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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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vous faire soigner.
    – Et mon diplôme ?
    – Je vais vous en donner une copie… Et n’allez pas vous imaginer que je cède à votre chantage : je connais Frau Hitler, c’est pour elle que je reviens sur ma décision… Tenez, prenez mon mouchoir.
    – Il est propre au moins ?
    – Bien sûr qu’il est propre ! Prenez-le, vous êtes en train d’inonder le parquet.
    Adolf le suivit docilement jusqu’au dispensaire proche de la Realschule , où une infirmière mit son endurance à rude épreuve en lui faisant à la lèvre deux points de suture.
    – Vous les ferez enlever dans une dizaine de jours, mais vous garderez une cicatrice.
    – Ça ne fait rien, dit Adolf en haussant les épaules, bientôt j’aurai de la moustache et on ne verra plus rien.
    Une heure plus tard, il s’installait dans le train de 13 h 15 pour Linz. Enfin commençaient les vacances d’été.
    ***
    Ignorant le tramway, Adolf marcha vivement jusqu’à la Humboldtstrasse, le bras étiré par sa pesante valise. À bout de souffle, il s’octroya dans le couloir une halte reconstituante avant d’affronter les trois étages.
    L’appartement était petit : un vestibule, une cuisine avec une fenêtre donnant sur la cour de l’immeuble, une pièce principale où couchaient Klara, Hannitante et Paula, une chambrette pour Adolf.
    –  Mein Gott ! Adi ! Ta bouche ! s’effraya Klara.
    – Ce n’est rien, maman, je pensais à autre chose et je me suis cogné contre une porte.
    Il se laissa docilement examiner et expliqua en détail les soins prodigués par l’infirmière. Il traversa la cuisine où flottait une odeur de gâteau au chocolat, embrassa Hannitante et la petite Paula, puis il entra dans sa chambre. Il hissa la valise sur la table et l’ouvrit. Le visage de sa mère s’éclaira à la vue du diplôme posé en évidence au-dessus du linge sale et des livres.
    – Je savais que tu l’aurais, dit-elle en l’embrassant sur les deux joues. Quel dommage que ton père ne soit plus là, il aurait été si content !
    Elle eut un geste vers la pièce principale où était suspendue une photographie d’Aloïs en uniforme prise le jour de sa dernière promotion. Adolf baissa la tête pour cacher une moue dubitative. Ses notes étaient juste passables, voire médiocres, surtout en français, une matière parfaitement
inutile s’il en était. Il reprit officiellement possession de sa chambre en épinglant au mur, et dans cet ordre, sa mère, Bismarck, Richard, Arthur et Winnetou.
    ***
    Klara souleva le couvercle de fonte du fait-tout et plongea la louche dans l’épais mélange de bœuf bouilli, morceaux de foie, pommes de terre, légumes divers. Une odeur salivante s’en échappait.
    Leo Raubal la complimenta d’une voix sucrée tandis qu’Angela notait avec irritation que sa belle-mère, en dépit des convenances, servait Adolf le premier.
    – C’est drôlement bon ! confirma celui-ci la bouche pleine.
    Décidément, rien n’égalait la cuisine de sa mère. Pour comprendre, il fallait goûter celle de Frau Cichini, sa logeuse de Steyr, qui baptisait bouillon de poule l’eau chaude dans laquelle ses œufs durs avaient bouilli.
    Malgré sa lèvre recousue toujours douloureuse, il mangea de bon appétit, la tête baissée sur son assiette, dressant des listes entières d’arguments destinés à convaincre sa mère de le laisser partir pour la capitale. L’essentiel était de choisir le bon moment : par exemple, attendre qu’elle fût seule.
    – Adi, Leo vient de te poser une question, dit Klara.
    –  Was ? grogna-t-il en daignant relever la nuque, agacé d’être dérangé en pleins calculs stratégiques.
    – Je demandais à notre brillant lauréat s’il s’était inscrit à l’ Oberrealschule .
    Exactement le genre de question à quoi Adolf ne voulait pas répondre. Son pouls s’accéléra, quelques spasmes discrets contractèrent son ventre. Au lieu de répondre, il engouffra une large bouchée de Tafelspitz et la mâcha consciencieusement, l’œil vague d’une vache broutant dans son champ.
    Sur un ton suggérant qu’il en avait maté de plus coriaces, Leo insista, cherchant à l’acculer. Depuis son mariage avec Angela, il se croyait investi des prérogatives de chef de famille et n’hésitait plus à intervenir quand il le jugeait nécessaire. Frau Hitler avait gâté son rejeton au point de faire naître en lui le sentiment qu’il était quelqu’un de rare, de tout à fait spécial.

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