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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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les épaules, signe qu’il acceptait. Il s’attendait à pire comme corvée. Il s’assit sur le tabouret près de la fenêtre et reprit sa lecture.
    – Pourquoi y touche son nez sans arrêt, y s’est fait piquer par une abeille ? dit Paula, contente de voir sa mère et son frère sourire.
    – Qu’a-t-elle dit ? demanda le visiteur.
    – Oh, c’est sans importance, répondit Klara confuse.
    Le doigt posé sur la ligne qu’il lisait, Adolf leva la tête.
    – Ma petite sœur demande si c’est une abeille qui vous a piqué le nez. Elle dit ça parce que ici nous avons du propolis contre les piqûres.
    Sans se soucier de la réponse, il retourna à sa lecture.
    L’homme but sa tasse de café, puis, après les politesses d’usage, il se leva et passa dans le corridor. Sans arrêter pour autant sa lecture, Adolf laissa sa mère lui agrafer sa
pèlerine tandis que Paula maintenait Wolfie qui gigotait, voulant suivre son jeune maître.
    Dans la rue, une fois la porte refermée derrière eux, Adolf questionna Marcello Tricotin.
    – C’est la peau de quel animal, mein Herr  ?
    – Du loup gris des Carpates.
    – Et combien de loups ont été tués ?
    – Cinq… peut-être six.
    Tout en traversant la rue, Adolf le toisa de haut en bas.
    – D’où venez-vous pour parler notre allemand avec un tel accent ?
    – Je suis un Italien du Piémont.
    Adolf grimaça.
    – Aïe, aïe, aïe, mon père n’aime pas les Italiens… Il dit qu’on ne peut pas leur faire confiance.
    L’homme trébucha sur rien du tout.
    – On ira plus vite en coupant par le cimetière, décida Adolf en entrant dans le Friedhof enneigé.
    – Ton père t’a-t-il expliqué pourquoi il ne pouvait pas faire confiance aux Italiens ?
    Le gamin s’arrêta au milieu de l’allée, reconnaissant sur la neige les traces de pas laissées par les chaussures de son père tout à l’heure. Je suis un fameux pisteur, se dit-il avec satisfaction.
    – Mon père a été officier supérieur des Douanes pendant quarante ans. Il connaît les étrangers par cœur et sur le bout des doigts.
    Il s’immobilisa devant une tombe au pied d’un cyprès de belle taille.
    – C’est mon petit frère qui est là. Lui, c’est la rougeole qui l’a eu.
    Marcello Tricotin écarquilla les yeux en soulevant ses sourcils.
    – Lui ?
    – Oui, j’ai déjà eu deux frères et une sœur qui sont morts de la diphtérie… mais c’était du temps où on habitait Braunau… et moi j’étais pas encore né…
    Comme pris d’une subite impulsion, il ôta ses gants tricotés par Hannitante, il dénoua son cache-col (tricoté par Hannitante), il enleva sa pèlerine (achetée par sa mère à Linz), il gigota pour sortir de son tricot (tricoté par sa mère), il déboutonna sa chemise de coton (achetée à Linz) et il apparut torse nu, la chair fumante.
    – Il fait moins deux ! Rhabille-toi, sinon tu vas contracter une pneumonie, voire pire !
    Déjà frissonnant, Adolf roula ses vêtements dans la pèlerine.
    – Chez les Peaux-Rouges d’Amérique, c’est une preuve de grand courage que de ne pas montrer sa douleur. Tous les jours, je m’entraîne à résister au froid… Vous ne direz rien à ma mère, hein ?
    – Je ne lui dirai rien, mais rhabille-toi quand même.
    Adolf reprit son chemin en marchant dans les traces de son père.
    – De toute façon, vous pouvez lui dire tout ce que vous voudrez, c’est moi qu’elle croira, j’ai parlé. Howgh !
    Pour une fois il ne s’était pas trompé, il l’avait dit dans le bon sens.
    – Si tu tombes malade, cela prouvera quoi ?
    – Ça prouvera que je ne suis pas assez entraîné.
    Serrant les dents pour les empêcher de claquer, Adolf fit quelques pas supplémentaires puis se rhabilla à toute vitesse.
    – En quelle classe es-tu ?
    Le visage d’Adolf se ferma.
    – Je suis dans la classe où je suis.
    Au risque de se rompre le cou, il caracola sur le chemin menant sur la place de Leonding où se trouvait la Gasthof Stiefler.
    ***
    Saluant les habitués d’un hochement de tête, Aloïs s’installa à sa table habituelle près du grand poêle de faïence.
    –  Grüss Gott , Herr Hitler, le salua la serveuse en posant devant lui un verre de bière et un verre de vin blanc.
    Tout en bourrant sa pipe, il suivit des yeux la généreuse chute de reins de la serveuse retournant vers le comptoir ; parfois, pareil à un courant d’air ranimant les braises d’un feu mal éteint, le désir

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