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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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son sac un rouleau d’un mètre de gaze couleur or.
    – Si vous avez besoin de moi, je suis à côté, dit Adolf en quittant la chambre au moment où sa mère déboutonnait le haut de sa chemise de nuit.
    Le docteur Bloch décolla doucement le pansement qui recouvrait la plaie béante et s’interdit de grimacer devant la progression du mal ; il eut au contraire un demi-sourire, pour feindre que ce qu’il voyait était rassurant.
    – Soyez courageuse, Frau Hitler, ça va vous picoter quelques instants, prévint-il en appliquant la compresse d’iodoforme sur les chairs à vif.
    Malgré les effets adoucissants de la morphine, Klara se cambra en gémissant, comme ébouillantée. Adolf apparut instantanément, les traits défaits, la mèche de travers, prêt à tuer quelqu’un, ou quelque chose.
    – Ce n’est rien, Adi, ça passe déjà, articula-t-elle avec difficulté, plus blême que jamais.
    ***
    Les premiers signes de rémission apparurent après la troisième application. Bientôt, ce furent de véritables bulletins de victoire qu’Eduard Bloch rédigea dans le mémoire qu’il préparait sur son expérience : il était question de déroute générale, de capitulation en rase campagne et d’irrésistible percée des troupes iodoformisées en territoire métastasé. Klara avait retrouvé l’appétit et le sourire ; elle parlait même de se lever et de préparer un gâteau au chocolat.
    La cicatrisation s’interrompit au dix-septième jour et plusieurs signes alarmants donnèrent à penser au médecin que le mal préparait une contre-attaque. Il augmenta les doses et obtint, pour seul résultat, une aggravation spectaculaire des effets secondaires : la peau de Klara prit une teinte jaune canari, elle se plaignit d’un goût de plomb dans la bouche et d’une soif que rien ne parvenait à étancher. Son état se détériora et, comme elle se plaignait d’avoir continuellement froid, Adolf déménagea le buffet de la cuisine dans le salon, le remplaça par le lit de sa mère (la cuisine était la pièce la mieux chauffée), et il installa à son usage le divan du salon qu’il colla près de la fenêtre.
    ***
    Fin novembre, Eduard Bloch se rendit à Vienne pour un court séjour. Comme à l’accoutumée, il logea chez Jacob Kratzky, également originaire de Prague. Ils avaient fréquenté la même faculté de médecine avant de s’engager ensemble dans l’armée impériale. L’antisémitisme ambiant les ayant découragés d’y faire carrière, Eduard était devenu médecin à Linz, Jacob avait préféré Vienne.
    La veille de son départ, Eduard se hasarda à questionner son ami sur l’usage de l’iodoforme à haute dose, précisant qu’il s’agissait d’une expérience tentée par un collègue linzois. Kratzky ne mâcha pas ses mots.
    – De deux choses l’une : soit ce collègue est un dangereux incompétent, soit c’est un sadique avéré.
    Eduard s’était rembruni, refusant de comprendre.
    – Explique-toi.
    – Voyons, Eduard, avec de pareilles doses on ne peut qu’achever le malade dans d’atroces souffrances ! En plus, cette cochonnerie coûte une fortune ! Es-tu certain qu’il n’est pas simplement malhonnête, ce collègue ?
    Contre toute attente, le docteur Bloch n’interrompit pas son expérience. S’arrêter brutalement aurait exigé des explications qui l’eussent contraint à admettre qu’il s’était grossièrement fourvoyé : un tel aveu, outre son effet désastreux sur la clientèle, aurait rendu délicate la présentation de la facture, qui à ce jour dépassait les cent cinquante Kronen .
    Soucieux toutefois de diminuer les effets secondaires négatifs, le médecin délaya à quatre-vingt-dix pour cent son mélange, retardant l’issue fatale d’une vingtaine de jours, l’adoucissant discrètement avec de la morphine (Quand tout est fini, pourquoi souffrir ?). Afin de ne pas être démasqué, Eduard Bloch fut contraint de facturer encore ses compresses, réalisant ainsi un involontaire mais substantiel bénéfice.

22
    « Le cancer du sein de Klara Hitler correspond en tout point à un facteur psychogénique tel qu’il a pu être avancé par les chercheurs. Selon une étude récente, le cancer du sein serait dû à une grave expérience de séparation dans la petite enfance et une expérience semblable dans une période de six mois à cinq ans avant les premières manifestations de la malignité. […] Ceci dit, si son cancer du sein a un sens,

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