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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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qu’il sait tout.
    Adolf allait l’obliger quand il lui vint une meilleure idée.
    – Tu me donnes quoi en échange ?
    – Qu’est-ce que tu veux ?
    – Tes crayons de couleur.
    – Euh… c’est beaucoup.
    Adolf lui rendit la page arrachée. Le gamin se récria.
    – Non, tiens, les voilà, allez dessine, s’il te plaît, Adolf.
    Les six crayons étaient aux trois couleurs des pangermanistes, noir, rouge et or.
    Adolf terminait son dessin quand déjà un autre élève lui tendait une feuille vierge.
    – À moi aussi, Adolf, tu m’en fais un, mais plus grand, et je te donne mes buvards neufs… Y en a six ! dit Peter Kohner, le fils du postier de Leonding.
    – Et moi, si tu m’en fais un en couleurs, je te donne mon taille-crayon Krupp, dit Anton Wiedmann, le fils du propriétaire du Tabak-Trafik sur la place.
    – Et moi, j’ajoute mon double décimètre !
    – Et moi, je te donne vingt Heller si tu m’en fais un avant tout le monde, proposa Helmut Stiefler, le fils de la Gasthof Stiefler.
    Les progrès d’Adolf en dessin se révélèrent foudroyants, et les bonnes notes qui les récompensèrent l’encouragèrent à essayer l’aquarelle, puis la peinture à l’huile.
    ***
    Un dimanche après-midi, profitant de l’absence d’Angela invitée à un mariage, Adolf s’introduisit dans sa chambre et fouilla les tiroirs, s’attardant sur celui réservé aux sous-vêtements. Il était en arrêt devant une brassière bleu pâle qu’il examinait avec la perplexité d’un archéologue confronté à un parchemin atlante lorsque la porte d’en bas s’ouvrit et des voix résonnèrent dans le couloir. Adolf n’eut que le temps de se glisser sous le lit, et déjà Angela et deux de ses amies, Hildegard et Gertrud, entraient dans la chambre en piaillant.
    Le nez dans les moutons de poussière (preuve scientifique qu’Angela négligeait son ménage), le gamin s’efforça de ne pas éternuer, très inquiet à l’idée d’être découvert. Pourvu qu’aucune de ces gourdes n’ait la maladresse de laisser échapper quelque chose qui roulerait sous le lit. Son ventre gargouilla dangereusement.
    Sur la base de leurs caquetages surexcités, il comprit qu’Angela était revenue pour passer sa meilleure robe dans l’espoir de susciter l’attention de Conrad Winter, le fils du grainetier, la coqueluche de ces demoiselles, un braconnier impénitent dont les nombreux démêlés avec le garde champêtre étaient suivis comme un feuilleton par la population de Leonding.
    – Ce que j’aime, c’est quand il redresse sa mèche, ah, oui, quand il la redresse comme ça, moi, je fonds.
    Elles éclatèrent de rire à l’unisson et, pendant un instant, Adolf se crut dans un poulailler. Sans comprendre ce qui pouvait tant les amuser, il étira sa jambe droite menacée d’ankylose.
    – Moi, dit Hildegard, ce n’est pas le geste qui me plaît, c’est la mèche, je trouve qu’elle lui donne un air à la fois romantique et distingué.
    – C’est vrai que ce n’est pas un bouseux ou un ouvrier qui se coifferait comme ça, approuva Angela dont il ne voyait que les mollets.
    – Je me demande si la sienne est aussi longue que sa mèche… Vous riez, mais ma grand-mère elle dit que les hommes qui ont un gros nez, ou des grands pieds, en ont aussi une longue.
    Baissant la voix, Gertrud ajouta quelque chose qu’il ne put entendre. Elles gloussèrent.
    – Ce que je comprends pas, c’est comment de toute petite et toute molle, elle devient aussi grosse et aussi dure que tu le dis.
    – C’est un os que les hommes ont dans le ventre et qui sort au bon moment.
    – Un os, tu crois ?
    – C’est ma grand-mère qui me l’a dit. Elle m’a dit aussi que, chez certains, l’os ne se dresse jamais vraiment et ceux-là il faut les éviter car ils font toujours des mauvais maris…
    – Comment on peut les reconnaître ?
    – C’est ça le problème, on peut pas.
    La voix de Gertrud se fit pédante.
    – Il paraît qu’ils l’ont pas tous de la même longueur, ni de la même grosseur d’ailleurs. Ma grand-mère m’a raconté que c’était les Juifs qui avaient les plus grosses, tellement grosses qu’on était obligé de leur en couper un bout au moment de la naissance !
    Un silence pensif suivit cette déclaration ; puis Angela se déclara prête et bientôt le trio quitta la petite chambre. Adolf attendit que les bruits de pas s’estompent dans l’escalier avant de sortir de sa cachette

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