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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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Aussi, nous, les Autrichiens de langue allemande, nous nous trouvons de plus en plus isolés dans notre propre pays. Mais enfin, Gustl, tu ne les vois pas nous grignoter un peu plus chaque jour ?
    Les mains dans le dos, Adolf arpentait la petite chambre, développant ses idées au fur et à mesure qu’elles lui arrivaient.
    – Euh, non… qui ?
    – Tous ceux qui ne parlent pas allemand, bien sûr, comme ces Bohémiens qui nous tchéquisent. Ah, je vois que tu ne connais pas leur dernière infamie. Il y a en ville un père capucin qui a fondé une association tchèque et qui fait la quête pour l’édification d’une école tchèque. Si ça ce ne sont pas des prémices d’invasion !!!
    Le soir même, il inscrivit sur un morceau de carton « La connaissance est la source féconde du repos et du bonheur » et l’épingla sous le portrait de Schopenhauer. Animé d’un irrésistible élan de créativité, il travailla tard dans la nuit à son projet de transformation révolutionnaire de la gare de Linz. Ayant jugé que l’enchevêtrement ferroviaire de l’actuelle, outre qu’il gênait le développement de l’urbanisme, contribuait à l’engorgement de la circulation, il avait opté pour une nouvelle gare entièrement souterraine.
    Vers les 6 heures du matin, il s’endormit sur un projet de pont à arche unique qui remplacerait avantageusement l’actuel pont en fer. Il avait calculé que son arche unique
aurait une courbe de plus de cinq cents mètres et son sommet se trouverait exactement quatre-vingt-dix mètres au-dessus du Danube. En voilà de la belle œuvre novatrice, en voilà du Wagner architectural. Adolf s’était subitement endormi au moment de chiffrer le coût de l’ouvrage.
    – Tu vois, Gustl, disait-il le lendemain, ce nouveau pont aura des dimensions et une configuration telles que les usagers en le traversant n’auront pas l’impression d’avoir un pont devant eux mais une large et belle avenue.
    – Ça alors !

18
    « Adolf manifesta un intérêt très vif pour ma formation musicale. Le fait que j’en savais plus long que lui sur le sujet l’agaçait d’ailleurs prodigieusement. Au cours de nos fréquentes conversations sur des questions musicales, il assimilait avec une facilité surprenante tous les termes techniques. Il parlait ensuite de tout sans avoir jamais étudié aucune question à fond. Mais plus il parlait, plus il comprenait. J’ai souvent admiré son jugement sur des points délicats, en sachant pertinemment qu’il n’y connaissait rien. »
    August Kubizek, Adolf Hitler,mon ami d’enfance
    Linz.

    Adolf désigna discrètement une jeune fille qui faisait du lèche-vitrine au bras d’une dame en noir.
    – Qu’en penses-tu ?
    Avant que Gustl ait eu le temps de répondre, Adolf ajouta d’un ton menaçant :
    – Je l’aime, c’est sérieux.
    L’élue était grande, blonde, chignon tressé, vêtue avec recherche : tout dans son maintien signalait les meilleures manières.
    – Tu as bon goût, répondit August prudemment.
    Ils s’approchèrent du magasin de chapeaux devant lequel les deux femmes s’étaient arrêtées. August vit alors les yeux bleus de la jeune fille : Frau Hitler avait les mêmes.
    – Tu la connais depuis longtemps ?
    – Depuis ce matin… mais dès que je l’ai vue, j’ai su que c’était elle ! Ç’a été comme… comme… comme un pot de fleur qui me serait tombé sur la tête.
    Il trépigna sur place.
    – Tu ne trouves pas qu’elle est l’interprète idéale de tous les personnages féminins de Wagner ? Imagine-la en Brunhilde, en Senta, en Holda ! Considère ce cou, admire cette taille, contemple ces mollets, apprécie cet élégant chignon, note la délicatesse de ses tresses… Je suis certain qu’elle a une très belle voix ! Ce soir, je laisse provisoirement tomber les plans de la nouvelle bibliothèque municipale et je lui compose un opéra.
    Pour le voir systématiquement remplacer son inexpérience par une volonté sans faille, August se garda de mettre en doute les capacités musicales de son ami. En moins d’un an, il l’avait vu reconstruire, au millième, la quasi-totalité de Linz et une grosse partie de ses faubourgs. Son nouveau théâtre municipal était capable d’accueillir dix mille spectateurs et de recevoir sur sa scène un Fafner de quinze mètres de haut et trois de diamètre crachant de vraies flammes. Plus récemment, Adolf lui avait montré les plans d’un hôtel

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