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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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jamais aimé son père. À Braunau comme à Passau, celui-ci n’était jamais là, et laissait Klara s’occuper des enfants. Ainsi, cinq années durant, Adolf avait été couvé, choyé, conforté par sa mère et par Hannitante qui ne lui avaient jamais dit nein .
    Tout avait changé le jour où son père avait pris sa retraite. Dès lors, il était là, en permanence, tous les jours, et toujours de mauvaise humeur, avec une nette propension à la punition corporelle. La vie de rêve d’Adi s’était écroulée, tel un échafaudage mal construit : la voix trop forte de son père, ses constantes réprimandes, ses gifles brutales, ses humiliants coups de ceinture l’avaient définitivement éveillé à la vraie vie parmi les autres.
    La Michaelsbergstrasse étant en pente, il y eut une halte à la hauteur de la petite caserne des pompiers ; pendant un instant on entendit les respirations saccadées des hommes qui reprenaient leur souffle.
    – Où voulez-vous que nous le déposions, Frau Hitler ? demanda Herr Stiefler une fois arrivé devant le numéro 16.
    Klara lâcha à regret la main d’Aloïs et reprit l’épluche-patates. Sa sœur répondit pour elle :
    – Mettez-le sur la table de la salle à manger, ce sera plus simple pour faire sa toilette.
    Quatre hommes (les plus jeunes) soulevèrent Aloïs et le transportèrent en grimaçant sous le poids. Sa montre glissa de son gousset et se balança au bout de sa chaîne, frôlant le sol.
    – Tu veux que j’aille prévenir Angela ? dit Hannitante.
    Angela était à Linz chez les Raubal. Elle devait épouser Leo en septembre.
    – Non, j’ai besoin de toi ici, il y a tellement à faire… et puis elle a le temps d’apprendre une aussi mauvaise nouvelle.
    Tandis que les hommes se réunissaient dans la cuisine pour parler du défunt en buvant sa meilleure eau-de-vie, les femmes se mettaient à la disposition de la veuve. Deux vieilles qui avaient l’habitude s’offrirent pour la délicate besogne de la toilette mortuaire.
    – Il faut vite lui fermer les yeux et la bouche avant qu’on ne puisse plus. Avec ce froid, il est déjà bien raide, grommela la plus âgée.
    D’abord, la mâchoire fut bloquée avec un foulard noué au-dessus de la tête, puis des morceaux de coton trempés dans de l’eau chaude relâchèrent les muscles releveurs des paupières.
    Le curé se présenta au moment précis où la plus jeune des vieilles, aidée d’une cuillère en bois, introduisait un gros morceau d’étoupe dans le fondement du mort. Bien qu’il en eût, le curé fit un demi-tour droite et alla boire un verre de schnaps dans la cuisine.
    Comme à un signal donné, la maison des Hitler se vida à l’heure du Mittagessen .
    Herr Stiefler prit congé de la veuve en lui remettant un paquet enveloppé dans une page du Tagespost .
    – Cela appartenait à votre défunt, Frau Hitler.
    L’air absent, Klara prit le paquet et le déposa sur un coin du buffet.
    Un homme en chapeau melon la salua.
    – Helmut Sorge, du Linzer Tagespost , Frau Hitler… Toutes mes condoléances… C’est pour la chronique nécrologique.
    Puis ce fut le tour du fossoyeur ( Totengräber ), Herr Mathias Meyer.
    – Penser à la tombe c’est bien, mais avez-vous songé aux faire-part, Frau Hitler ?
    Ce jour-là, le déjeuner fut servi avec une heure et quart de retard. Au moment de s’asseoir, Klara désigna à son fils la chaise vide en tête de table.
    – C’est la tienne, maintenant.
    La famille mangeait en silence quand un craquement semblable à un coup de feu annonça qu’une branche de pommier venait de céder sous le poids de la neige.
    ***
    Les visites reprirent en début d’après-midi : presque tout Leonding défila au 16 de la Michaelsbergstrasse.
    Revêtu de son uniforme des Douanes impériales et royales, deux pièces en argent de cinq Kronen posées sur les paupières, Aloïs était allongé dans un grand cercueil entouré de quatre chandeliers de bronze aux cierges allumés. En prévision de la veillée funéraire, des chaises étaient disposées le long des murs et les volets de l’unique fenêtre étaient fermés.
    Vêtue de la robe de deuil qu’elle portait pour la sixième fois, Klara, encadrée de Paula et d’Adolf, serrait des mains en recevant les condoléances. Hannitante était partie à Linz prévenir Angela et acheter de la charcuterie et du vin.
    Adolf portait la culotte courte et la veste noire que sa mère lui avait achetées lors du

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