Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
Vom Netzwerk:
se manifestait, vivace, fugitif.
    Aloïs déplia le Linzer Tagespost et parcourut la une. Bien que la guerre du Transvaal se fut achevée l’année précédente à l’avantage des Anglais, il ne se passait pas un mois sans que de nouvelles révélations s’étalent dans les journaux. Aujourd’hui, par exemple, il y avait une pleine page sur les camps dits de concentration dans lesquels vingt-six- mille trois cent cinquante femmes, enfants, vieillards avaient péri suite aux mauvais traitements, à la faim, au typhus. Le chiffre était d’autant plus choquant que les pertes des Boers tués au combat s’élevaient à seulement six mille deux cents.
    Il but une gorgée de bière, tira sur sa pipe d’écume et reprit sa lecture, s’interrompant à la vue de son fils qui entrait dans la Gasthaus . Aloïs songea à ses pommiers, puis il remarqua le drôle d’individu qui disparaissait presque sous un luxueux manteau en peau de loup gris… un manteau que son œil expert d’ancien douanier évalua à plus de cent Kronen .
    – Qu’as-tu encore fait ? Tu as cassé des branches ?
    – Mais non, j’ai rien cassé du tout ! Je n’ai même pas commencé. C’est maman qui m’envoie.
    Adolf désigna l’individu derrière lui.
    – Il veut vous parler.
    Avant d’y être convié, l’homme en fourrure s’assit sur la chaise libre face à Aloïs.
    Adolf vit son père plisser le front, froncer les sourcils et s’arrêter de fumer, trois mauvais signes.
    – Toi, rentre à la maison et déblaie-moi cette neige avant midi… et ne casse aucune branche, allez, exécution !
    Le gamin fit demi-tour, entendant l’Italien dire :
    –  Grüss Gott … euuuh… voilà… je m’appelle Marcello Tricotin et…
    Adolf n’entendit pas la suite, pas plus qu’il ne vit Marcello déposer sur la table la miniature de Zwettl.
    Traversant la place d’un pas vif, il se rendit vers l’atelier du maréchal-ferrant devant lequel stationnait un brougham de location immatriculé à Linz.
    Le temps de lire trois pages et l’Italien jaillissait de la Gasthof pour traverser la place en se frottant la nuque.
    – Pour courir si vite, c’est que vous l’avez mis drôlement de mauvaise humeur.
    – Je n’ai pas eu le temps de lui expliquer quoi que ce soit. Il a de suite explosé comme une vieille chaudière.
    Adolf donna un coup de pied dans la neige et s’en alla en lançant par-dessus son épaule :
    – Moi, je vous l’avais dit qu’il n’aimait pas les Italiens.
    ***
    –  Grüss Gott … euuuh… voilà… je m’appelle Marcello Tricotin et mon père s’appelait… euuuh… Carolus Tricotin.
    Le cœur d’Aloïs rata plusieurs pulsations.
    – Voilà, euuuh, je suis le fils de Carolus Tricotin… vous vous souvenez de lui, n’est-ce pas ? Ce qui veut dire… en quelque sorte… que nous sommes frères… enfin, demi-frères.
    Aloïs connut des difficultés à respirer. Sa pipe trembla entre ses doigts. L’Italien se leva et sortit de sa fourrure pour la déposer sur le dossier de la chaise voisine. Ensuite,
comme dans un rêve (un mauvais), Aloïs le vit tripoter le bouton qui poussait au bout de son nez cassé.
    – Je vous cherche à travers tout le pays depuis plus de quatre mois. Je suis même allé jusqu’à Döllersheim, et j’ai failli aller à Strones… Nous avons beaucoup de choses à nous dire… enfin, moi surtout, ou plutôt mon père, enfin je veux dire notre père.
    Il fit apparaître un écrin de velours grenat qu’il ouvrit et posa devant Aloïs, entre le Bockbier et le verre d’Ofner.
    D’abord cet exécrable accent italien, et maintenant, ÇA ! Aloïs regarda la miniature sur ivoire de Zwettl et vit son père en haut-de-forme, peint debout à côté de sa mère qui tenait dans ses bras un bambin dodu, lui ! Chaque détail retrouvé amplifiait ses émotions. Il s’attarda sur le visage de sa mère, puis sur l’élégant costume de Carolus Tricotin, preuve de son statut social, preuve à laquelle Aloïs s’était rattaché pour se convaincre qu’il était différent de toutes les pécores du Waldviertel, dégénérées par des siècles de consanguinité.
    Tout ce qu’Aloïs trouva à dire le surprit lui-même :
    – Où avez-vous volé ça ?
    Celui qui se présentait comme son demi-frère se gratta à nouveau le bout du nez.
    – Je n’ai rien volé… c’est mon père… enfin je veux dire notre père… qui me l’a confié avant de mourir… car il est mort et je peux

Weitere Kostenlose Bücher