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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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ils le
trouvèrent devant la cheminée, jouant placidement d’un luth acheté à un soldat
de Navarre.
    — J’ai une révélation à vous faire, Olivier,
ainsi qu’à Cassandre et à M. de Mornay, expliqua Isabeau de Limeuil
qui resta debout.
    Nicolas Poulain comprit qu’elle souhaitait
être seule avec eux et lui proposa la chambre qu’avait utilisée la duchesse de
Montpensier. Ils s’y rendirent. Le lit ne contenait plus que la paillasse. Les
lansquenets avaient tout emporté, sauf un gros coffre vermoulu. Mme Sardini
s’assit sur le lit et Cassandre sur le coffre.
    — Ce que j’ai à vous dire, commença Mme Sardini,
vous déciderez de le rendre public ou non. Cela vous fera du tort, je le sais, mais
vous devez connaître la vérité…
    Elle frottait ses mains nerveusement, ne
sachant comment commencer tant ces souvenirs anciens lui étaient pénibles.
    — … Vous n’ignorez pas que la reine, qui
est aussi ma parente, m’avait demandé de séduire le prince de Condé, le père du
prince actuel. Elle m’avait confié un breuvage préparé par Ruggieri pour
faciliter la chose, mais il ne fut pas nécessaire. Le petit homme, comme
on l’appelait, m’aima au premier regard, et moi de même.
    » Hélas, je fus grosse et accouchai à
Dijon, alors que la Cour s’y trouvait. La reine me fit enfermer, tandis qu’on
prenait mon fils. On l’envoya au prince dans un panier pour chien, et le pauvre
enfant resta sans soins si longtemps qu’il mourut quelques mois plus tard.
    » J’avais beaucoup d’ennemis à la Cour, car
j’avais toujours repoussé vertement les hommages que je ne souhaitais pas
entendre, mais étant affaiblie, on voulut se venger de moi, à moins qu’on eût
aussi voulu compromettre le prince de Condé dans une méchante affaire. Quoi qu’il
fût, M. de Maulévrier, qui me détestait pour je-ne-sais-quoi, m’accusa
d’avoir tenté d’empoisonner M. de La Roche-sur-Yon. C’était une
accusation infâme lancée par un homme jaloux et méprisable. On me transféra au
monastère des cordelières d’Auxonne pour m’interroger, puis à Mâcon, à Lyon et
à Vienne. Le prince ignorait où je me trouvais. J’étais démunie de tout. La
reine m’avait abandonnée. Je n’avais pas d’habits, pas de linge, une seule robe,
j’étais persuadée qu’on m’enfermerait au fond de quelque cellule de religieuse
d’où je ne sortirais jamais. Pourtant, une geôlière eut pitié de moi et me
laissa écrire, me promettant de faire parvenir ma lettre au prince.
    » Je me suis toujours souvenue de cette
lettre, dans laquelle je mettais tous mes espoirs.
    Elle les regarda à tour de rôle avant de dire :
    —  Mon cœur, si jamais vous m’avez fait
cet honneur de m’aimer, il faut que vous me le montriez à cette heure, car si
vous n’avez pitié de moi, je me vois la plus malheureuse créature du monde…
    Cassandre blêmit et M. de Mornay
comprit immédiatement. Seul Olivier resta incertain, ne devinant pas encore
vraiment ce qui allait suivre.
    — Je suppliais ainsi le prince de me
délivrer de ma prison. Je lui disais que je n’avais d’espérance qu’en lui et en
Dieu, et le priais de n’être point parjure [78] puisqu’il m’avait promis son amour.
    » Il reçut ma lettre et envoya des gens
me libérer. Nous fûmes heureux quelques mois dans son château de Valéry. Sa
femme venait de mourir et il me promit que je deviendrais son épouse. En janvier
1565, je fus à nouveau grosse et j’accouchai en octobre… d’une fille dont je ne
connus jamais le prénom.
    Elle planta ses yeux dans ceux de Cassandre, sans
rien ajouter. Alors Olivier comprit à son tour.
    En un tourbillon vertigineux, la vérité lui
apparut, terrifiante. Il chancela sous cet effroyable coup du destin et crut
même pendant quelques instants que son cœur s’arrêtait de battre. Cassandre
était la fille du prince de Condé ! C’était une Bourbon, la sœur du prince
actuel, la cousine du roi de Navarre, du prochain roi de France !
    Il inspira, pour éviter de se trouver mal
devant elle. Il venait de la perdre aussi définitivement que si Mme de Montpensier
l’avait emprisonnée en Lorraine.
    Une cousine du roi n’épouserait jamais un
roturier bourgeois de Paris.
    Isabeau poursuivit, mais il n’entendait plus.
    — Je t’ai adorée cinq jours, Cassandre, mais,
dans l’ombre, les amis du prince s’opposaient à mon mariage. J’étais catholique,
poursuivie comme

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