La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler
Michaelsbergstrasse, dans le village de Leonding (deux mille huit cents habitants), à une lieue à peine de Linz où la plupart de ses collègues de Braunau et de Passau s’étaient retirés. La maison à étage était entourée d’un grand jardin d’une demi-acre où poussaient une vingtaine de pommiers. Aloïs fit construire un auvent accolé à la maison et installa dessous douze ruches mobiles.
Le 23 février 1899, la famille Hitler quitta Lambach et emménagea à Leonding. Klara, qui n’avait jamais été consultée, s’étonna de découvrir son nouveau foyer à deux pas du cimetière.
– Comme ça, lorsque je serai mort, tu n’auras que la route à traverser pour fleurir ma tombe.
La voyant se signer afin de conjurer une telle éventualité, Aloïs rit avec bonhomie.
– Pour tout te dire, l’ancien propriétaire était le fossoyeur municipal. C’est pour ça que je l’ai acheté une bouchée de pain.
Angela, qui allait avoir seize ans, eut droit à sa chambre, Adolf (neuf ans) dut partager la sienne avec Edmund (cinq ans), tandis que Paula (trois ans) continua de dormir dans la chambre de ses parents (soixante-deux ans et trente-neuf ans) ; quant à Hannitante (trente-six ans), elle occupa le débarras du rez-de-chaussée.
Le lendemain matin, Adolf se présentait à la Volksschule de Leonding où son père l’avait inscrit.
Contrarié d’avoir été, une nouvelle fois, arraché à ses habitudes, contrarié d’avoir été brutalement séparé de ses Braves, Adolf se montra maussade, à la maison comme à l’école, ne desserrant les dents que pour répondre à ses nouveaux professeurs sur un ton ennuyé, ponctuant ses phrases de mystérieux Uff, uff, uff qui en laissaient plus d’un perplexe ; mais comme ce qu’il faisait était bien fait, il lui était beaucoup pardonné.
Un matin, Adolf se présenta à la Volksschule muni d’une longue corde à nœud coulant.
– C’est un lasso utilisé par les cow-boys en Amérique pour faire des prisonniers ! Howgh !
Durant la récréation de 10 heures, il ébaudit son assistance en réussissant (à la troisième tentative) à entraver la chienne du directeur qui faillit le mordre à la main. Un autre jour, Adolf sortit de son cartable ce qu’il nomma un
tomahawk, une pierre plate trouvée sur la rive du vieux fleuve et qu’il avait solidement fixée à une moitié de manche à balai déjà décoré de plusieurs plumes de pintade. En guise de mode d’emploi, il ouvrit Winnetou, l’homme de la prairie , et lut d’une voix forte et claire quelques passages bien sentis sur l’utilité d’avoir un tomahawk.
« Si vous consentez à partir, nous nous séparerons en frères ; si vous refusez, nous déterrerons le tomahawk de guerre. Je suis Intchou-Tchouna, chef de tous les Apaches. J’ai parlé. Howgh ! »
Howgh étant une expression indienne équivalent à peu près à : amen , ainsi soit-il, c’est mon dernier mot, etc.
Une semaine plus tard, la meute dissoute de Loup-Très-Méchant était reconstituée.
***
Dès la première nuit dans sa nouvelle chambre, Adolf remarqua la lumière qui filtrait de la cloison le séparant de la chambre d’Angela. La puberté aidant, il profita qu’Edmund était endormi pour monter sur l’unique chaise de la pièce et coller un œil entre les deux planches mal ajustées. Ce qu’il vit lui empourpra les joues et provoqua une érection. Aussitôt, l’extrême étroitesse de son prépuce transforma le plaisir naissant en une douleur décourageante.
Bien qu’il n’en comprît pas les raisons, il s’était accoutumé à ce phénomène. Était-ce normal ? Cette douleur faisait-elle partie de son développement, au même titre que la perte de ses dents de lait ?
Il assista chaque soir au coucher d’Angela, et ses nouvelles connaissances en physiologie féminine grandirent son prestige auprès de ceux qui, à ce jour, avaient cru que
les lèvres d’un vagin, semblables à une bouche, étaient horizontales. Afin de mieux illustrer son propos et de dissiper les derniers doutes, Adolf avait dessiné de mémoire les organes génitaux de sa demi-sœur sur son ardoise, poussant le réalisme jusqu’à inclure les quelques poils frisottés qui s’y multipliaient depuis un an.
Terriblement impressionné, Martin Ungerer, le fils du menuisier, arracha une page de son cahier de brouillon.
– Dessine-m’en un, s’il te plaît, Adolf. Je veux le montrer à mon cousin qui croit
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