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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Mayenne, invitée à assister à la
messe et à écouter le sermon prononcé par le père Boucher, le recteur de la Sorbonne
qui remplacerait, pour l’occasion, le curé habituel.
    Le curé Boucher, un des plus enflammés
prédicateurs de la Ligue, avait sonné le tocsin à la Saint-Barthélemy pour
appeler à l’occision des protestants et on disait qu’il était membre du conseil
des seize de la Ligue parisienne. À chacun de ses sermons, il louait le duc de
Guise et pourfendait l’hérétique Navarre, assurant à ses paroissiens que la
venue de l’Antéchrist sur le trône de France – si elle se produisait – les
enverrait tous en enfer. Quant au roi, bougre et hérétique lui aussi, il
devrait finir sa vie dans un couvent pour expier ses péchés.
    Olivier Hauteville avait hésité à venir à l’église
quand il avait su que Boucher ferait le sermon, mais son ami Nicolas Poulain
lui avait conseillé de ne pas s’en abstenir. La Ligue était désormais puissante
dans Paris, les dizainiers et quarteniers, qui surveillaient chacun, s’apercevraient
immanquablement de son absence. Lui-même n’avait aucune envie d’écouter les
imprécations du père Boucher, mais ils avaient tous deux suffisamment connu les
cachots du Châtelet pour se faire inutilement remarquer.
    Installés sur les bancs qu’ils louaient, en
compagnie de leurs domestiques, les deux amis n’échangèrent pas une parole, car
ils savaient qu’il y avait autour d’eux bien des oreilles indiscrètes. Ils
observèrent ainsi le silence en attendant l’arrivée de la duchesse.
    La duchesse de Montpensier avait embrassé avec
ardeur le parti de la Ligue. Comme tous les membres de sa famille, Catherine de
Lorraine était ambitieuse, mais au surplus de ses frères, on disait qu’elle
possédait une résolution qu’ils n’avaient pas. Olivier ne la connaissait pas et
se souvenait seulement que feu son époux, Louis de Bourbon, duc de Montpensier,
avait participé au massacre des protestants dans la rue Saint-Martin, et qu’il
l’avait vu de ses yeux tuer femmes et enfants. Le duc avait eu la réputation d’un
homme féroce et impitoyable. On disait qu’il faisait toujours pendre ou égorger
ses prisonniers après les batailles.
    La duchesse était la seconde épouse du duc qui
avait eu un fils d’un premier lit. Celui-ci était le nouveau duc depuis la mort
de son père. Le jeune homme détestait sa belle-mère pour plusieurs raisons. D’abord,
elle était Guise et il était Bourbon. Deux familles qui aspiraient au trône. Ensuite,
la duchesse lui avait fait un procès – qu’elle avait perdu – pour se faire
attribuer la fortune des Montpensier. Enfin, il était un des rares Grands du
royaume encore fidèle à Henri III, alors que Catherine de Lorraine
éprouvait une mortelle haine envers le roi qui l’avait rejetée.
    La duchesse, comme son frère Guise, avait
hérité de la beauté de sa mère Anne d’Este, fille du duc de Ferrare. Veuve, elle
avait tenté de séduire le roi afin de le rapprocher de son frère. Elle n’y était
pas parvenue et Henri l’avait publiquement raillée, car elle avait une légère
claudication. Depuis, humiliée, elle répétait partout que le dernier des Valois
était un bougre et qu’elle l’enfermerait dans un couvent. À la ceinture de sa
robe, elle portait une paire de ciseaux d’or qui, disait-elle, servirait à le
tonsurer pour en faire un moine.
    Ardente dans sa foi, autant pieuse que belle, assidue
aux sermons et à la confession, elle était vénérée des curés de Paris et encore
plus du petit peuple qui la comparait à Jeanne d’Arc. Mais ceux qui la
connaissaient vraiment savaient qu’elle était intolérante jusqu’à la violence, incapable
de maîtriser ses accès de courroux, brouillonne, et surtout encore plus
orgueilleuse que son frère Guise.
    Soudain, les ovations éclatèrent dans l’église.
Ceux qui étaient proches de l’autel, comme Olivier et Nicolas, se retournèrent
et virent arriver une femme en robe de satin noir à manches ballons rehaussée d’un
col de dentelle qui montait jusqu’au menton et dont la traîne était tenue par
deux pages. Le regard dédaigneux et le front haut, ses cheveux étaient serrés
en arrière dans un filet de perles. Elle avançait avec majesté, suscitant
vivats et acclamations tout en restant impassible. Une reine de France n’aurait
pas fait mieux, reconnut Nicolas dans un mélange d’admiration et de

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