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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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paraissait désapprouver. Quel jeu jouait-il ?
    — Avez-vous dit ceci à votre ami, monsieur
Hauteville ?
    — Oui, madame, il le sait. Il l’a su dès
les premiers jours où il était chez vous. Je vous le dis pour que vous sachiez
que ni lui ni moi ne vous voulons du mal.
    — Il connaît… mon assassin ?
    — Oui, madame.
    — Et pourtant… Il est resté à prendre
soin de moi… Répondez-moi franchement, monsieur, êtes-vous à Guise ?
    — Non, madame, je suis au roi. Uniquement
au roi.
    — Savez-vous pourquoi le roi veut ma mort,
monsieur Poulain ?
    — Oui, madame, répondit-il sans hésiter.
    Isabeau de Limeuil n’était pas sotte. Elle
devina que Henri III avait appris, d’une façon ou d’une autre, quel devait
être son rôle lors de la venue du roi de Navarre.
    — Pouvons-nous être honnêtes l’un envers
l’autre, monsieur Poulain ?
    — Je le souhaite de tout cœur, madame. Vous
devez comprendre ma position, si vous restez ici, le roi ne l’acceptera pas, et
je ne pourrais plus vous défendre.
    — Me défendre ? Malheureusement pour
moi, je dois rester, monsieur Poulain… Le roi pense-t-il que je représente un
danger ?
    — Sans doute, madame.
    — Pour Henri de Navarre ?
    — Oui, madame.
    — Il se trompe ! Je ne serais jamais
un danger pour le roi de Navarre ! s’insurgea-t-elle.
    À grand-peine, elle se leva de son lit.
    — Aidez-moi à faire quelques pas, je vous
prie. Je voudrais voir la rivière. La vision des flots m’apaisera.
    Il lui prit le bras et l’accompagna. Marcher
lui était pénible.
    — La reine m’a demandé de l’accompagner
dans un but bien précis, poursuivit-elle devant la fenêtre. Le roi de Navarre a
confiance en moi, et en mon mari. Elle souhaite donc que je le reçoive, et que
j’aie l’honneur de lui servir à boire, ce qu’il n’aurait jamais accepté d’une
autre personne de cette Cour.
    Poulain frémit à ces mots. Il avait enfin
compris. C’était Catherine de Médicis qui voulait tuer son gendre, et Henri III,
son fils, voulait l’en empêcher !
    Il allait parler quand elle lui fit signe qu’elle
voulait poursuivre.
    — J’ai eu deux enfants de monseigneur
Louis de Condé. Mon garçon est mort à deux mois, faute de soins – il était né
en mai 1564. Le second, je l’ai eu en octobre 1565 alors que je croyais que le prince
allait m’épouser. Je vivais chez lui, dit-elle en regardant Nicolas.
    Il vit des larmes rouler sur ses joues. Pour
la première fois, devant ce visage décharné, il eut l’impression d’être avec
une très vieille femme.
    — Mais un mois après, il épousait mademoiselle
de Longueville, reprit-elle, et il garda mon enfant. Il le confia à une
nourrice et ne me dit jamais ce qu’il était devenu. Louis est mort à Jarnac en
mars 1569, emportant son secret. Depuis, pas un jour ne s’est écoulé que je n’aie
pensé à cet enfant. Quand la reine m’a demandé… de rencontrer Navarre, j’ai
refusé. Elle m’a promis alors, en contrepartie, de me dire où était l’enfant.
    » J’ai accepté, espérant trouver un moyen
de connaître la vérité sans avoir à faire ce qu’elle me demandait.
    — Mais vous n’y êtes pas parvenue, c’est
la raison pour laquelle vous êtes revenue ici…
    — Pas du tout, monsieur Poulain. Je sais
où est ma fille désormais. Je ne suis venue que pour prévenir monseigneur de
Navarre.

13.
    La Baiserie était une grande ferme fortifiée à
une demi-lieue au nord de Chenonceaux. Avec la pénurie de logements, le fermier
proposait aux voyageurs peu exigeants sur leur confort quelques galetas avec
une paillasse posée sur un lit de planches à partager à trois ou quatre. C’étaient
essentiellement des domestiques pauvres qui s’installaient là, leur maître ne
pouvant leur offrir une chambre au village où les prix étaient très élevés.
    C’était à la Baiserie que logeaient Maurevert,
son écuyer et les deux spadassins. Suffisamment éloignés du village et du
château pour qu’on ne les remarque pas, ils ne se rendaient jamais aux auberges,
jouant toute la journée aux cartes ou aux dés devant la cheminée de la ferme, ou
s’entraînant à l’escrime dehors. Seul le valet Giovanni était allé au château
porter une lettre à Mme de Montpensier le jour de leur arrivée pour
lui dire où ils étaient.
    Les quatre hommes trouvaient le temps long
quand, le 6 octobre – ils étaient là depuis plus de cinq semaines –,

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