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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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pages de l’ Alldeutsches en guise de nappe, Adolf posa deux assiettes de charcuterie et deux bouteilles de lait en guise de dîner.
    – Attends, tu vas voir, j’ai mieux.
    August ouvrit sa malle et y prit un panier en osier qui contenait un rôti de porc bien cuit et moelleux (sa mère avait placé le rôti sur un lit d’oignons baignant dans un peu d’eau), un fromage caprin de Nordfendre, un gâteau au chocolat et un gros pot de confiture de cerises.
    – À part le fromage, c’est ma mère qui a tout fait.
    Adolf lui coula un regard triste.
    – Évidemment, quand on a encore une mère.
    Un peu plus tard Adolf se leva et dit en se frottant les mains :
    – Et maintenant, Gustl, en route, Vienne t’attend.
    – Euh, maintenant ?
    – Oui, maintenant ! Tu ne peux pas te coucher sans avoir vu l’Hofoper !
    Ils marchaient côte à côte sur le trottoir bien éclairé de la Mariahilferstrasse, et comme à Linz, Adolf parlait, August écoutait. Mais ce soir-là, August trouva le courage de demander à son ami pourquoi il l’appelait Gustl alors qu’il se prénommait August, Gustl étant le diminutif de Gustav.
    Adolf sourit, hocha la tête, redressa sa mèche, la routine.
    – Je me demandais si un jour tu te déciderais ! C’est parce que j’ai eu un petit frère qui s’appelait Gustav.
    August baissa la tête pour cacher son contentement. Ah oui, vraiment, jamais il n’avait connu un aussi bon ami !
    Après la Hofoper, Adolf l’entraîna admirer la très gothique Stephanskirche.
    – Dommage qu’il y ait autant de brouillard, sinon tu aurais vu la tour, elle mesure cent trente-six mètres soixante-dix… et elle est là depuis le xv e  siècle, tu imagines la qualité des architectes de cette époque !
    – S’il te plaît, Adolf, je dors debout, et en plus il fait froid.
    Ils rentrèrent en silence. La porte cochère du 31 était fermée.
    – On peut pas rentrer alors ?
    – Mais non, Dummkopf , il faut juste donner dix Heller à ce fainéant de concierge pour qu’il nous ouvre.
    – Elle ferme à quelle heure, la porte ?
    – À 22 heures pile !
    Adolf tira la clochette. Une longue minute plus tard, le porche s’ouvrit et le concierge apparut, paume tendue, tel un mendiant à l’entrée d’un pont. Il était grand et maigre, il était vieux et chroniquement de mauvaise humeur.
    Il reçut les deux pièces de cuivre et se recula pour les laisser passer, refermant aussitôt la porte sur les talons d’August.
    La grande pièce du numéro 7 était chichement éclairée par une lampe à pétrole à la mèche fumante. August vit une petite femme aux cheveux gris se lever à leur entrée et sourire en le découvrant. Les deux jeunes gens ôtèrent leur couvre-chef et Adolf au garde-à-vous dit d’une voix claire :
    – Permettez-moi, Frau Zakreys, de vous présenter mon ami Gustl Kubizek, il est étudiant en musique à Linz et il vient ici pour s’inscrire au Conservatoire.
    – Je suis ravie, ravie… Moi je m’appelle Frau Zakreys, dit-elle, tendant une main ratatinée par les ans. Vous allez être bien à l’étroit tous les deux dans le Kabinett .
    – Dès demain, nous irons chercher une chambre pour mon ami, Frau Zakreys.

23
    « L’ambition se limite à ce qu’on comprend. Plus on comprend, plus elle s’élève. Plus on comprend et plus on se croit capable de… »
    Jules César traversant le Rubicon
    Avril 1908.
    Stumpergasse 31.
    Vienne.

    Adolf ouvrit les yeux. Il était seul dans la grande pièce. Sa montre-bracelet marquait 10 heures : August était parti au Conservatoire depuis belle lurette et Frau Zakreys cousait dans le Kabinett (il entendait le cliquetis de ses ciseaux). Il s’étira en regardant le plafond gris : ah oui, décidément, sans les Cimex lectularius qui l’avaient dévoré vif durant la nuit, il se serait volontiers rendormi jusqu’à midi.
    La grande pièce était partagée en deux par le piano à queue de Gustl ; côté gauche, le lit d’August, côté droit, celui d’Adolf.
    Les efforts des premiers jours pour trouver une chambrette à Gustl ayant échoué, Adolf avait mis en œuvre tout son talent de persuasion pour convaincre Frau Zakreys d’échanger leurs places contre vingt Kronen mensuelles au
lieu de dix. La logeuse avait déménagé dans la chambrette tandis que les deux amis s’étaient installés dans la pièce principale. Le même jour, August s’inscrivait à l’examen du Conservatoire et, aussitôt

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