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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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fausse nièce.
    Dix mois après son éviction, Klara réoccupait son réduit sous les combles, bien décidée à ne plus jamais s’en laisser déloger.
    Appliquant cette même habileté qui lui avait si bien réussi avec Frau Anna, la jeune fille sut rassurer Fanni et gagner sa confiance, n’hésitant pas à prendre son parti contre son oncle au sujet de l’enfant. Outre qu’Aloïs avait fait preuve d’une grande répugnance à lui donner son prénom, il n’avait pas bronché d’un cil quand le père Probst avait écrit ILLÉGITIME sur le registre des naissances.
    – Tu oublies trop facilement que je suis toujours marié, et Anna est bien trop cul-bénit pour divorcer !
    – Mais ça ne t’empêche pas de le reconnaître.
    – Parce que tu trouves qu’on ne jase pas suffisamment ? D’ailleurs, je ne vois pas ce qu’il y a de déshonorant à être un bâtard, n’en ai-je pas été un trente-neuf ans durant ?
    ***
    Comme le lui avait ordonné le docteur Sudermann, Anna s’installa dans un vallon proche de Braunau, à l’abri des brumes de l’Inn.
    Les mois passés à ne respirer que du bon air de campagne autrichienne améliorèrent sensiblement sa santé, au point qu’elle se leva à nouveau, toussa moins et retrouva même un semblant d’appétit.
    La nouvelle de la naissance d’Aloïs junior l’atteignit de plein fouet, la réexpédiant illico presto au fond de son lit. Sa toux reprit et il fallut faire appel au docteur Sudermann.
    Par Klara, Aloïs sut qu’Anna rappelait à quiconque lui prêtant oreille que, lorsque les autorités religieuses prendraient connaissance des actes parfaitement contre nature qu’il avait exigés d’elle le soir de leurs noces, leur mariage serait annulé et, mieux encore, il serait mis en demeure de rembourser la totalité de la dot.
    Ce dernier point conforta Aloïs dans sa résolution de prendre les devants. Bien sûr il n’était pas question d’assassiner sa femme, mais il n’était pas disposé non plus à attendre que la tuberculose s’en charge. Consulté, le docteur Sudermann s’était montré formel : malgré son état critique, Anna pouvait encore vivoter quelques années avant d’expirer.
    – Par contre, Herr Schicklgruber… pardon, Herr Hitler… c’est son cœur qui me préoccupe. Il n’est guère solide et il est impératif de lui éviter toute émotion forte.
    ***
    Fanni s’était à peine remise de son laborieux accouchement, quand elle se découvrit à nouveau grosse.
    –  Bis repetita , déclara sobrement Aloïs en se curant les dents avec une allumette taillée au canif, ajoutant un large sourire tout à fait inhabituel.
    Prévenue, Anna défaillit, mais comme à la longue elle s’était mithridatisée, elle ne défaillit qu’un petit peu seulement. On manda le médecin qui lui prescrivit un repos prolongé dépourvu de visites, donc de mauvaises nouvelles.
    Pour la plus grande joie de sa jeune maîtresse, Aloïs proposa de se rendre à la paroisse Saint-Étienne afin de reconnaître le petit Aloïs Matzelsberger. Ensuite, sous prétexte qu’il se devait de célébrer l’événement, il convia à un grand banquet ses collègues douaniers, dont Carl Wessely,
en poste à Simbach et avec qui il était lié d’amitié ; il convia également ses voisins, ses amis apiculteurs (tous des mobilistes), sans oublier la famille de Fanni au complet (huit personnes). La fête eut lieu au relais Post, le meilleur hôtel de la vieille petite ville. À la fin du repas, des musiciens hongrois apparurent et on valsa jusqu’à l’aube.
    Aloïs chargea Klara de se rendre chez Anna et de lui relater, sans épargner un seul détail, le déroulement de la fête.
    – Et quand elle croira avoir tout entendu, tu lui remettras ça de ma part.
    Il lui tendit deux factures : la première concernait le banquet, la seconde l’achat d’un cercueil en sapin avec poignées de cuivre ouvragées. Les factures étaient au nom d’Anna et attestaient que les sommes avaient été débitées de ses avoirs.
    – Ah mais, mon oncle, c’est qu’elle va le prendre très mal, et vous savez ce que le docteur a dit…
    Emprisonnant son menton entre deux doigts (le pouce et l’index), Aloïs la contraignit à lever la tête et à le regarder au fond des yeux.
    – Si tu ne veux pas, je peux demander à quelqu’un d’autre.
    Klara empocha les deux factures, noua son fichu et sortit.
    ***
    Tout en déchiquetant son mouchoir de ses ongles trop longs, Anna

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