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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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mécontentement abondaient. Pas une semaine sans qu’une âme charitable vienne lui faire le récit circonstancié des dernières turpitudes d’Aloïs.
    Dans son coin, plus effacée et dévouée que jamais, Klara attendait son heure, telle une araignée sa mouche. Au fil des jours, elle s’était persuadée que, sitôt Anna morte, c’était elle qui deviendrait la Hausfrau de son oncle. Pour se punir de telles pensées, elle refaisait le ménage à fond, briquait les
escaliers, même lorsque ce n’était pas nécessaire, récurait les lieux d’aisances, chassant la saleté avec une obstination digne d’un policier traquant un criminel, acquérant sans l’avoir recherché une réputation d’employée modèle.
    Un matin de février, Herr Steif embaucha une nouvelle aide-cuisinière de dix-neuf ans nommée Franziska Matzelsberger que tout le monde appela Fanni.
    Klara lui fit bon accueil jusqu’au soir où elle reconnut le pas de son oncle s’arrêter dans le couloir et gratter à la porte du réduit voisin du sien où logeait la nouvelle. L’oreille collée contre la mince cloison, la respiration courte, elle entendit des bruits significatifs qui lui enflammèrent les joues et le bas-ventre. Elle ne put trouver le sommeil qu’après avoir entendu les pas de son oncle s’éloigner dans le couloir.
    Le lendemain, très perfidement et tout en lui servant son thé matinal, Klara prévenait Anna.
    L’indignation de la malade dépassa de très loin le point de non-retour. Retrouvant un semblant d’énergie, elle se dressa sur son séant et ordonna à Klara de se rendre chez maître Steiner, son notaire.
    – Dis-lui de venir immédiatement.
    Puis elle toussa si fort et si longuement que Klara dut également courir chercher le docteur Sudermann.
    Le notaire conseilla à Anna d’engager une procédure de séparation de corps, le médecin lui enjoignit de s’éloigner de l’Inn et de s’installer dans un endroit moins humide pour ses bronches. Anna obéit aux deux.
    Aloïs était dans son bureau du rez-de-chaussée à dresser la liste des futures promotions quand un planton lui annonça que Herr Steif insistait pour lui parler au plus vite. Pressentant un ennui d’importance, Aloïs songea à son rucher (Pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé !).
    – Faites excuse, Herr Zollamtsofficial, j’ai pris sur moi de vous déranger, mais j’ai pensé que vous devriez savoir
que votre dame, Frau Schicklgruber, est présentement en train de déménager.
    Soulagé pour ses abeilles, Aloïs se composa une mine sévère pour rappeler au propriétaire de l’auberge qu’il fallait désormais dire Frau Hitler quand on parlait de son épouse.
    – Herr Steif, dites à Klara de faire le ménage à fond et d’aérer en grand la chambre dès qu’elle sera libérée… et dites-lui aussi d’accoler de nouveau les deux lits !
    Dans la soirée, Klara reçut la consigne d’obéir à Fanni comme si elle était la Hausfrau .
    – Oui mon oncle.
    En soirée, Fanni quittait son réduit et s’installait dans la chambre d’Aloïs.
    Ce nouveau scandale fit grand bruit dans la petite ville, jusqu’au père Ignaz Probst qui y fit allusion dans son sermon dominical.
    Fanni attendit d’être enceinte pour exiger de son amant le renvoi de Klara.
    – Je suis capable de tenir ton ménage aussi bien qu’elle, et puis j’aime pas comme elle te regarde.
    ***
    Baptist et Johanna Pölzl apprécièrent avec modération le retour inopiné de leur fille aînée. Seule sa petite sœur Theresia et Johanna la bossue l’accueillirent les bras ouverts et des larmes plein les yeux.
    – Si après cinq ans en ville, tu n’as pas été foutue de te faire épouser, je me demande ce que nous allons faire de toi ici, se plaignit sa mère, ajoutant, soupçonneuse :
    – Tu as encore ta fleur ?
    Klara rougit jusqu’aux épaules. Bien sûr qu’elle était vierge, pour qui la prenait-on ? Et ce n’était pas faute de soupirants, surtout la première année, mais à force de refus, ils s’étaient lassés et avaient passé le mot aux autres.
    Elle retrouva son ancienne chambre, et dès le lendemain elle était redevenue fille de ferme.
    ***
    La neige tombait depuis deux jours sur Braunau lorsque Fanni mit difficilement au monde un gros garçon de trois kilos six cents. L’accouchement l’affaiblit considérablement, aussi le docteur l’obligea-t-il à rester alitée. Aloïs écrivit à Spital et réclama le retour en urgence de sa

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