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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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les trois
jours du voyage, la duchesse de Montpensier n’avait rien appris d’autre sur la
tentative d’assassinat de Mme Sardini, sinon qu’elle n’avait pas repris
connaissance et qu’Olivier Hauteville était toujours auprès d’elle.
    Arrivée à Chenonceaux, elle songea que l’absence
du jeune homme était une opportunité à ne pas laisser passer. Son bagage étant dans
la chambre qu’occupaient ses domestiques, elle décida de le faire fouiller. Le
deuxième jour, Le Bègue, qui remplaçait son maître pour tenir les registres des
fournitures, partit avec Nicolas Poulain et le valet pour une tournée de
ravitaillement.
    En leur absence, le capitaine Cabasset se
rendit au bâtiment où ils étaient logés. Avec le désordre qui régnait depuis l’arrivée
de la Cour, personne ne lui prêta attention. La chambre des commis était la
dernière du premier étage. On y accédait par un escalier extérieur, ce qui
facilitait les choses. Avec sa dague, Cabasset força aisément le dormant et
ouvrit la porte sans abîmer la serrure.
    À l’intérieur, il y avait deux lits en planche
à paillasse et trois coffres. Le plus gros, recouvert de cuir, était sans doute
celui d’Hauteville, mais il était fermé à clef. De la même façon qu’il avait
forcé la porte, Cabasset en brisa la serrure. À son retour, Hauteville
découvrirait que son coffre avait été ouvert, mais comme il n’y manquerait rien,
il penserait que c’était un larron qui cherchait de l’argent ou des bijoux.
    Le coffre contenait du linge, une robe d’avocat,
des chaussures, des draps et de la literie, de l’encre, une écritoire et des
plumes d’oie ainsi que deux pistolets, une miséricorde, et plusieurs bonnets
noirs. Au fond, étaient serrés un portefeuille et un livre.
    Le livre était le Nouveau Testament traduit par M. de Bèze. Sur la page de garde était inscrit :
    Pour toi Olivier, mon époux devant Dieu.
    Dans le portefeuille, il y avait également un
passeport et plusieurs lettres, trois d’entre elles écrites de la même main, avec
la même signature : Cassandre de Mornay, et se terminant par la même
phrase énigmatique :
    Mon
cœur, si jamais vous m’avez fait cet honneur de m’aimer,
    Il faut que vous me le montriez à cette
heure.
    Il les lut plusieurs fois, s’efforçant d’en
retenir le contenu, puis il parcourut les autres papiers, mais la plupart
traitaient de finance et il n’y comprit goutte. Il y avait aussi une lettre du
lieutenant civil Séguier félicitant le sieur Hauteville pour le mémoire qu’il
avait remis à la surintendance, et une seconde du surintendant lui-même lui
assurant qu’il pourrait acheter la charge de contrôleur des tailles de son père
quand il aurait vingt-cinq ans.
    Cabasset remit tout en place sans rien
emporter. Il referma soigneusement le coffre de façon à ce qu’on ne remarque
pas trop vite qu’il avait été ouvert, puis il quitta la chambre en écartant à
nouveau le dormant avec sa dague pour fermer la porte.
    Sur l’heure, il fit son compte-rendu à la
duchesse. Mme de Montpensier fut surtout atterrée par la bible de
Bèze. Depuis l’arrêt royal d’octobre de l’année précédente, le culte protestant
était interdit et les calvinistes avaient eu quinze jours pour quitter le
royaume. La présence de ce livre prouvait que le jeune Hauteville était un
hérétique. Elle frissonna à l’idée qu’elle avait failli aimer un protestant !
Pire, un apostat qui allait à la messe pour mieux dissimuler ! Comment
avait-elle pu se méprendre ?
    Elle avait aussi le sentiment que l’effroyable
malédiction qui la poursuivait, celle d’être rejetée par les hommes, s’imposerait
quoi qu’elle fasse. En effet, elle ne pouvait plus séduire Olivier, un
protestant, mais si elle renonçait à lui, elle ne se ferait jamais aimer du roi,
et probablement plus d’aucun homme.
    La seule solution était qu’il abjure, décida-t-elle.
    Il y avait aussi ces lettres du surintendant
des finances et du lieutenant civil. Tous deux étaient des politiques, des
partisans d’un rapprochement avec Navarre. Pourquoi remerciaient-ils Hauteville ?
Savaient-ils qu’il était protestant ? Y avait-il une conspiration entre
les huguenots et les politiques ?
    Enfin, ce que Cabasset avait lu confirmait que
Cassandre de Mornay, une hérétique aussi, était sa maîtresse. À cette vérité qu’elle
redoutait, la jalousie la submergea. Qu’avait-elle de plus

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