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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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Simple. Direct, commenta Thorvald. (Nikki attendit.) Suicidaire, surtout, soupira l’homme de Berlin. Rappelez-vous, il n’y a pas qu’un seul tireur embusqué russe dans le secteur. Pendant que je viserai celui qui aura tiré sur le casque, l’autre me repérera. Non, pas question de nous poster dans la tranchée.
    Nikki fut consterné. Il voulait tuer le rouge au milieu des hommes hagards de la tranchée, pour leur montrer ce dont un soldat allemand était capable. Il se voyait ranimant pour eux l’étincelle de l’espoir, donnant à ces pauvres gars une raison de s’enthousiasmer.
    Thorvald allait suggérer un plan où ils feraient leur travail dans l’anonymat, mortels mais invisibles. Les fantassins de la tranchée n’en sauraient rien. Ils n’applaudiraient pas Nikki, ils n’échangeraient pas de grandes tapes dans le dos ; ils ne verraient pas Nikki et Thorvald crocheter la serrure de leur cage.
    Le colonel lui avait promis qu’il aurait son mot à dire. C’était fait.
    — Suivez-moi, ordonna Thorvald.
    Il s’éloigna, laissa son fusil appuyé contre le mur. Nikki le récupéra, luttant pour chasser l’exaspération que la brusquerie de l’officier avait fait naître dans ses tripes.
    — J’ai trouvé cette position pendant que vous étiez dans la tranchée ! lui lança Thorvald pardessus son épaule. Puisque les Russes sont au niveau du sol, nous devons nous placer au-dessus d’eux…
    Il conduisit Nikki derrière la façade squelettique du bâtiment. Après avoir enjambé une fenêtre, ils se faufilèrent parmi les saletés et les blocs de béton, grimpèrent un escalier métallique qui avait survécu aux bombardements. En haut, ils se coulèrent sur le bord de ce qui avait dû être le deuxième étage. Sur une dizaine de mètres, le sol s’était effondré, laissant un trou béant. Mond eut l’impression de marcher le long d’un cratère de volcan.
    Avançant prudemment, Thorvald le mena à une série d’encadrements de fenêtre calcinés. Nikki s’approcha d’une des ouvertures, regarda. En bas, il y avait le dépôt de chemin de fer, les cinq positions allemandes derrière le talus, et les wagons dessus. Thorvald l’avait amené à une vingtaine de mètres à droite de l’unité 2.
    Nikki parcourut du regard une distance qu’il estima à trois cent cinquante mètres, braqua ses jumelles sur l’endroit où ses yeux s’étaient arrêtés. Les Russes doivent être là, pensa-t-il, cachés dans les ruines, rampant dans les tranchées ou tapis au fond d’un trou d’obus. Ou alors, ils sont partis. Le jour décline. Combien d’Allemands morts leur faut-il par jour pour les satisfaire ?
    Thorvald s’assit sous l’appui de fenêtre, leva les yeux vers le ciel violet.
    — Le soleil est derrière nous, dit-il. (Du menton, il indiqua la droite de l’unité 2.) Vous surveillez cette zone. Moi, je m’occupe de la gauche. Dès que vous voyez quelque chose, vous me prévenez.
    Il va rester là à attendre, pensa Nikki, sans même me laisser prévenir les soldats de la tranchée. Je pourrais leur dire : « Restez planqués, ne regardez pas, on s’occupe des Russes. » Je pourrais leur dire de mettre un casque sur une baïonnette…
    Il se sert de ces hommes comme appât !
    Nikki posa les jumelles sur le sol.
    — Colonel ?
    — Oui ?
    — Laissez-moi retourner à la tranchée. J’attirerai le feu des tireurs russes, et vous pourrez les descendre…
    Thorvald secoua la tête.
    — Non, j’ai besoin de vous ici.
    — Laissez-moi quand même prévenir ces hommes. Ils sont morts de peur.
    Le visage du colonel se ferma.
    — Vous restez ici, caporal. Ramassez vos jumelles.
    — Colonel, les hommes…
    — Ramassez ces jumelles, vous m’entendez. Je me fiche de ces hommes ! Est-ce que vous finirez par le comprendre ? Nous ne sommes pas ici pour les sauver ou recevoir leurs remerciements. Nous avons une mission, caporal ! Trouver Zaïtsev. Le tuer. Et rentrer.
    Thorvald plissa les yeux, se pencha en avant. Nikki le vit osciller de la tête quasi imperceptiblement, tel un serpent tâtant l’air.
    — J’aurai Zaïtsev. Avec votre aide ou celle de quelqu’un d’autre, déclara Thorvald, tournant la tête pour mettre fin à la discussion.
    Nikki regarda l’unité 2. Nous jouons à Dieu, ici, en haut. L’un de ces soldats est un homme mort. Je le sais. Je pourrais empêcher sa mort, mais je ne le ferai pas.
    Je ne suis pas un héros, pour eux. Ils ne peuvent plus avoir de héros.

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