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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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voyageurs. Pourquoi ne les avaient-ils pas seulement rançonnés ? Peut-être
pourraient-ils plaider leur cause, espérait-il.
    Quant à Il Magnifichino , il envisageait
toutes sortes de plans pour s’échapper, sauf qu’il n’en voyait aucun de
réalisable.
    À la nuit, ils arrivèrent épuisés à une maison
forte après des heures de marche. Ils passèrent un pont-levis et entrèrent dans
une cour dans laquelle étaient rassemblés au moins trois cents arquebusiers. C’était
bien un seigneur du pays qui préparait un mauvais coup contre un voisin, se dit
Poulain. La plupart avaient des casaques à croix blanches et des écharpes
rouges, signe de ralliement des catholiques, pourtant quelques-uns portaient en
travers de leur corselet des écharpes blanches, signe des protestants. C’était
incompréhensible.
    En les bousculant, on les conduisit vers le
logis principal où on les fit entrer dans une grande salle bruyante pleine de
gentilshommes en armes. Le silence se fit peu à peu quand Dangeau et le comte, qui
les précédaient, s’approchèrent d’un jeune homme à la barbe en broussaille.
    Nicolas l’examina, espérant le reconnaître
pour lui réclamer leur grâce, mais il ne l’avait jamais vu. L’inconnu était
vêtu de blanc sous sa cuirasse de fer damasquinée et portait un chapeau blanc
avec un panache de la même couleur qui lui tombait aux épaules.
    — Quel gibier m’amènes-tu, François ?
plaisanta-t-il avec un accent rocailleux.
    — Des espions catholiques, monseigneur.
    — Je ne sais pas qui vous êtes, monsieur,
intervint Poulain, mais sachez que nous ne sommes pas des espions !
    Le soldat qui tenait sa corde lui administra
un soufflet avec une telle violence qu’il s’effondra. Il se releva, le visage
en sang, pour envoyer un coup de tête dans le torse de son tortionnaire qui s’écroula
à son tour.
    — Assez ! fit le barbu en riant, tandis
que plusieurs hommes d’armes maîtrisaient Poulain. Tudieu, François ! Tu m’as
ramené un sanglier !
    Olivier essayait de comprendre où ils étaient,
qui étaient ce monseigneur et ce François. Qui étaient ces gens armés et
cuirassés en guerre ? Ils préparaient quelque expédition et il devinait
avec terreur qu’on ne les laisserait jamais partir, de crainte qu’ils ne
donnent l’alerte.
    — Qui êtes-vous ? demanda le barbu à
Poulain quand celui-ci fut calmé.
    — Je me nomme Nicolas Poulain, je suis
lieutenant du prévôt d’Île-de-France.
    — Un prévôt ? Ici ? Que
faites-vous ? Vous poursuivez des brigands ?
    Le ton n’était pas agressif.
    — Non, monseigneur, répondit Poulain en
reprenant le titre qu’avait utilisé le nommé François. J’accompagne mon ami qui
se rend à Montauban.
    D’un geste de la tête, il le désigna.
    Le barbu s’approcha alors d’Olivier, qui
remarqua que cet homme qu’on appelait monseigneur avait des vêtements
particulièrement crasseux et les mains sales et calleuses. Qui plus est, il
puait l’ail. C’était certainement un petit nobliau du Poitou qui n’était jamais
sorti de sa campagne.
    — Qui êtes-vous ? s’enquit le
nobliau.
    — Olivier Hauteville, monsieur, je suis
bourgeois de Paris et avocat à la Chambre des comptes.
    — Et lui ?
    —  Il Magnifichino , monseigneur !
Je suis comédien et leur ami, lança l’Italien avec emphase.
    — Un comédien avec une épée ? ricana
un petit homme d’une trentaine d’années, lui aussi en blanc.
    — Je joue Scaramouche, monseigneur, répliqua Il Magnifichino en esquissant une révérence malgré ses liens. Avez-vous
vu Scaramouche sans épée ?
    L’assistance éclata de rire.
    — Ils ne sont pas sur la route de Paris à
Montauban, gronda le petit homme qui prit les rires pour lui. Ce sont des
espions ! Nous perdons inutilement notre temps, pendons-les et
finissons-en !
    — Avez-vous fouillé leurs bagages ? demanda
le barbu en blanc, sans relever la remarque.
    — Pas encore, monseigneur, dit Dangeau. Je
vais le faire.
    — Allez-y !
    Dangeau sortit.
    — Vous n’êtes pas sur la route de
Montauban comme vient de le dire fort justement mon cousin Henri.
    — Nous avons dû nous égarer, monseigneur,
expliqua Poulain. Nous venons de Poitiers et étions sur la route d’Angoulême.
    — Vous avez un passeport ?
    — Dans mon pourpoint, monseigneur.
    Le comte prénommé François, qui était resté à
côté de lui, le fouilla et sortit un portefeuille qui contenait

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