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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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« Les transformations de la puberté ». Sachant par avance qu’il ne trouverait pas ce genre de littérature dans la bibliothèque du cercle de lecture de Saint-Vincent où il était abonné, il l’avait acheté avec l’intention d’en apprendre des vertes et des pas mûres sur la sexualité en général, et en particulier sur le phimosis qui lui gâchait l’existence à chaque érection.
    Deux ans plus tôt, à Linz, il avait identifié pour la première fois son infirmité grâce à un livre traduit du français : Le Cabinet secret de l’Histoire du docteur Cabanès.
    Victime d’un phimosis, Louis XVI attendit trois ans avant de se faire opérer et pouvoir consommer son mariage avec Marie-Antoinette. La chronique de la Cour rapportait que le roi s’était opéré lui-même. Louis XVI, dans sa double souffrance, prit enfin des ciseaux et fut libre de toute sa personne.
    Plus tard, à la lettre P du Dictionnaire médical pour tous , il avait trouvé l’étymologie : « Phimosis », du grec phimoô , je serre. Étroitesse congénitale de l’ouverture du prépuce.
    Pragmatique, il avait noté la liste des inconvénients :
    1) Le phimosis empêche de tenir en état de propreté suffisante la couronne du gland, ce qui a pour conséquence une production de balanite et des abcès sous-préputiaux.
    2) Il rend cette surface facilement ulcérable, d’où une prédisposition à la syphilis et au chancre mou.
    3) Il gêne l’émission de l’urine, qui souvent s’écoule goutte à goutte lorsque le phimosis est très étroit et long (c’est-à-dire dépassant le gland).
    4) Il interdit les relations sexuelles.
    Le Dictionnaire médical pour tous n’offrait qu’un seul remède : le débridement par intervention chirurgicale. Une intervention qui ressemblait à s’y méprendre à une circoncision ! Depuis, il repoussait sa décision et attendait des jours meilleurs, des circonstances plus favorables, etc.
    ***
    Le front plissé par un effort de compréhension, Adolf commença sa lecture.
    Pour expliquer les besoins sexuels de l’homme et de l’animal, on se sert, en biologie, de l’hypothèse qu’il existe une pulsion sexuelle ; de même que, pour expliquer la faim, on suppose la pulsion de nutrition. Toutefois, le langage populaire ne connaît pas de terme qui, pour le besoin sexuel, corresponde au mot faim ; le langage scientifique se sert du terme libido .
    Jusqu’ici tout allait bien. Il comprenait tout et il avait même appris un mot nouveau.
    … et l’on est fort étonné d’apprendre qu’il y a des hommes pour qui l’objet sexuel n’est pas la femme, mais l’homme, et que de même il y a des femmes pour
qui la femme représente l’objet sexuel. On appelle les individus de cette espèce homosexuels ou, mieux, invertis, et le phénomène : inversion. Les invertis sont certainement fort nombreux, encore qu’il soit souvent difficile de les identifier.
    Allons bon ! Il redressa sa mèche. Ses connaissances sur le sujet relevaient du service minimum. Il savait bien sûr que de tels déviants existaient, mais il ignorait leurs us et coutumes. Le seul inverti connu à ce jour était Herr Ludwig ; à la stupéfaction générale, un mois avant son départ de la Realschule , il s’était publiquement accusé d’être l’amant de Pepi Strigl, le fils de son logeur. Dès lors, par peur d’une éventuelle contagion (Ça s’attrape ?) Adolf n’avait plus osé l’approcher, même de loin.
    Au-dessus de lui, les nuages percèrent et des gouttes de pluie tombèrent sur son chapeau et sur les pages de son livre. Il courut se mettre à l’abri sous les arcades de la Gloriette et attendit la fin de l’averse en reprenant son étrange lecture.
    … chez les Grecs, où les plus virils individus se trouvaient invertis, il est évident que ce n’était pas ce qu’il y avait de viril chez le jeune garçon qui excitait leur désir, mais bien les qualités féminines de leur corps, ainsi que celles de leur esprit, timidité, réserve, désir d’apprendre et besoin de protection.
    Le ciel restant incertain, Adolf décida de rentrer au pas de course, essayant de passer entre les gouttes.
    Il entra dans le petit restaurant Frieda d’Hambourg et déjeuna d’une double portion de quenelles pour le prix d’une : son air réservé et ses bonnes manières avaient séduit la patronne qui, depuis, lui faisait des prix.
    Au 31 de la Stumpergasse il franchit le porche en ignorant le concierge

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