Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
Vom Netzwerk:
clou.
    – C’est Angela qui m’a prévenu. J’ai pris le train de nuit et je suis arrivé ce matin.
    Soudain, il s’anima.
    – Incurable, je te demande un peu ce que cela signifie ! Ce n’est pas la maladie qui est incurable, mais les médecins
qui sont au bout de leur science. Alors ils déclarent ma mère incurable. Elle n’a que quarante-sept ans ! Ce n’est pas un âge pour mourir !
    – Ton médecin peut se tromper, dit Herr Kubizek. Tu devrais peut-être en consulter un autre ?
    – J’y ai pensé, mein Herr , mais il faudrait aller à Vienne et ma mère n’est plus transportable. D’après le docteur Bloch il n’existe qu’un seul traitement capable de retarder l’évolution du mal… Il le commence demain.
    Herr Kubizek accepta de bon gré qu’August quitte l’atelier afin de raccompagner Adolf à Urfahr.
    Les deux amis s’engageaient sur le pont métallique quand August songea à le questionner sur les résultats du concours. Les yeux vagues, Adolf ne parut pas l’entendre. Respectant sa douleur, August n’insista pas.
    ***
    Né trente-cinq ans plus tôt dans une famille juive de Frauenburg, dans le sud de la Bohême, Eduard Bloch avait fait ses études de médecine à Prague. Engagé comme médecin militaire, il s’était retrouvé en garnison à Linz. Ne s’accoutumant pas au milieu militaire trop antisémite à son goût, il avait quitté l’armée pour ouvrir un cabinet au 12 Landstrasse. Ensuite, Eduard Bloch s’était marié avec Emilie Kafka (oui, une lointaine cousine de Franz), qui lui avait donnée une fille, Trude. Depuis, Eduard Bloch avait acquis la réputation d’être un bon médecin, généreux envers ses patients démunis.
    Le médecin ôta son chapeau à large bord qui le faisait reconnaître de loin et il se débarrassa de sa pèlerine en les proposant à Hannitante.
    –  Kommen Sie bitte herein , l’invita Adolf d’une voix morne.
    – Comment a été la nuit ?
    – Mauvaise, docteur ! Elle n’a pas pu dormir, elle se plaint d’une forte brûlure là, dit-il en posant la main sur son sein gauche. Pourvu que votre traitement puisse au moins la calmer !
    – J’espère qu’il fera mieux.
    Eduard Bloch était de ces médecins pour qui la mort d’un(e) patient(e) était un affront personnel méritant vengeance. Les échecs se succédant, son stock de vengeances était devenu tel qu’au nom de l’avancement de la Science, il n’hésitait plus à tenter des expériences sur des patients diagnostiqués incurables. Frau Hitler était de ceux-là.
    La veille, il avait discuté avec Adolf des modalités du traitement qu’il voulait expérimenter sur Klara.
    – Je préconise un traitement à l’iodoforme, mais je vous mets en garde, c’est un traitement onéreux.
    En poudre jaune d’or, l’iodoforme était utilisé comme cicatrisant et anesthésique sur les plaies vives et les adénites fistuleuses ; dissous dans de l’éther et injecté, l’iodoforme était utilisé contre les abcès ganglionnaires, et, sous forme de crayon, on l’employait pour les maladies de l’utérus et du rectum.
    – Je ne vous cache pas que, vu l’état alarmant de votre mère, il n’est pas question de finasser sur les quantités, il nous faut attaquer le plus brutalement possible, de front et à doses massives !
    – Bien sûr, docteur, quel est votre plan ?
    – Je commence par appliquer une double dose pendant quatre jours, avec de la morphine, puis une dose quotidienne et sans morphine.
    Adolf apprit ainsi que la gaze iodoforme était disponible en trois tailles différemment dosées : petite, moyenne, grande. La grande mesurait un mètre et contenait cinq grammes d’iodoforme : c’était la plus forte, c’était aussi la plus économique, à raison de sept Kronen (l’injection de morphine non comprise).
    – Allez-y, docteur, et surtout ne lésinez en rien. Ma mère mérite ce qu’il y a de mieux.
    ***
    Le docteur Bloch suivit Adolf dans la chambre qui venait d’être parfumée au muguet. L’apparence de sa patiente l’alarma.
    Il ouvrit son sac de cuir et remplit une seringue hypodermique de morphine helvétique, disant d’une voix concernée :
    – Il paraît que nous avons mal dormi ?
    La brûlure mystérieusement assourdie, Klara se redressa sur un coude et eut un faible sourire qui parut l’épuiser.
    – Elle a eu faim toute la nuit, docteur.
    Elle, c’était la bête qui rongeait sa poitrine.
    Le docteur Bloch sortit de

Weitere Kostenlose Bücher