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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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au-dessus, se trouvait la loge impériale et royale que soutenaient solidement deux colonnes. Ces colonnes étaient convoitées pour le réconfort qu’elles prodiguaient aux muscles du dos durant des représentations de quatre heures et plus. Pouvoir s’adosser à l’une de ces colonnes justifiait d’arriver deux heures en avance et, dès l’ouverture des portes, de courir très vite pour marquer la colonne désirée. À ce jeu, il s’était découvert un concurrent efficace dans la personne d’un jeune homme maigre, pâle, à la tenue vestimentaire soignée, qui suivait les représentations le dos cambré, les yeux illuminés.
    Ce soir-là, on donnait une piètre prestation de Siegfried et, contre toute attente, l’occupant de la colonne de gauche était sorti de sa réserve. Prenant ses voisins à témoin, il avait fustigé à voix haute l’indigence des décors et la médiocrité des acteurs.
    – S’ils continuent d’être aussi mauvais, les gens vont bientôt faire la queue pour sortir ! Je n’ai jamais vu un Fafner aussi riquiqui, on dirait un lézard ! J’ai parlé, howgh !
    Tant d’assurance et de sérieux avait séduit August : après le spectacle, au lieu de s’éloigner chacun de son côté, ils avaient fait quelques pas ensemble, prenant plaisir à commenter d’un même avis ce qu’ils venaient de voir et entendre. Lorsqu’ils s’étaient séparés, l’un était parti pour
la Humboldtstrasse, l’autre pour la Klammerstrasse, réalisant qu’ils ne s’étaient pas présentés.
    Lors de leur deuxième rencontre ( Lohengrin ) ils échangèrent leurs noms (Kubizek ? C’est pas un peu tchèque ?), et à l’occasion de leur troisième rencontre ( Parsifal ), Adolf avait déclaré, donnant ainsi le ton de leur relation :
    – Je t’autorise à me tutoyer et à m’appeler par mon prénom.
    Ce soir-là, ils avaient prolongé leur soirée en marchant côte à côte le long du Danube. August avait appris avec effarement que son nouvel ami était absolument oisif.
    – Quoi ? Tu n’as pas de gagne-pain ?
    – Jamais de la vie ! Pour qui me prends-tu ?
    – Tu vas à la Realschule ou au Gymnasium  ?
    – Il ne manquerait plus que ça ! Tu ne sais donc pas que l’école ne sert à rien ? Tu ne sais donc pas que la totalité des professeurs sont des imbéciles diplômés ?
    Adolf avait alors détourné la conversation.
    – Et toi, que fais-tu ?
    – Oh, moi, depuis le jour de ma naissance, mon père a décidé que je lui succéderais à l’atelier, alors mon avenir est tracé.
    – Tu aimerais faire quoi ?
    – Quand j’avais neuf ans, pour la Noël, ma mère m’a offert un violon. Ça m’a plu et, depuis, je prends des cours chaque semaine.
    Ils se revirent au rythme des représentations, et prirent l’habitude de marcher ensemble, Adolf parlant, August écoutant.
    – Tu comprends, Gustl, Richard a toujours détesté les chanteurs… Il disait qu’ils étaient directement responsables de la dégénérescence de l’opéra. Il les traitait de cabotins trop maquillés, incapables du moindre réalisme et toujours prêts à n’importe quelle mimique pour forcer les applaudissements. C’est pour ça qu’il a toujours refusé de composer
des airs juste pour favoriser les prouesses de ces virtuoses de la corde vocale. En fait, il a entièrement révolutionné l’opéra et la musique !
    – Comment tu sais tout ça ?
    August vit son nouveau et curieux ami hausser élégamment les épaules.
    – Je le sais… Et toi, tu sais ce que Richard a dit aux chanteurs de son premier opéra ?
    – Non.
    – Il leur a dit : vous êtes au service de mon opéra et pas le contraire.
    Un samedi soir, Adolf proposa à son ami de se revoir le lendemain pour une excursion au Pöstlingberg (cinq cent trente-sept mètres).
    Arrivés au sommet où la vue était si belle, Adolf avait produit un petit carnet noir de sa poche et il lui avait lu un poème où il était question de Brunehilde, les cheveux blonds au vent, caracolant sur un fougueux coursier au côté de Siegfried en armure scintillante, qui brandissait sans effort Nothung, une épée à deux mains presque aussi grande que lui.
    – Alors ?
    – Eh bien, euh, ah mais quelle surprise !
    – Que veux-tu dire ?
    – Je veux dire que tu es la première personne que je rencontre qui écrit des poèmes.
    Après un temps de réflexion, Adolf rempocha son petit carnet noir et prit la direction de l’auberge

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