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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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que la
reine empoisonnerait son gendre en cas d’échec, et cela, il y était opposé.
    Henri de Navarre n’était pas Coligny. C’était
un homme tolérant et généreux et il serait son prochain roi. Sa famille avait
toujours été loyale à la couronne, donc il ne le laisserait pas tuer, dût-il
trahir la reine.
    Voici tout ce qui passait dans la tête du
gouverneur des nains alors qu’il regardait Isabeau mourante.
    Soudain, elle se mit à fredonner doucement, les
yeux fermés, comme si elle rêvait.
    Le petit homme
tant joli,
    Toujours cause et toujours rit,
    Et toujours baise sa mignonne,
    Dieu garde du mal le petit homme.
    C’était la chanson
du prince de Condé. Quand elle eut terminé, elle ouvrit les yeux et implora.
    — Je voudrais un notaire…
    — Il n’est pas encore temps de faire
votre testament, Isabeau.
    — Je l’ai déjà fait, mais je voudrais
laisser quelque chose à mon enfant… Est-il encore vivant ?
    — Je ne sais pas, Isabeau.
    — La reine m’a dit que vous saviez…
    Sa voix se perdit dans un murmure.
    Il hésita. Il connaissait Isabeau depuis plus
de vingt ans. Il savait ce qu’elle était, ce qu’elle avait été. Elle avait
souffert, et il avait essayé de la sauver. Elle allait mourir… Elle ne lui
avait jamais fait de mal…
    — Je sais seulement ce que le prince de
Condé a fait de l’enfant, avoua-t-il.
    — Je vous en prie, dites-le-moi… Le fils
que j’ai eu avec le prince est mort deux mois après que je le lui ai envoyé… J’ai
toujours regretté ce geste fou… Mais que pouvais-je faire d’autre ? J’étais
prisonnière… Quand le second enfant est né, le prince m’a promis de s’en
occuper… Puis il m’a abandonnée et n’a jamais voulu me dire où il était… Je
dois savoir… Je suis sa mère…
    Elle étouffa un gémissement, mais maintenant
qu’il avait commencé à parler, Bezon n’hésita plus.
    — La femme du prince, sa première épouse,
j’entends, était Éléonore de Roye…
    Elle baissa les paupières pour faire
comprendre qu’elle le savait.
    — La grand-mère d’Éléonore était la sœur
du connétable Anne de Montmorency. Le prince était très proche des Montmorency.
Quand il décida de garder votre enfant, il le confia à M. d’Ambrière, un
serviteur des Montmorency. Mais les Ambrière étaient protestants… Ils ont été
tués à la Saint-Barthélemy.
    — Mon Dieu, si près ! Vous savez que
ma sœur a épousé Jean d’Avaujour, un cousin éloigné de M. d’Ambrière ?
    — Je le savais.
    — Et l’enfant ?
    — On ne l’a jamais retrouvé.
    — J’interrogerai ma sœur sur les Ambrière.
Je saurai !
    — Je l’ai fait, Isabeau, ils sont tous
morts…
    — Vous vous trompez ! hurla-t-elle
en l’attrapant à son pourpoint avec ses mains décharnées. Ils étaient de
Bretagne… Il n’y a pas eu de massacre là-bas ! Où vivaient-ils ? Dites-le-moi !
    — Ils n’étaient pas en Bretagne, ils
vivaient près de Dieppe, madame, répondit Bezon, bouleversé.
    À ces mots, elle s’écroula, riant et pleurant
à la fois.
    — Qu’avez-vous ? demanda-t-il, déconcerté
par l’état d’Isabeau.
    — Je le savais ! s’exclama-t-elle
avant de perdre connaissance.
    Bezon resta encore quelques heures, mais Mme Sardini
ne reprit pas conscience. En revanche, il eut l’impression qu’elle dormait, qu’elle
était plus calme. Il demanda au médecin de continuer à changer les pansements
et à lui faire boire du bouillon, de force si nécessaire. Puis il invita
Olivier à le prévenir si l’état de la malade s’aggravait.
    Le lendemain, quand Isabeau se réveilla, sa
fièvre avait baissé. Elle but du bouillon de poule et se rendormit. Dans les
jours qui suivirent, le médecin observa que la plaie avait cessé de suppurer. À
la mi-septembre, elle n’était plus que rougeur.
    Isabeau put ensuite s’asseoir et recommencer à
manger. Un après-midi, elle resta de longues heures à parler avec Olivier. Elle
était maintenant hors de danger, et il lui annonça qu’il partait pour
Chenonceaux. Il lui conseilla de rentrer à Paris, car son mari ignorait
toujours sa blessure et il pouvait maintenant l’apprendre à tout moment.
    Malgré ce que Nicolas lui avait dit, il n’arrivait
pas à croire qu’elle ait envisagé de tuer le roi de Navarre, aussi resta-t-il
pétrifié quand elle lui dit :
    — Je vous remercie, monsieur Hauteville, mais
je me rendrai à Chenonceaux dès que

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