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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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de
châtaignes, mais n’osant aller dans le bois pour en chercher. Finalement, elle
s’enroula dans sa couverture et s’endormit en sanglotant, songeant à Rouffignac,
à son père et à Olivier.

17.
    Changeant de monture à tour de rôle quand l’une
fatiguait, Olivier Hauteville, Nicolas Poulain et Lorenzino Venetianelli
arrivèrent à la nuit tombante à Esves, à quatre lieues de Loches, où Nicolas
savait que le prieuré du bourg fortifié accueillait les voyageurs de passage. Ils
n’avaient pas pris le chemin du Grand-Pressigny, trop fréquenté.
    Après leur départ, Flavio, Francesco Andreini,
et deux autres Gelosi armés de dagues et d’épées avaient emprunté des chevaux à
une écurie pour s’élancer sur les traces de Ludovic. Isabella était restée
seule, rongée de jalousie et de haine. Son désir était si violent, et si incompréhensible,
qu’il submergeait entièrement son esprit. Elle aimait Olivier comme elle n’avait
jamais aimé, et en même temps elle le maudissait depuis qu’il lui avait annoncé
qu’il partait pour une autre.
    Elle refusa de dîner et resta longtemps
prostrée avant de se décider à monter au château. Le temps fraîchissait et il y
avait peu de monde dans les rues. Quelques Gelosi erraient dans les jardins, inquiets
et ne sachant que faire puisque Flavio n’était pas là. De surcroît, Ludovic
avait disparu et personne ne savait où se trouvait Il Magnifichino . Isabella
entra dans la grande salle du vieux logis, emplie de courtisans. Un feu
crépitait dans la cheminée. Ignorant les nombreux hommages qu’elle entendait, elle
traversa la pièce et passa dans l’antichambre. Là, elle aperçut enfin une dame
d’honneur qu’elle aborda, lui demandant de dire à la reine qu’elle souhaitait
lui parler. La jeune femme la considéra dans un mélange de dédain et de
curiosité avant de lui assurer qu’elle le ferait dès son retour dans la chambre
royale.
    Isabella revint auprès du feu, éprouvant
envers elle un insupportable sentiment de mépris. Elle resta là près d’une
heure, harcelée par des désirs contradictoires, tentée de s’enfuir mais
incapable de maîtriser sa violente passion. Elle était pourtant sur le point de
se dominer et de retourner à l’hostellerie quand un gentilhomme vint la
chercher. Comme si une autre commandait à son corps, elle le suivit. Ils
entrèrent dans la chambre d’apparat. Il y avait foule autour de Catherine de
Médicis. Isabella reconnut Mme de Sauves entourée de gentilshommes et
Christine de Lorraine en compagnie du duc de Nevers et de Mme de Retz.
La reine la vit et lui fit signe d’approcher.
    — Que voulez-vous, Isabella ? demanda
Catherine de Médicis tandis que la comédienne tombait à genoux devant elle, pétrifiée
de honte.
    Elle resta ainsi, ne parvenant pas à prononcer
un mot. La reine l’observa avec insistance avant de dire à une de ses suivantes :
    — Hélène, conduisez Mme Andreini
dans mon cabinet et restez avec elle.
    Dominant les larmes qui montaient, Isabella se
releva et obéit.
    Le temps s’écoula. Plus il passait, plus elle
prenait conscience de l’égarement de son esprit. Elle souhaitait s’en aller
mais la dame d’honneur la surveillait. D’ailleurs, pour sortir, elle aurait dû
passer dans la chambre d’apparat. Finalement, la porte s’ouvrit et Catherine de
Médicis entra en boitillant, appuyée sur une canne. M. de Bezon trottinait
sur ses talons.
    — Je vais recevoir M. de Montaigne,
lui dit-elle. Vous me faites perdre mon temps, madame Andreini… et vous perdez
le vôtre… Vous devriez répéter votre spectacle au lieu de venir ici ! Que
voulez-vous ?
    Isabella déglutit. Elle était prise au piège.
    — M. Hauteville et le prévôt ont
quitté la cour, Majesté, balbutia-t-elle.
    La reine resta interdite, ne comprenant pas.
    —  Che ?
    Isabella resta muette. Ce supplice était pire
que celui qu’elle avait subi à Mantoue.
    —  Perche ? Expliquez-vous, ma
fille, ou je vous fais donner les étrivières ! gronda la reine.
    — Ils sont partis pour Montauban, Majesté.
M. Poulain accompagne M. Hauteville qui rejoint la fille de M. de Mornay.
    —  Tradimento  ! Racontez-moi
tout !
    Isabella bredouilla quelques mots
incompréhensibles qui lui permirent de retrouver un peu de son sang-froid. Prenant
enfin pleinement conscience de la folie qui l’avait guidée, elle essaya de
rattraper sa forfaiture. Elle inventa, dit avoir

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