Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
un
laissez-passer au nom de Nicolas Poulain, lieutenant du prévôt, ainsi qu’une
lettre de commission nommant ledit Poulain prévôt de l’hôtel à la cour de la
reine. Elle était signée Richelieu et contresignée Henri, roi de France.
    — Prévôt de la cour de la reine ? s’enquit
le barbu avec suspicion.
    — Oui, monseigneur, j’ai obtenu mon congé
pour accompagner mon ami.
    — La reine vous a donné congé ?
    — Non, monseigneur, je l’ai demandé à M. de Montpensier
qui représente le roi.
    Dangeau entra, l’air soucieux. Il tenait un
petit livre à la main qu’il montra au barbu en blanc.
    Celui-ci le prit et l’examina. C’était le
nouveau testament traduit par M. de Bèze. Sur la page de garde était
écrit Pour toi Olivier, mon époux devant Dieu.
    —  Vous êtes
protestant ? demanda-t-il à Olivier.
    — Catholique ou protestant, peu importe, monseigneur.
Dieu m’a fait naître chrétien et cela doit suffire.
    À ces mots, le sourire ironique s’effaça du
visage du barbu. Il fit quelques pas, tandis qu’un lourd silence tombait dans
la pièce. Poulain grimaça. Quelle idée avait eue Olivier de défier ces
catholiques !
    Le barbu revint vers Olivier, il paraissait
troublé et lui tendit le livre de Bèze.
    — Vous l’avez lu ?
    — Oui, monseigneur. Je n’y ai rien trouvé
que ma conscience puisse me reprocher, et je déplore que les Français s’entretuent
pour l’eucharistie.
    Olivier savait qu’il allait être pendu et il
avait choisi de ne pas s’humilier devant ceux qui l’avaient capturé.
    — Qu’alliez-vous faire à Montauban, place
forte protestante ?
    — Une affaire personnelle, monsieur.
    À l’expression du barbu, Poulain vit que, une
fois encore, ce n’était pas la réponse qu’il attendait. Il crut bon d’intervenir.
    — Mon ami allait retrouver la femme qu’il
aime, monseigneur.
    Brusquement, le barbu sourit à nouveau. Il
avait l’explication de la dédicace.
    — Elle est protestante ? demanda-t-il
presque amicalement à Nicolas Poulain.
    — Oui, monseigneur.
    — Et lui, catholique ?
    — Oui, monseigneur.
    — Ventre-saint-gris, des amoureux ! s’exclama
le barbu, hilare.
    Il s’adressa à celui qui les avait capturés.
    — François, penses-tu qu’un catholique
qui traverse la France en guerre pour retrouver une garce protestante, et qui
lit M. de Bèze, puisse être un espion ?
    — Peut-être pas, monseigneur ! plaisanta
le nommé François dans un grand sourire.
    — Et toi, Henri, crois-tu que ton père
aurait fait de même avec ses maîtresses ?
    Poulain remarqua alors que les gentilshommes
dans la salle souriaient à présent. Leur affaire allait-elle s’arranger ?
    — Peut-être, monseigneur, grimaça le
nommé Henri. Mais mon vénéré père a tout de même commis quelques erreurs… Pourquoi
l’accompagnez-vous ? demanda-t-il rudement à Poulain.
    — Je suis son ami, monsieur.
    — L’amitié ? ironisa le petit homme
en blanc. Vous n’avez pas d’autre explication ?
    Le barbu leva une main en se tournant vers l’assistance
qui écoutait :
    — Henri, tu sais ce que disait Cicéron :
l’amitié ne peut exister que chez les hommes de bien, chez ceux qui font preuve
de loyauté, d’intégrité et de générosité [68] .
    Il revint vers Olivier :
    — Auriez-vous ces qualités, monsieur l’avocat ?
    — Je… Je ne sais pas, monsieur… Je ne
peux expliquer notre amitié, sauf peut-être par Ces mots d’un homme que j’admire : Parce que c’est lui, et parce que c’est moi, bredouilla Olivier.
    Le barbu changea de visage. Devenu brusquement
sérieux, il s’approcha si près d’Olivier que celui-ci sentit à nouveau son
haleine empuantie.
    — Vous connaissez M. de Montaigne ?
demanda-t-il avec méfiance.
    Olivier regretta d’avoir ainsi parlé et
balbutia :
    — Je l’ai rencontré… monseigneur.
    — Quand ?
    — À Paris, en avril, et il y a quelques
jours, à Loches.
    — À quelle occasion ?
    — À Paris, il m’apportait une lettre, et
à Loches, il m’en a écrite une.
    Le barbu lui mit le livre sous le visage.
    — Il apportait une lettre d’elle ?
    — Oui, monseigneur.
    — Et celle qu’il a écrite, que
contenait-elle ?
    — Je l’ai sur moi. Il demande à M. de Mornay
de nous laisser entrer dans Montauban.
    Le barbu se tourna vers celui qui les avait
capturés.
    — François, enferme-les dans la cave où
ils passeront la

Weitere Kostenlose Bücher