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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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mais ils sont encore
à Garde-Épée. Nous pouvons y aller facilement, c’est à quelques pas, dit M. de Mornay.
    — Nous irons tout à l’heure, dit-elle, mais
c’est pour tout autre chose que je voulais vous parler, monsieur. Cassandre m’a
dit un jour que vous l’aviez adoptée.
    — En effet, mais peu de gens le savent, et
je regrette qu’elle vous ait dit cela.
    — Elle devait le faire, monsieur ! répliqua
énigmatiquement Isabeau. Racontez-moi dans quelles circonstances vous l’avez
découverte…
    Interloqué, Mornay regarda sa fille mais
celle-ci lui fit signe qu’il pouvait parler.
    — C’était quelques jours après la Saint-Barthélemy,
madame, j’allais m’embarquer pour l’Angleterre. J’étais à Dieppe. Avec mon
écuyer, nous avons trouvé Cassandre errant seule dans les rues. Elle devait
avoir six ou sept ans. Elle était perdue et nous a dit que ses parents avaient
fui leur village. À Dieppe, sa mère et leurs domestiques avaient été pris à
parti par un groupe de massacreurs. Elle s’était enfuie et depuis elle vivait
dans la rue. Elle ignorait le nom de ses parents et du village où elle habitait.
Nous l’avons prise avec nous et elle ne m’a plus quittée.
    — Quels vêtements portait-elle ?
    — Ses parents devaient être des gens de
qualité, car elle portait une robe en taffetas moiré.
    — Avait-elle un papier ? Un bijou ?
Quelque chose pour l’identifier ? implora Mme Sardini.
    — Non, madame.
    — Si, mon père ! J’avais ce bijou !
intervint Cassandre.
    Elle sortit d’une chaînette d’or attachée à
son cou, où pendait aussi la médaille de la Vierge que lui avait donnée Olivier,
un médaillon en forme de cœur, en or et émaux, décoré de lys sur fond bleu.
    Mme Sardini chancela en découvrant les
fleurs de lys.
    — Mon Dieu ! balbutia-t-elle.
    M. de Mornay la rattrapa alors qu’elle
allait s’écrouler.
    — Qu’avez-vous, madame ?
    — Ce médaillon… Il ne vous a pas frappé ?
    — Non, j’en ai vu plusieurs du même genre
à la Cour.
    — Avec des fleurs de lys ?
    — Parfois…
    — Ce médaillon a aussi un secret, madame.
Regardez, fit Cassandre en l’ouvrant et en s’approchant d’elle.
    À l’intérieur était écrit :
    Mon
cœur, si jamais vous m’avez fait cet honneur de m’aimer,
    Il
faut que vous me le montriez à cette heure.
    Mme Sardini s’évanouit en lisant les deux
phrases.

22.
    Isabeau de Limeuil reprit conscience, allongée
sur son lit. Sa femme de chambre était près d’elle et son médecin venait de lui
faire respirer des sels.
    — Vous nous avez fait peur, madame, lui
reprocha Cassandre en lui tenant affectueusement les mains.
    — Je suis si désolée… Tout me revient, murmura
Isabeau dans un souffle.
    Elle se redressa et s’assit avant de
poursuivre d’une voix plus assurée :
    — J’aurais aimé que monsieur Hauteville
entende ce que j’ai à dire.
    — Il est à Garde-Épée, madame, mais dans
votre état, vous ne pouvez y aller… dit le père de Cassandre.
    — Vous croyez ? demanda Mme Sardini,
en se levant. J’ai connu pires choses, monsieur de Mornay, et je suis plus
forte que vous ne croyez. Le médaillon de Cassandre m’a bouleversée, mais j’ai
maintenant repris mes sens et je puis tout affronter, car ma quête est terminée.
    — Vous devriez vous reposer, madame, intervint
le médecin.
    — Je ne fais que me reposer depuis deux
mois, monsieur ! répliqua Isabeau, avec une pointe d’agacement. Ce que j’ai
à dire concerne Cassandre, et je crois l’avoir deviné – elle sourit tristement
–, monsieur Hauteville. Je puis monter à cheval, partons pour Garde-Épée
sur-le-champ.
    Moins d’une heure plus tard, M. de Mornay,
Isabeau et Cassandre, escortés de Caudebec, d’Antoine, de Hans et de Rudolf
arrivèrent à la maison forte.
    Nicolas Poulain vint ouvrir. Il était dans l’échauguette
devant le chemin de Saint-Brice et les avait vus arriver. Surpris de cette
visite inattendue, il conduisit tout le monde dans la cuisine, la seule pièce
chauffée.
    En passant dans la grande salle, Isabeau
remarqua les traces de sang partout. Rien n’avait été nettoyé. En revanche, il
n’y avait plus d’odeur, la maison étant restée ouverte tout le dimanche.
    Olivier, qui se trouvait dans une autre
échauguette, les rejoignit rapidement, tout heureux de voir Cassandre. Quant à Il
Magnifichino , le moins concerné par tout ce qui se passait,

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