine guerre, tu n’as aucune chance !
    — J’y vais, Nicolas ! Tu ne me feras
pas changer d’avis. Elle a besoin de moi ! cria Olivier.
    Nicolas resta un instant désemparé. Il
devinait que son ami n’en démordrait pas. Pourtant, il ne pouvait le laisser
partir ainsi… et s’il l’accompagnait ? Après tout, si Mme de Montpensier
voulait nuire à Navarre, il lui serait plus facile d’agir en se lançant à sa
poursuite.
    Richelieu ne lui avait-il pas dit de faire au
mieux pour le roi ?
    — Je vais avec toi, Olivier, décida-t-il.
    — Toi ? Mais tu ne peux pas !
    — Je t’expliquerai plus tard. Moi aussi
je dois empêcher Mme de Montpensier d’agir, laisse-moi seulement un
couple d’heures. Je veux questionner Isabella, et ensuite j’aurai d’autres
personnes à voir.
    — Nous partirons aujourd’hui ?
    — Oui, dans l’après-midi. Tu as raison, il
n’y a pas une minute à perdre.
    Au Cheval noir ils trouvèrent Isabella
dans sa chambre avec Flavio, son mari et quelques autres Gelosi ; ceux qui
avaient fui Mantoue. Isabella venait de leur révéler que Gabriella était
vivante et de leur raconter sa visite.
    À peine entré, et ignorant le regard surpris
de Flavio, Nicolas se dirigea vers le lit

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