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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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qu’un instant. Les Russes opéraient de près, sans se montrer.
    Thorvald eut un dernier regard pour les sept couvertures servant de linceul. Les soldats qu’elles recouvraient étaient tous de jeunes garçons ; aucun ne semblait plus âgé que Nikki.
    — Ils s’amusent bien, ces Russes.
    A travers les décombres, Mond conduisit Thorvald au poste de secours, s’approcha d’une des infirmières penchée au-dessus d’un soldat inconscient. L’homme avait la poitrine entourée de gaze rouge et suintante.
    — Excusez-moi… murmura Nikki.
    L ‘infirmière tourna vers lui un visage rond aux rides profondes. Les yeux et la bouche étaient entourés de cette chair douce qui retient la fatigue comme une éponge.
    — Le colonel et moi devons parler à certains de ces hommes. Nous cherchons des renseignements sur les tireurs embusqués qui opèrent autour du talus de la voie ferrée. Pouvez-vous demander si l’un de ces soldats a été blessé là-bas ?
    — Aucun d’eux ne vient du talus, caporal, répondit-elle en secouant la tête. Tous ceux qui ont été touchés là-bas sont morts.
    Thorvald se pencha en avant, silencieux comme une feuille qui tombe.
    — Madame, s’il vous plaît, êtes-vous allée au talus ?
    L ‘infirmière se tourna pour essuyer une mousse de sang et de salive bouillonnant à la bouche du blessé.
    — Sept fois. Je les ai ramenés ici en les portant.
    Thorvald posa doucement la main sur le bras de la femme, qui cessa de tamponner les lèvres du soldat.
    — Nous sommes ici pour éliminer les tireurs embusqués russes. Nous sommes des spécialistes. Voulez-vous nous aider ?
    Quand elle se leva, laissant sa compresse sur la poitrine du blessé, Nikki découvrit des taches sur le devant de son uniforme. Une croûte couleur rouille s’étalait sur sa poitrine, ses larges épaules. Elle les a vraiment portés, pensa-t-il. Elle a soulevé les corps, les a sortis de la tranchée. Elle les a déposés ici, leur a fermé les yeux et les a recouverts d’une couverture, l’un après l’autre.
    D’une voix empreinte de respect, Thorvald reprit :
    — Si vous pouviez nous montrer où ces garçons sont tombés, cela nous aiderait à localiser les tireurs russes. Nous ne vous retiendrons pas longtemps.
    L’infirmière appela sa collègue, tendit le bras vers le soldat dont les lèvres soufflaient des bulles roses.
    — Madeleine. C’est le prochain.
    Hors du poste, elle baissa la tête derrière le char immobilisé puis s’élança vers un tas de gravats. Avec une agilité invitant Nikki à la suivre, elle se faufila entre les pans de murs et les trous d’obus pour faire halte derrière un camion russe abandonné dont le toit avait brûlé. Après avoir couru à découvert sur une dizaine de mètres, elle se jeta derrière une file de wagons démantibulés juchés sur un talus d’un mètre de haut.
    L’infirmière se glissa dans la tranchée longeant le talus ; Nikki suivit, soulagé d’être parvenu à destination sans attirer l’attention des tireurs d’élite de l’Armée rouge.
    Cette femme a fait le chemin sept fois, songeait-il, s’arrêtant, s’abritant, attendant, ployant au retour sous le poids du mort qu’elle portait. Nous sommes à trois cents mètres derrière les lignes, normalement en sécurité. Mais la simple présence de tireurs isolés russes dans le secteur change tout. Chaque pas, chaque geste doit être calculé pour ne pas inviter une balle. Quand les tireurs russes sont dans le coin, on risque sa vie rien qu’en marchant le dos droit, ou en jetant un coup d’œil au-dessus d’un parapet.
    Une fois dans la tranchée, tapi derrière le talus, Nikki tourna la tête, chercha des yeux le colonel. Thorvald était resté à trente mètres derrière, abrité par le châssis du camion russe. Il agita une main dans l’air pour faire signe à Mond de continuer sans lui. Il sera plus en sécurité là-bas, raisonna le caporal. Inutile d’exposer mon billet d’avion pour l’Allemagne à découvert. Je peux me débrouiller sans lui.
    L’infirmière entraîna Nikki dans la tranchée, qui courait le long du talus sur plus de deux cents mètres. Sur la voie ferrée, les cinq wagons espacés de quelques dizaines de mètres refusaient de s’écrouler sur leurs roues d’acier. Derrière chacun d’eux, un peloton d’une douzaine de soldats ; assis autour d’une mitrailleuse protégée par des sacs de terre. Aucune des mitrailleuses n’avait de servant.
    La femme

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