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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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pourquoi il met une deuxième flèche de côté ?
    Assistant au drame pour la première fois, Angela lui répondit par un haussement d’épaules.
    – Je sais pas, Adi.
    La pomme traversée, l’infect Gessler demanda à Guillaume Tell pourquoi il avait glissé dans sa chemise un second carreau. Tell admit volontiers que, s’il avait manqué la pomme et blessé son fils, il aurait aussitôt occis le bailli.
    Adolf applaudit des deux mains en sautant sur son fauteuil et en poussant plusieurs Heil ! Heil ! Heil !
    Quatre heures plus tard (la version longue durant sept heures, le metteur en scène avait privilégié la version courte), tandis que les spectateurs quittaient le théâtre, Leo Raubal stigmatisa la conduite d’Adolf, lui jurant solennellement que, s’il ne faisait pas amende honorable, ce serait la dernière fois qu’il l’accompagnerait au théâtre.
    – Plutôt apprendre le tchèque ! répliqua Adolf, lui tournant le dos et rentrant seul à Leonding, malgré les rappels peu convaincants d’Angela.
    Les jours suivants, après avoir bricolé un cintre pour le faire ressembler à une arbalète, Adolf reproduisit les scènes principales dans la cour de la Realschule , choisissant pour le rôle du fils Tell le petit Wilhelm Müller, le fils du pharmacien de la Herrengasse avec qui il quêtait pour le Südmark et le Schulverein.
    Parallèlement à ces activités, il persuada son père de lui payer un abonnement annuel à la bibliothèque municipale, où il lut tout ce qu’il put trouver sur Guillaume Tell, et par extension sur Schiller et sur Rossini.
    Pour Noël, il demanda à sa mère de lui offrir un billet pour une représentation de Lohengrin , ensuite il obtint de son père l’autorisation de s’y rendre seul.
    Si Guillaume Tell avait été une surprise, Lohengrin fut une passion. Trois heures trente-huit durant, la cervelle en éruption, cramponné des deux mains à son fauteuil, la bouche à demi ouverte, oubliant parfois qu’il devait respirer, Adolf fut subjugué par ce qu’il voyait, entendait, ressentait, s’efforçant de n’en rien oublier. Ankylosé, il était rentré à Leonding mains dans les poches, traversant le pont métallique en fredonnant un passage du premier acte, le moment où le chevalier arrive, juché sur sa nacelle en forme de coquillage tirée par un joli cygne au plumage d’une immaculée blancheur. Le pont franchi, il avait marché jusqu’à la Marktplatz d’Urfahr en chantonnant le passage où la haïssable Elsa trahissait son serment et questionnait le chevalier sur sa race et ses origines (Moi, elle ne m’aurait pas eu !). Il entra dans la Michaelsbergstrasse en sifflotant, assez mal, le passage où le chevalier déclarait s’appeler Lohengrin et se désignait comme l’un des gardiens du Graal ; Adolf allait enchaîner sur le passage où le cygne se transformait en prince Gottfried lorsqu’il se retrouva devant chez lui. Il se tut et monta se coucher.
    Le lendemain, à la bibliothèque municipale, il dressa la liste de tous les ouvrages concernant Richard Wagner (vingt-huit) et entreprit de les lire, débutant en toute logique par Ma vie , une autobiographie en trois volumes. Par ricochet, il s’intéressa aux légendes médiévales allemandes, le fonds commun de tous les opéras de Wagner.
    Adolf buta sur ses limites lorsqu’il voulut apprendre le solfège afin de pouvoir lire et siffler Tristan et Isolde , Les Maîtres chanteurs , Tannhäuser , Le Vaisseau fantôme , et tous les autres purs chefs-d’œuvre desquels il ignorait la plus petite note.
    Ses progrès n’étant pas assez rapides, il se découragea et dut se contenter d’améliorer son sifflement ; le seul instrument de musique qu’il maîtrisait à l’aide de sa bonne oreille et de sa bonne mémoire.
    ***
    En 1902, les hirondelles quittèrent le pays plus tôt que de coutume, les oignons se fabriquèrent une troisième pelure et, à la Toussaint, les feuilles des hêtres se révélèrent humides au toucher : autant de signes prédisant un hiver long et rigoureux. Pour s’y préparer, Aloïs doubla son stock de charbon. Il était en train de l’emmagasiner dans la cave lorsque sa vue se brouilla : il se sentit mal et s’effondra sur le sol de terre battue.
    Il reprit connaissance dans son lit et s’étonna de voir le médecin à son chevet.
    – Vous n’êtes plus un jeune homme, Herr Hitler. Il faut être raisonnable et éviter les efforts violents ou

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