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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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mis un paravent, venez, je vous montre.
    ***
    Cher Gustl,
    Ça y est, je suis inscrit ! Nous sommes cent douze ! La première épreuve commence demain. Je bous d’impatience. Ça ne m’empêchera pas de voir ce soir Les Maîtres chanteurs au Burgoper.
    Amitiés à tes parents.
    Ton ami, Adolf.
    P.-S. : Linz me manque BEAUCOUP. Je veux que tu me donnes des nouvelles de ma chère ville bien-aimée. Voici mon adresse : chez Frau Zakreys, Stumpergasse 31, Vienne.
    Adolf lécha le timbre à l’effigie de l’Empereur et le colla sur la carte postale représentant le palais Hansen, siège de l’École générale de peinture. Il écrivit ensuite une lettre de six pages à Stefanie qu’il déchira après l’avoir relue.
    Contrairement à ce qu’il avait écrit sur la carte postale, Adolf se coucha tôt et dormit comme un loir. Au matin, il se vêtit de son meilleur costume, cira ses chaussures, déjeuna d’une portion de pudding au maïs et à la margarine, puis, carton à dessins sous le bras, canne d’ébène dans la main droite, il marcha d’un pas confiant jusqu’à la Schillersplatz où attendaient déjà une trentaine de candidats. Pour cette première épreuve, ils devaient déposer le meilleur de leurs travaux et attendre le lendemain pour savoir s’ils étaient autorisés à poursuivre l’examen d’admission. Sur les quarante-huit aquarelles et huiles emportées, Adolf en avait sélectionné trente, réalisées durant ces quatre dernières années : il y avait des paysages de Leonding, des vues de Linz, le Pöstlingberg en été comme en hiver,…
    Ses travaux déposés, il n’eut plus qu’à attendre les résultats prévus pour le lendemain matin, 10 heures. L’âme en paix, il passa le reste de la journée à déambuler dans le Prater, faisant des croquis de la grande roue, mais aussi des stands de tir, des athlètes tatoués soulevant des poids, des dresseurs de puces, des nains déguisés en Turcs, des avaleurs de sabre émoussé, des jongleurs jonglant avec des hérissons vivants, et puis, dans une tente bleue rapiécée, un veau à deux têtes aux regards tristes.
    Adolf rentra chez lui en début de soirée et se coucha à 23 heures, après avoir lu un livre sur l’histoire de l’art (Le dessin est un acte intellectuel, la couleur n’est qu’un accident soumis à la variation de la lumière).
    Le lendemain, à 10 heures, les résultats étaient placardés sur le grand panneau d’affichage dans le hall. Sur cent douze participants, trente-trois étaient éliminés. Sans surprise,
Adolf était admis à l’épreuve suivante, qui se déroulerait le 1 er  et le 2 octobre.
    ***
    Le 1 er  octobre, à 8 heures sonnantes, les portes du palais Hansen s’ouvrirent. Les soixante-dix-neuf candidats qui combattaient le froid humide en piétinant devant l’édifice s’engouffrèrent à l’intérieur dans un brouhaha de voix surexcitées. Après un long appel nominal, on leur rappela que l’épreuve de dessin se déroulerait le matin de 8 heures à 11 heures, et l’après-midi de 14 heures à 17 heures. Les candidats devaient choisir deux sujets dans une liste donnée.
    Adolf ricana en découvrant les cinquante thèmes proposés : Adam et Ève chassés du paradis terrestre, Scène du Déluge, Le retour du fils prodigue, Caïn tuant Abel, Samson prisonnier, Adam et Ève découvrant le corps d’Abel, Les Rois mages, Le bon Samaritain, etc. On pouvait difficilement faire plus classique.
    Sans hésiter, il choisit Adam et Ève chassés du paradis et Scène du Déluge.
    Après avoir opté pour une vue aérienne du paradis, il dessina la muraille qui l’entourait et plaça au premier plan la porte d’entrée monumentale par laquelle le couple maudit allait passer. Très vite et à son insu, l’archange Gabriel ressembla à s’y méprendre à Richard Wagner, le béret en moins ; Dieu en colère n’était autre que Bismarck inventant le Premier Reich à Versailles ; Adam lui ressemblait, mèche comprise mais moustaches exceptées, et Ève, bien sûr, était le touchant portrait de Stefanie ; quant au serpent à l’arrière-plan, c’était Leo Raubal tout craché.
    Pour la Scène du Déluge, il eut la fumeuse idée de partager son sujet en deux : une moitié montrait un ciel orageux traversé par des éclairs et où volaient encore quelques oiseaux condamnés à battre des ailes jusqu’à l’épuisement,
faute d’un endroit où se poser ; l’autre moitié montrait une mer

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