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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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et monta l’escalier quatre à quatre. Sur le palier, il entendit le piano qui jouait du Mozart : August l’avait devancé.
    – Tu n’as donc pas cours ? s’étonna ce dernier, interrompant ses exercices.
    – Occupe-toi de tes gammes et fiche-moi la paix !
    August se le tint pour dit et reprit ses exercices. Ce n’était pas la première fois qu’Adolf était de mauvais poil, et ce ne serait pas la dernière. Lui, en revanche, était d’excellente humeur. Ses progrès étaient constants et, ce matin, son professeur d’harmonie lui avait offert de donner des leçons particulières à raison de trois Kronen par leçon.
    Il vit son ami enlever son veston mouillé et le mettre à sécher sur le dossier de la chaise. Comment s’y prenait-il pour concilier ses cours aux Beaux-Arts et ses horaires plus que fantaisistes ? Parfois il dessinait la nuit et dormait jusqu’à l’heure du Mittagessen , parfois il lisait la journée entière, écrivait toute la nuit et ne faisait plus rien de la semaine, et parfois il allait matin et soir à la Chambre des députés.
    August vit son ami s’asseoir sur son lit et ouvrir un livre cochon : c’est du moins ce qu’il présuma en déchiffrant le titre sur la couverture : Trois essais sur la théorie de la sexualité .
    – C’est bien ? demanda August en le regrettant aussitôt.
    Adolf haussa les épaules.
    Le contact des muqueuses buccales – sous le nom ordinaire de baiser – a acquis dans de nombreux peuples civilisés une haute valeur sexuelle, bien que les parties du corps intéressées n’appartiennent pas à l’appareil génital, mais forment l’entrée du tube digestif…
    Malgré l’intérêt évident de cette première partie, Adolf connaissait des difficultés à se concentrer : il oubliait les mots au fur et à mesure qu’il les lisait, incriminant August et son piano.
    L’usage de la bouche comme organe sexuel est considéré comme perversion lorsque les lèvres (ou la langue) entrent en contact avec les parties génitales du partenaire, mais non lorsque les muqueuses buccales des deux êtres se touchent.
    Himmel ! La vision de la sexualité de ce professeur était totalement inattendue. D’où tenait-il ses informations ? Adolf était à la fois incrédule, outré, fasciné.
    Lorsqu’on a horreur de telles pratiques en usage depuis les origines de l’humanité et qu’on les considère comme des perversions, on cède à un sentiment de dégoût qui éloigne de pareils buts sexuels. Mais les limites assignées à ce sentiment de dégoût sont souvent conventionnelles. Celui qui baise avec ardeur les lèvres d’une jolie fille ne se servira qu’avec déplaisir de sa brosse à dents à elle, bien qu’il n’y ait pas lieu de croire que sa propre bouche, qui ne le dégoûte point, soit plus appétissante que celle de la jeune fille.
    Brosse à dents ? Il avait de plus en plus de mal à suivre.
    – Comment veux-tu que j’étudie avec un boucan pareil !
    – Mais moi aussi je travaille ! protesta mollement August. Mon professeur m’a demandé de préparer ce morceau pour demain, je dois jouer.
    Adolf se dressa d’une détente et explosa :
    – Ton professeur ! Tu sais ce que je lui dis, à ton professeur !… Ce ne sont que de stupides fonctionnaires sans
aucune imagination… ce sont des parasites, des inutiles comme… inutiles comme les punaises.
    August ouvrit des yeux ronds.
    – Qu’est-ce qui te prend, comment veux-tu progresser sans professeur ? Toi-même, comment ferais-tu sans tes professeurs des Beaux-Arts ?
    – Je n’ai jamais eu besoin de ces incapables, JAMAIS, tu m’entends ? Tous mes progrès, je les dois à mon seul travail ! Eux, tout ce qu’ils ont su faire, c’est me recaler à leur concours.
    La révélation cloua August sur son tabouret. Les horaires fantaisistes, l’éclectisme des études, ses rebuffades systématiques dès qu’il le questionnait sur ses progrès… et puis cette froideur inhabituelle le jour où il avait été reçu haut la main au Conservatoire (J’ignorais avoir un ami aussi intelligent !)… Tout s’expliquait.
    – Ta mère l’a su ?
    – Bien sûr que non, je n’allais pas la tracasser alors qu’elle était mourante.
    Subitement calmé, Adolf redressa sa mèche et se rassit sur le lit, l’air digne.
    Rien ne pouvait lui arriver de pire, songea August sans oser reprendre ses exercices. Encore ce matin, le directeur du Conservatoire l’avait

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