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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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à la cantine de la Realschule . Adolf fut autorisé à s’asseoir à la table réservée aux élèves noir-rouge-or qui faisait face à la table accueillant les jaune-noir, les couleurs des partisans des Habsbourg.
    Le lundi il y avait du goulasch au menu, ce qui donnait aux noir-rouge-or l’occasion de protester bruyamment contre un plat si peu national-allemand ; mais comme ils avaient faim et que le goulasch était la spécialité de la cuisinière, ils terminèrent leur assiette sans en laisser une miette.
    De 13 heures à 14 h 30, le professeur Stenger leur enseigna les sciences naturelles.
    – La chair de poule est chez l’homme le vestige du temps où il possédait une fourrure naturelle…
    De 14 h 45 à 16 heures, cours d’instruction religieuse administré par le révérend père Schwartz.
    – Pour ce premier jour, vous allez noter les cinq mystères du dogme chrétien, ainsi nous n’aurons plus à y revenir puisque ce sont des mystères.
    Il ferma le poing droit et dressa le pouce.
    – Premier mystère : le mystère de la sainte Trinité.
    Il dressa l’index.
    – Deuxième mystère : le mystère de la double nature du Christ (il est Dieu et homme).
    Et ainsi de suite jusqu’à l’auriculaire.
    – Troisième mystère : le mystère de l’Immaculée Conception. Quatrième mystère : le mystère de l’Eucharistie. Cinquième mystère : le mystère de l’existence du Mal sur la Terre.
    En fin de journée, les oreilles bourdonnantes, la cervelle endolorie par tant de nouveautés assenées en si peu de temps, bleuet de papier à la boutonnière, Adolf rentra à Leonding, marchant le long du Danube, réfléchissant aux cinq Kronen promises pour le Schulverein, élaborant une stratégie pour convaincre son père, puis, si cela ne suffisait pas, sa mère et Hannitante.
    ***
    Cette année-là, lorsque le photographe fit sa rituelle apparition, Adolf se relégua lui-même dans un coin de la photo, presque en dehors. Sa mèche avait disparu, ses cheveux étaient ras et son air contrit était de mise avec un carnet scolaire catastrophique. Il était avant-dernier et il allait devoir redoubler son année (Peut mieux faire, manque de concentration). Il appréhendait la réaction de son père (surtout les gifles), et pour se rassurer, il se disait : Peut-être va-t-il enfin comprendre que je ne suis pas fait pour être fonctionnaire ?
    ***
    Redoubler son année se révéla moins éprouvant qu’Adolf ne l’avait imaginé. D’abord, il se retrouva parmi des élèves plus jeunes ; ensuite, trois venaient de Leonding et avaient fait partie de sa meute.
    Bientôt, les professeurs constatèrent l’apparition dans la cour de récréation d’un nouveau jeu ; il s’agissait d’agiter une longue corde appelée lasso et de pousser d’insolites Uff, uff, uff. La recrudescence de porteurs de mèche, particulièrement parmi les élèves, fut dûment notée : une mode capillaire d’autant plus incompréhensible qu’aucun chanteur, musicien, comédien ou même homme politique de renom ne se coiffait ainsi.
    Lorsqu’en fin d’année le photographe photographia sa classe, Adolf avait repris la place centrale, au-dessus de tous les autres, et sa mèche était si longue qu’il devait la coincer derrière l’oreille pour l’empêcher de glisser. Seules ses notes, toutes matières confondues, restaient mauvaises, d’aucuns diraient désastreuses.
    ***
    À l’occasion de son douzième anniversaire, Adolf reçut une montre et un billet pour aller voir Guillaume Tell au théâtre de Linz, chaperonné par sa demi-sœur Angela et son fiancé Leo Raubal, un fonctionnaire des Impôts qu’il prit en grippe au premier coup d’œil.
    Renfrogné durant le premier acte, Adolf s’anima lorsque Guillaume Tell, le nationaliste helvète, refusa de saluer le chapeau du bailli aux couleurs des Habsbourg. Tel un asticot extrait de son trou, Adolf s’agita sur son siège au moment où Hermann Gessler ordonnait à Tell de tirer à l’arbalète sur une pomme posée sur la tête de son fils cadet Walter.
    –  Schweinehund   ! s’écria-t-il, rouge de colère, agitant le poing droit en direction du bailli, suscitant quelques rires dans l’assistance ainsi qu’un chuuuuut embarrassé venant
de son futur beau-frère, fervent monarchiste qui trouvait l’attitude du bailli parfaitement légitime.
    Lorsque Guillaume Tell arma son arbalète, Adolf donna un coup de coude à Angela.
    – Regarde, regarde,

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