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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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éclata aux pieds des Braves, libérant une bonne vingtaine de guêpes furibondes. Tous se précipitèrent en même temps vers la sortie, sauf Grizzly-Mal-Léché trop ligoté pour les imiter.
    ***
    – Parce que vous trouvez naturel de s’en prendre aux femmes, aux enfants et aux vieillards ? demanda Aloïs, exaspéré par le tour pris par la conversation.
    – S’il est prouvé qu’ils participent à la guerre, pourquoi pas ?
    Toutes les tables de la Gasthaus étaient occupées en cette fin d’après-midi dominical, et comme il faisait encore
chaud, les serveuses s’épuisaient à renouveler les lourds Kruge dépourvus de faux col.
    – Avec leurs allures de gentlemen, ces Anglais se conduisent comme des barbares… Souvenez-vous de leurs exploits pendant la guerre d’Indépendance américaine…
    Personne ne releva ; de toute évidence, le sujet barbait. Herr Zoebl, le meunier, fit un commentaire sur la chaleur ambiante et bientôt on ne parla plus du Transvaal. Écœuré, Aloïs se leva et prit congé de la compagnie, peu convaincu par les « Tu t’en vas déjà ? »
    Vendre le Rauscher-Gut et venir à Lambach n’avait rien résolu. Ses abeilles lui manquaient et les quelques connaissances qu’il s’était faites n’étaient pas des plus raffinées… Comment vieillir paisiblement quand on se découvrait chaque jour plus faible, plus démuni, plus coupé du monde actif ? C’était comme si les portes de la vie, derrière lui, se fermaient les unes après les autres. Aloïs monta l’escalier en s’aidant de la rampe, et quand il poussa la porte de l’appartement, Klara donnait le biberon à Paula, Hannitante repassait du linge, Edmund pleurait, assis dans une flaque d’urine ; Angela et Adolf étaient absents.
    Aloïs prit une pipe au râtelier, la bourra, s’installa dans son fauteuil près de la fenêtre. Il déployait la dernière livraison du Alldeutsche avec l’intention de ne pas rater une ligne lorsque le bambin ajouta des glapissements suraigus à ses pleurnichements.
    – Fais-le taire ! C’est insupportable… et en plus, regarde, il baigne dans sa pisse !
    – Je sais, admit Klara sans interrompre son biberonnage, mais depuis quelque temps il fait dans sa culotte dès qu’il me voit s’occuper de sa sœur. On le dirait jaloux !
    – Jaloux, à quatre ans ? Ne dis donc pas de sottises. Qu’il se taise, c’est tout ce que je demande.
    À cet instant, la porte s’ouvrit : Adolf apparut, décoiffé, trempé jusqu’à l’os, défiguré.
    Klara déposa précipitamment Paula et son biberon sur la table de repassage.
    –  Mein Gott , Adi ! Qu’est-ce que tu t’es fait au visage ?
    Bien qu’il eût couru très vite en zig comme en zag, trois guêpes l’avaient rattrapé. Une l’avait piqué à la joue gauche, une autre sur l’aile du nez et la dernière sur le menton, triplant leur volume habituel. Afin d’échapper aux autres vespidés, il s’était jeté dans la Traun et s’était laissé dériver bien au-delà du pont avant de reprendre pied.
    – On jouait près de la rivière quand on a été attaqués par un essaim de guêpes ! J’ai dû plonger dans la rivière pour leur échapper.
    Sa mère ouvrit un pot de propolis et en appliqua sur les boursouflures.
    Son père l’examina de plus près. Si les piqûres étaient bien celles de guêpes (des piqûres d’abeilles n’auraient pas autant enflé), en revanche, il était formel, les guêpes ne faisaient pas d’essaim en juillet.
    – Ce sont bien des guêpes qui t’ont piqué, mais ce n’était pas un essaim. Il faut toujours que tu exagères !
    – C’était un essaim, howgh ! J’ai parlé ! répliqua Adolf, ajoutant un coup de menton agacé.
    – Tu mens ! Les guêpes n’en forment pas en cette saison… et je t’ordonne de cesser tes ridicules onomatopées !
    – On jouait sous un arbre et, badaboum, elles nous sont tombées dessus, et c’était un essaim ! s’obstina le garçon indigné de ne pas être cru sur parole.
    Il regarda sa mère qui lui sourit tendrement. Fort de cet appui, il en rajouta une louche.
    – Vous ne voulez jamais me croire ! J’étais avec Schönefeld, Leingartner, Schultze et Zoebl, et eux aussi ont été piqués.
    – J’ignore pourquoi tu t’enferres dans tes mensonges, mais je connais un moyen qui saura te faire dire la vérité.
    Aloïs tapota le large ceinturon qui encerclait son ventre rebondi de buveur de bière. Le gamin regarda sa

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