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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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vais pouvoir me reposer.
    Lorsque la famille Hitler quitta Spital pour rentrer à Linz, la date limite d’inscription à l’ Oberrealschule était dépassée depuis trois semaines.
    ***
    Choyé par sa mère, par Hannitante et par die kleine Paula, le convalescent passa l’hiver douillettement calfeutré dans sa petite chambre à relire l’intégrale de Karl May
(soixante-douze volumes), la correspondance de Richard Wagner (deux volumes), le Journal du même Richard (trois volumes), plus les contes et légendes allemands de Gustav Schwab. Ce faisant, il prit de nombreuses notes : « L’Univers contient tout ce qui existe », ou bien « Les mathématiques sont le langage de la science », et encore « Le droit de savoir est flagrant et inaliénable, sinon pourquoi serait-on ici avec des yeux qui voient et un esprit qui pense ? »
    Lisant le jour, il réservait ses soirées au réaménagement urbain et intégral de Linz, souvent en présence d’August.
    Parfois, sa mère exprimait quelques inquiétudes sur son avenir. Il l’écoutait patiemment, puis lui souriait tendrement :
    – Sois sans crainte, maman, je vais faire comme papa, je vais étudier seul. Après tout, à quoi serviraient les livres sinon à apprendre seul ?
    – Mais tu n’auras pas de diplôme ! Comment veux-tu te faire une situation sans diplôme ? Prends exemple sur ton ami August. S’il ne réussit pas dans la musique, il peut toujours être tapissier.
    – Je te répète de ne pas te faire de souci, maman. Je serai un jour un grand peintre et aussi un grand architecte ; d’ailleurs j’aurai ma statue sur la Franz-Josef Platz, je peux même te montrer où exactement !
    ***
    Lorsqu’il fut autorisé à quitter sa chambre, Adolf adhéra à l’association littéraire et artistique de Linz, s’abonna à diverses revues scientifiques, historiques et médicales, puis acheta plusieurs dictionnaires et se réapprovisionna en cahiers, plumes, fusains et couleurs. Il conclut en renouvelant son abonnement à la bibliothèque municipale avec l’intention de tout lire, en commençant par la lettre A. Toutes
ces dépenses furent assurées par Klara qui ponctionna une fois de plus la réserve Tricotin.
    Il se laissa pousser un début de moustache qui camoufla partiellement la cicatrice de sa lèvre supérieure ; puis il s’acheta une canne d’étudiant en ébène et pommeau d’ivoire qu’il prit l’habitude d’agiter dans l’air quand il monologuait devant August.
    Chaque samedi soir, il allait à l’opéra, et s’il lui arrivait de croiser l’un de ses anciens professeurs ou camarades de classe, il changeait de trottoir et regardait ostensiblement ailleurs.
    Un jour, il était avec August et pensait à autre chose, lorsqu’il croisa Karl Korger qui se retourna et le salua d’un :
    –  Servus , Hitler ! Comment ça va ?
    – Qu’est-ce que ça peut te foutre ! aboya Adolf en accélérant le pas comme poursuivi par une méchante odeur. Je ne veux plus avoir affaire à cette engeance de minable petit fonctionnaire, dit-il à August avec des gestes tranchants.
    August n’avait jamais rencontré quelqu’un d’aussi… disons… original. Le trait le plus significatif chez son ami était un époustouflant esprit de suite : il y avait en lui quelque chose de solide, rigide, immobile, inébranlable, qui se traduisait par un sérieux inquiétant pour son âge, un sérieux jamais pris en défaut et qui semblait être la base fondatrice de son caractère. Il n’y avait qu’un seul sujet sur lequel August ne cédait rien : la musique. Il se savait meilleur et n’ignorait pas combien cela défrisait Adolf.
    Mais de tous les sujets abordés, la politique dépassait de très loin l’entendement d’August.
    – Je n’y comprends rien, excuse-moi, la musique me suffit amplement.
    – Mon pauvre ami, décidément, tu es désespérant ! lui répétait Adolf sans pour autant se décourager. C’est mon père qui, sans le vouloir bien sûr, m’a initié à la politique.
Quand ses camarades des Douanes venaient à la maison, je les entendais argumenter sans fin en buvant leur bière.
    – Chez nous on n’en parle jamais.
    – En plus tu t’en vantes !
    – Mais non, que vas-tu imaginer ?
    – Fais un effort pour une fois, et essaye de me comprendre… L’empire dans lequel nous vivons est pareil à une tour de Babel. Il y a plus de trente-cinq langues et dialectes et c’est tout à fait ingouvernable !

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