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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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Leo avait l’intention de changer cet état de fait.
    – Apparemment ta mère n’ose pas te le dire, mais moi si. Tu dois passer ton Abitur et choisir une profession convenable. Ta mère, hélas, ne sera pas toujours là pour t’entretenir.
    – De quoi vous mêlez-vous ? Vous n’êtes pas mon père, que je sache ! Il y a un an on ne savait même pas que vous existiez, et maintenant vous voudriez me donner des ordres ? Je suis ici chez moi, vous pas.
    – Ça y est, monsieur l’artiste pique sa crise, ironisa Angela, très contrariée par la scène, tandis que Klara tentait de calmer son fils.
    – Voyons, Adi, Leo parle pour ton bien !
    Redressant sa mèche d’un geste sec, l’adolescent quitta la table.
    – Excuse-moi, maman, mais je n’ai plus faim. Je vais faire un tour.
    Comme personne ne le retenait, il sortit dignement, louchant au passage vers le gâteau au chocolat sur le buffet. Une fois dans le vestibule, il passa son veston, regrettant son emportement, et pas seulement pour le gâteau, mais parce que ce minable rond-de-cuir n’en valait pas la peine. Il aurait dû rester de marbre, comme la fois où ce chacal galeux s’était autorisé à critiquer sa vocation de peintre, allant jusqu’à prétendre qu’artiste était synonyme de fainéant forcément parasite.
    Aucun bruit de voix ne parvenant de la cuisine, il les imagina figés devant leur assiette, attendant qu’il fût sorti
pour se remettre à le critiquer. Il éteignit la lumière, claqua la porte d’entrée et resta immobile dans le vestibule obscur jusqu’à ce qu’il les entendît parler à nouveau. S’approchant sur la pointe des pieds, il colla l’oreille contre la cloison au moment où Angela disait :
    – … il a toujours été aussi têtu qu’une bourrique : tu aurais dû assister aux tripotées que lui flanquait papa. Rien n’y faisait, il recommençait le lendemain. On dirait qu’il met un point d’honneur à faire le contraire de ce qu’on lui dit.
    – Tout de même, tout de même, il a seize ans et ce n’est plus un enfant ! rétorqua la voix du minable Raubal.
    Des bruits de couverts cliquetant sur les assiettes indiquèrent que l’on se remettait à manger.
    – Approchez votre assiette, Leo, je vais vous resservir, proposa la voix douce de sa mère. J’admets l’avoir parfois gâté, mais quand il est né, je venais de perdre mes trois premiers enfants, j’avais tellement peur de le perdre lui aussi…
    Petit rire d’Angela.
    – Elle le gavait comme une oie !
    Voix de l’imbuvable Raubal qui suivait son idée comme on plante un clou :
    – Méfiez-vous, Frau Hitler, s’il ne s’inscrit pas à temps à l’ Oberrealschule , il ne sera plus accepté et vous serez mise devant le fait accompli.
    Adolf frémit de rage. C’était précisément son plan (Je vais scalper ce type !).
    Voix lasse de sa mère :
    – Bien sûr, Leo, mais comme vous avez pu le constater, Adi n’est pas vraiment comme les autres… Il ne faut pas le brusquer ou le prendre de front.
    Voix de l’haïssable Raubal :
    – Je comprends, Frau Hitler, mais le temps presse !
    – Bien sûr, répéta sa mère sans conviction.
    – Sait-il au moins ce qu’il veut faire dans la vie ?
    – Il veut s’inscrire aux Beaux-Arts de Vienne.
    Voix outrée du perfide :
    – Vienne ! Surtout pas ! Vous n’auriez plus aucun contrôle sur lui !
    Voix faussement neutre d’Angela :
    – Leo a raison. Il n’y a qu’à voir comment il est ici, alors tout seul à Vienne…
    Étranglé par l’indignation, Adolf laissa échapper une rafale de pets qui résonna dans l’étroit vestibule comme s’il venait de jeter une poignée de cailloux sur le plancher. Il sortit en claquant la porte une seconde fois.
    ***
    Afin de ne pas être vu avec un pansement sous le nez, il évita le centre et fit le détour par le cloître des Capucins pour arriver à la Klammerstrasse, à la hauteur du numéro 9, un atelier de tapisserie à l’enseigne Kubizek und Söhne. Planté au milieu de la petite rue, il siffla impeccablement les premières mesures du Vaisseau fantôme . Une silhouette se profila à la fenêtre du premier étage.
    – Descends, ordonna-t-il en montrant déjà des signes d’impatience.
    – J’arrive, promit la silhouette qui s’effaça, remplacée par une autre, féminine, qu’Adolf salua poliment.
    –  Guten Abend , Frau Kubizek. C’est moi, Adolf. Je viens voir Gustl.
    – Bonsoir, Herr Hitler.

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