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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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ils nous prendront, et nous deviendrons aussi loups-garous.
    — C’est une légende ! fit Cassandre
en haussant les épaules, peu rassurée, malgré tout, tant les hurlements
paraissaient humains.
    — Non, c’est vrai ! Quand j’étais
jeune, avec des paysans, on a découvert le corps mutilé d’un jeune garçon. Un
loup s’acharnait sur lui et il s’est enfui quand il nous a vus. En le
poursuivant, on est tombés sur un homme nu accroupi dans les taillis. Il avait
une barbe hirsute, des cheveux longs, et des ongles immenses, acérés comme des
griffes, auxquels étaient encore accrochés des lambeaux de chair sanguinolents.
    — Soyez raisonnable, c’était certainement
un simple d’esprit comme il y en a dans les campagnes ! Il n’avait rien à
voir avec le loup !
    — C’était le sorcier ! On l’a tué !
glapit-il. Mais faites ce que vous voulez, mademoiselle, je ne resterai pas une
minute de plus ici !
    Il piqua des deux et sortit de la cour.
    Elle resta hésitante, puis elle entendit les
hurlements des loups qui s’étaient rapprochés. Son cheval hennit de terreur
derrière elle. Rouffignac était fou de peur, mais en voyant les loups, il
reviendrait, se dit-elle. Elle poussa les vantaux, mais ne plaça pas la barre
de bois qui faisait verrou.
    Il y avait une échelle contre le mur, elle
grimpa pour le rappeler.
    Elle le vit contourner l’enceinte au galop, puis
prendre un chemin presque opposé à celui par lequel ils étaient arrivés. Le
chemin s’engageait aussi dans le bois. C’est alors qu’elle aperçut les loups. Ils
étaient bien visibles, taches sombres dans la neige et ils l’attendaient à la
lisière de la forêt. Ils devaient être trois ou quatre, assis sur leurs pattes
de derrière.
    Rouffignac les vit aussi et arrêta son cheval,
puis sortit son épée.
    — Émeric ! Revenez ! cria-t-elle.
    D’autres loups venaient d’apparaître et
rejoignaient les premiers. Elle en compta dix, puis beaucoup plus. Toute une
meute. Rouffignac ne bougeait toujours pas, hésitant à se jeter sur la bande d’animaux.
    C’est alors qu’elle vit une autre meute
arriver par le chemin qu’ils avaient pris. Il y avait trois, quatre loups. Puis
d’autres encore. Ces loups étaient organisés comme des hommes, remarqua-t-elle
pleine d’effroi. Ils allaient le prendre à revers !
    — Émeric ! Revenez vite ! Il y
en a d’autres derrière vous ! cria-t-elle.
    S’il se dépêchait, il passerait à travers la
seconde bande qui était clairsemée, jugea-t-elle.
    Mais contre toute attente, Rouffignac fonça
droit devant lui, l’épée haute.
    En temps ordinaire, les loups n’attaquaient
pas. Mais ceux-là étaient nombreux et avaient faim. Au moment où Rouffignac
arrivait sur eux, deux gros loups lui sautèrent dessus. D’autres attrapèrent
les pattes du cheval. Cassandre vit avec horreur la bête vaciller. Rouffignac
avait perdu son épée et tentait de repousser un loup qui le mordait au bras.
    Elle n’avait même pas un mousquet ! Elle
descendit de l’échelle, sauta à cheval et sortit son épée pour lui porter
secours.
    Quand elle ouvrit la porte. Elle vit que la
seconde meute avait rejoint la première. Le cheval et Émeric de Rouffignac
étaient recouverts par les loups qui les dévoraient. Tout s’était passé si vite !
    Elle resta pétrifiée devant l’horreur du
spectacle. Il y avait bien quatre douzaines de loups qui se battaient et se
repaissaient des chairs. Déjà des corbeaux tournoyaient. Elle entendait les
jappements et les hurlements des bêtes.
    Elle resta longtemps immobile. La nuit tombait.
Les loups poursuivaient leur repas, d’autres, repus, la regardaient, assis sur
leurs pattes de derrière.
    Elle revint lentement à la ferme, descendit de
cheval et plaça la barre sur le portail.
    Rouffignac avait le pain avec lui, elle n’avait
aucun vivre. Et dans la maison se trouvaient deux cadavres de pestiférés.
    Au cimetière à côté, plusieurs morts étaient
déterrés.
    Elle était terrorisée.
    La neige recommença à tomber.
    Elle se dirigea vers la grange, trouva des
fagots, puis, malgré sa peur, entra dans la maison pour chercher un briquet ou
des pierres à feu. Elle eut du mal à les trouver, car il faisait de plus en
plus sombre.
    Elle revint à la grange, alluma le feu, tira
un seau d’eau du puits et s’occupa de son cheval. Le ventre vide, elle resta
longtemps à regarder les flammes, regrettant de ne pas avoir ramassé

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