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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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mère, qui l’encouragea des yeux, plus ou moins consciente qu’elle l’incitait à tenir tête, ce qu’elle-même n’avait jamais osé faire.
    – C’était un très gros essaim… au moins trois cents guêpes, sans doute plus, j’ai pas eu le temps de toutes les compter.
    Aloïs poussa un tel soupir qu’une latte du plancher se fendilla sur toute sa longueur. Ce garnement mentait avec un aplomb digne d’un contrebandier italien. Qu’avait-il fait à la vie pour qu’un gamin de dix ans, bientôt onze, le sien de surcroît, lui tienne tête aussi effrontément ?
    Quand comprendrait-il qu’un futur fonctionnaire se devait d’apprendre à obéir et à saluer bas ? La flexibilité d’échine était l’une des qualités requises à la réussite d’une carrière digne de ce nom.
    Aloïs débouclait sa ceinture lorsqu’il y eut trois péremptoires toc contre la porte.
    Hannitante ouvrit et laissa entrer Herr Jetzinger suivi de son fils aîné Fritz au visage boursouflé.
    L’ancien commandant de la Kaiser Königliche Armee ne perdit pas de temps en préambule.
    – Herr Hitler, votre fils ici présent a volé les chaussures du mien. Je viens les récupérer.
    L’index dénonciateur, il désigna Adolf.
    – Et sache qu’aucune rançon ne sera payée, petit voyou.
    Peu ému, Adolf chercha les yeux de Grizzly-Mal-Léché sans les trouver, celui-ci préférant les garder baissés sur ses pieds nus. En mêlant les adultes au jeu, Fritz avait commis l’irréparable.
    – Accusez-vous mon fils d’être un voleur, Herr Jetzinger ?
    – Constatez par vous-même !
    Le commandant à la retraite pointa l’index vers les pieds nus de son fils.
    Adolf protesta avec véhémence.
    – On ne lui a rien volé du tout ! On les a gagnées, ses chaussures ! Et si on avait perdu, c’est moi qui n’aurais plus de chaussures. Howgh, j’ai parlé.
    C’en fut trop pour Fritz, et pourtant il avait des difficultés à articuler, une guêpe l’ayant piqué à la lèvre inférieure.
    – Menteur ! On a toujours dit jamais les affaires, et c’est toi qui as changé les règles !
    – Adolf ! As-tu oui ou non volé ces chaussures ?
    – Je les ai gagnées ! Et si j’avais voulu, j’aurais pu prendre aussi sa Lederhose  !
    Le visage d’Aloïs s’empourpra, moustaches et favoris compris. Reconnaissant tous les mauvais signes, Klara tenta une diversion.
    – Mais enfin, Adi, tu as quatre paires de chaussures, pourquoi as-tu fait une chose pareille ?
    D’un geste agacé, Aloïs lui fit signe de se taire.
    – Où sont ces chaussures ?
    Ce fut le tour d’Adolf de baisser la tête. Il les avait perdues dans la Traun, en même temps que sa superbe coiffe de sachem en plumes de coq (les plumes de poule étaient réservées aux squaws), une coiffure qu’il serait compliqué de remplacer, les propriétaires des poulaillers étant sur le qui-vive.
    – Je les ai perdues en plongeant dans la rivière.
    – Des chaussures à deux Kronen pratiquement neuves ! s’indigna Herr Jetzinger.
    Très digne, Aloïs fouilla dans sa poche gousset et sortit deux pièces d’une Krone .
    – Voici de quoi remplacer les chaussures de votre fils, Herr Jetzinger.
    Le vieux militaire les prit à regret, comme déçu de ne pas avoir rencontré plus de résistance.
    – Quelle punition comptez-vous lui infliger ?
    – Je vais y réfléchir, Herr Jetzinger… Au fait, que vouliez-vous dire tout à l’heure en parlant d’une rançon ?
    – Votre fils s’est conduit comme un bandit de grand chemin. Il exigeait un livre en échange des chaussures. On est en droit de se demander d’où lui sont venues de pareilles idées.
    Tous les regards convergèrent vers Adolf, qui prit un air modeste sous ses boursouflures.
    – Dans le chapitre sur les embuscades que j’ai trouvé dans le livre sur la guerre de 1870.
    Il désigna l’étagère près de la cheminée où s’alignaient les quatorze livres constituant l’entière bibliothèque de son père.
    Aloïs montra la porte restée ouverte.
    – Je ne vous retiens pas, Herr Jetzinger, le bonjour chez vous.
    Edmund choisit l’instant où le battant se refermait pour recommencer à brailler, vite imitée par Paula.
    Avec des gestes lents qui ne faisaient que souligner sa fureur contenue, Aloïs déboucla son ceinturon.
    – Tu sais ce qui t’attend. Va te préparer.
    Tel le Mescalero marchant sur le chemin du poteau de torture, Adolf se rendit dans sa chambre, baissa sa

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