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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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sans rire.
    ***
    En juillet 1896, bien écœuré par son expérience ratée de gentleman farmer , mortifié jusqu’au noyau d’avoir découvert ses limites après les avoir autant surestimées, Aloïs revendit sa belle propriété à perte.
    Il loua le troisième étage de l’unique Gasthaus Leingartner de Lambach (deux mille trente-deux habitants), et s’y installa avec les siens.
    En face de l’immeuble, de l’autre côté de la route, s’élevait l’imposante et très vénérable abbaye des Bénédictins du xi e  siècle qui dominait la petite cité.
    Adolf entra au cours préparatoire que donnait les bénédictins du monastère, et Angela, qui savait déjà lire, écrire et un peu compter, fut affectée aux innombrables corvées domestiques.
    ***
    Le 21 avril 1897, pour le huitième anniversaire de son fils, en récompense de ses excellents résultats scolaires, Aloïs offrit à Adolf une jolie écritoire en noyer au couvercle décoré du portrait de l’Empereur et de l’aigle bicéphale.
    – Décidemment, je te le dis comme je le pense, mon fils, te voilà destiné à une brillante carrière de haut fonctionnaire. Tiens, je vais te donner une première leçon qui te fera brûler les étapes. Sache que, dans notre admirable administration impériale, chaque document est soumis à onze formalités bureaucratiques qu’il est préférable d’apprendre par cœur le plus tôt possible…
    Les mains dans le dos, Aloïs arpenta la pièce en les énumérant.
    – Tout document doit d’abord être präsentiert , puis exhibiert , puis indiziert , puis prioriet , puis konzipiert , puis revidiert , puis approbiert , puis mundiert , puis kollationniert , puis expediert et enfin registriert .
    Le doigt sur la page de son livre, Adolf secoua la tête négativement.
    – Ah non alors, moi je veux devenir prêtre et chanter dans toutes les messes.
    Sa voix claire et forte avait été remarquée par le père Grüner, le chef de la chorale du monastère, qui l’avait convié à se joindre aux chanteurs. Depuis, trois fois par semaine, Adolf pratiquait le chant liturgique avec bonheur.
    Aloïs soupira, se gratta le bout du nez, puis reprit son cadeau, décidé à se le faire rembourser là où il l’avait acheté.
    Adolf retourna à sa lecture : il lisait le premier tome de La Guerre franco-allemande de 1870-1871 , rédigé par la Section historique du grand état-major prussien et qui faisait partie de la modeste bibliothèque de son père. Il prit ainsi conscience pour la première fois qu’il existait plusieurs catégories d’Allemands, et que certaines étaient bien mieux loties que d’autres.
    Plus tard, il s’en étonna auprès de ses nouveaux camarades de classe.
    – Puisqu’on est nous aussi des Allemands, pourquoi on n’est pas dans le Reich ?
    – On est des Allemands, mais on est aussi des Autrichiens, et c’est point pareil, rétorqua Fritz Jetzinger d’une voix assurée.
    Son père était un commandant d’infanterie à la retraite, encarté au Alldeutsches, et qui se flattait d’avoir lu en entier De l’origine des espèces.
    – Mon père dit que, si ça continue comme ça, on va être en minorité dans notre propre pays… et alors on sera obligés d’apprendre le tchèque, ou le hongrois, ou le ruthène, ou le croate, ou le serbe, ou le roumain, ou le slovaque, ou l’italien…
    – Moi j’ai entendu mon père raconter que les ouvriers de l’usine de locomotives de Linz étaient presque tous des Tchèques ! dit Markus Leingartner, le fils aîné de l’aubergiste.
    Adolf agrandit ses yeux excessivement bleus et brillants.
    – Alors pourquoi les usines les acceptent ?
    – Parce qu’ils sont d’accord pour être moins payés qu’un vrai Autrichien allemand.
    – Faut les voir tous les dimanches sur la Franz-Josef… Ça grouille comme des poux autour de la colonne de la Trinité…

10
    « Le fanatisme est la seule forme de volonté qui puisse être insufflée aux faibles et aux timides. »
    Friedrich Nietzsche
    – J’espère que personne ne va se dégonfler.
    – Uff, uff, uff ! s’exclamèrent les quatre Braves en brandissant le poing droit dans la direction de l’ennemi, invisible pour l’instant.
    Rassuré, Loup-Très-Méchant passa sa meute en revue ; étaient présents Crotale-Réjoui (Josef Schönefeld, fils du marchand de tabac), Puma-Bien-Futé (Markus Leingartner, fils de l’aubergiste), Caribou-Jamais-Content (Bernhard Zoebl, fils du meunier),

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