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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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avait parlé de lui à
Catherine de Médicis.
    Pendant que le
comédien s’ensommeillait, le vice-podestat, accompagné du notaire Giacomo
Sabbadini, se rendit vers quatre heures de l’après-midi chez le fourbisseur
auquel il avait confié le couteau.
    L’artisan était un homme d’une quarantaine d’années,
maigre, aux doigts fins et musculeux. Son visage ressemblait étonnamment à
celui d’un rat avec un nez proéminent, une moustache éparse et un menton en
galoche. Il était habillé d’une longue robe en velours et coiffé d’un bonnet. Ayant
démonté le manche du couteau qui s’ouvrait en deux grâce à une goupille, presque
invisible, il en montra le mécanisme à ses visiteurs.
    — Comme vous le voyez, Excellence, le
manche est évidé et il y a là un petit ressort qui, au repos, fait sortir la
lame. Celle-ci s’enfonce au moindre choc dans son logement. Seulement, en ce
moment, cette pièce de bois, placée à l’intérieur, l’en empêche.
    — D’où vient ce morceau de bois ? demanda
Crema.
    — Il a été introduit par quelqu’un !
plaisanta le fourbisseur.
    — Mais dans quel but ?
    — C’était un couteau de théâtre, seigneur,
c’est devenu une arme, bien que la lame s’enfonce légèrement quand on appuie
dessus.
    — Vous voulez dire que quelqu’un l’a
piégé ?
    — Exactement.
    Crema resta silencieux un moment, réfléchissant
aux conséquences de cette découverte. Isabella était innocente et quelqu’un, en
trafiquant le couteau, avait fait d’elle une criminelle. Or, seuls les membres
de sa troupe avaient accès au couteau. En les laissant partir, il venait de
libérer l’assassin… Mais peut-être étaient-ils encore à Mantoue ?
    — Je retourne au Castello décida-t-il en s’adressant au notaire.
    Il se pressa. Arrivé au pont-levis, il fit
signe à des soldats de la garde du marquis de l’accompagner aux écuries.
    — Où sont les chariots des comédiens ?
demanda-t-il à un palefrenier.
    — Ils sont partis, monseigneur. Ils
avaient un ordre signé par votre notaire.
    — Il y a combien de temps ? Quelle
route ont-ils prise ?
    — Deux heures environ, Excellence, ils
ont pris le pont aux Moulins.
    Un quart d’heure plus tard, une trentaine de
cavaliers partaient à la poursuite des comédiens.
    Crema se dirigea ensuite vers le palais pour
demander audience au duc. Dans l’antichambre, il rencontra le camérier.
    — Monsieur le Vice-Podestat ! s’exclama
celui-ci. J’allais vous faire chercher. La victime de la comédienne, Gabriella
Chiabrera, a repris conscience, mais sans doute pour peu de temps. M. le
marquis vous demande de venir l’interroger.
    Minuit allait sonner
quand le changeur vint chercher le comédien qui attendait depuis la tombée de
la nuit.
    — Il était inutile de partir plus tôt, lui
expliqua-t-il. Le rendez-vous à San Francesco n’est prévu qu’à minuit.
    — Savez-vous si tout s’est bien passé ?
    — Pas de nouvelles, bonnes nouvelles !
plaisanta l’homme. Il faudra juste faire attention au guet, mais à cette heure,
il est rare de le croiser.
    Ils sortirent et longèrent le port dell Ancona
en direction du pont aux Moulins, puis par un dédale de rues sombres, ils
remontèrent jusqu’au couvent de San Francesco. Le changeur tenait la lanterne. Une
poterne du couvent était entrebâillée. Ils entrèrent, traversèrent un jardin, puis
un corridor, ensuite un nouveau jardin vers une haute tour fortifiée.
    — C’est au-dessous que passe le rio, souffla
le changeur à Ludovic en désignant la tour. Votre amie nous attend dans cette
salle.
    Il montra le corps de bâtiment accolé à la
tour. Une porte était ouverte. Ils entrèrent dans une salle à peine éclairée
par un bougeoir. Au fond attendaient deux ombres. Ils s’approchèrent.
    — Dottore ? s’enquit une voix de
femme au ton anxieux.
    — C’est moi, Isabella, nous allons
rejoindre les Gelosi.
    — C’est toi qui m’as fait évader ?
    — Oui, avec mes amis.
    — Dieu soit loué ! Je n’aurais pas
résisté à un autre interrogatoire.
    — Pressons-nous ! intervint le
changeur d’une voix inquiète en les poussant en avant.
    Il murmura quelques mots à celui qui se
trouvait avec la jeune femme. C’était un moine qui les conduisit à une tenture
dissimulant une porte basse entièrement ferrée. Il mit une clef dans la serrure
et ouvrit. Une écœurante odeur de marécage pénétra dans la pièce.
    — Ce sont

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