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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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Les héros sont des hommes et plus aucun homme ne peut les sauver, désormais. Ni Hitler, ni Staline, ni moi. Ils ne peuvent même pas se sauver eux-mêmes. Zaïtsev est un héros et il va mourir. Je ne leur appartiens pas. Je m’appartiens et je veux rentrer au pays.
    Thorvald s’étira en disant :
    — Il fait trop sombre, maintenant. Ils n’essaieront plus. Descendez demander de quoi manger à l’infirmière.
    Le caporal se leva sans le regarder.
    — Nikki, le rappela Thorvald, tournant vers lui un regard plus doux. Vous vouliez que chacun de nous fasse ce qu’il connaît le mieux. Vous disiez que c’était la meilleure façon d’avoir ce Zaïtsev. Nous étions d’accord. (Il ramena ses genoux contre sa poitrine pour se protéger du froid, poursuivit :) C’est ce que nous faisons. Voilà ce que je connais le mieux. Je suis le tueur, vous êtes mon guide et mon tuteur. Ne brisez pas l’équipe. Nous aurons ce Russe et nous rentrerons au pays ensemble.
    Mond hocha la tête.
    — Oui, mon colonel.
    Avant qu’il puisse s’éloigner, Thorvald ajouta :
    — Nous passerons la nuit ici. Les tireurs embusqués russes recommenceront demain à l’aube, j’en suis sûr.
    Nikki savait qu’il pouvait faire échouer le plan de Thorvald en le révélant à l’infirmière ou en se glissant dans la tranchée après la tombée de la nuit pour prévenir les hommes de ne pas passer la tête au-dessus du parapet, quoi qu’ils puissent entendre dans les gravats. Mais il savait aussi qu’il n’en ferait rien.
    — Caporal, lui lança Thorvald, profitez-en pour ramener ces sept couvertures !
    L’aube grondait autour d’eux. Les oreilles à peine éveillées de Mond captèrent le grincement des chenilles de tank réduisant le béton en poussière, le feu roulant d’armes tenues par un millier de bras. Pardessus le vacarme, on hurlait des ordres, des radios craquetaient.
    Ça y est, se dit Nikki, c’est le dernier assaut de Paulus contre les Russes retranchés dans les usines. Au loin sur sa gauche montait de la ravine Banni et des Barricades le fracas des bombes. Le feu d’armes légères grésillait dans le couloir d’Octobre-Rouge.
    Thorvald regardait déjà dans la lunette de son fusil.
    — Commencez à guetter, murmura-t-il. Nous ne pourrons rester ici longtemps. Nos amis feront peut-être tinter une dernière fois leurs boîtes de conserve avant d’être contraints de battre en retraite. Souvenez-vous, ils sont en bas.
    Nikki inspecta les gravats devant l’unité 3. Le bruit des chars et des hommes s’enflait derrière lui, se déplaçait vers la gauche, progressait en direction d’Octobre-Rouge et de la Volga.
    — Ça commence à chauffer, colonel, dit-il, éloignant les jumelles de ses yeux.
    — Un peu, convint Thorvald avec un sourire aimable.
    Soudain, le maître tireur se raidit. Il ouvrit grands les yeux puis les plissa pour fixer un point pardessus l’épaule de Mond.
    — Nikki, regardez la troisième maison du côté le plus éloigné de la route.
    Le caporal porta de nouveau les jumelles à ses yeux, se retourna. Avant de chercher les maisons, il observa un moment les soldats de l’unité 3 dans la tranchée. Leur petit groupe avait éclaté : certains s’éloignaient en rampant, d’autres se penchaient vers le sol où, quelque part, se tordait un corps ensanglanté.
    Nikki porta vivement ses jumelles sur les maisons, à vrai dire de simples bicoques construites pour les ouvriers d’Octobre-Rouge et éventrées depuis des mois. Il compta jusqu’à la troisième. La voix de Thorvald s’éleva, calme et neutre, tel un commentaire cinématographique de l’image grossie qui défilait devant lui.
    — Dix mètres sur la gauche. Que voyez-vous ?
    Le caporal tourna le bouton des jumelles pour mettre au point.
    — Une tôle rouillée. Le toit d’une des baraques, je crois.
    — Oui, c’est ça. Maintenant, derrière le toit, cherchez la petite cabane. Une station de pompage, peut-être.
    — Je l’ai. Avec des volets rouges.
    — Exact. Glissez de dix, vingt mètres sur la gauche. Il y a une tranchée devant ce bâtiment avec le… qu’est-ce que c’est que
ça ?
    — Une bannière. Un… un portrait de Staline.
    — Parfait. Il y a une tranchée ? J’ai vu quelque chose dans le coin. Trouvez la tranchée. Vite, Nikki.
    Des tas de briques et de pierres s’élevaient devant la rangée de maisons délabrées, rendant la vision imprécise. La neige effaçait la plupart des détails.

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